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Donner : cet acte devenu une ambiguïté sociale / Sous la direction de Bernard Troude / Vol.22 N.2 2024

Le triptyque de la motivation et l’usage du vocable Donner dans les hawz de Tlemcen : en Algérie, le cas de Ain El Hûts

DOI: 10.17613/qb3x9-dtr23

Mustapha Guenaou

magma@analisiqualitativa.com

Enseignant-chercheur, chercheur associé CRASC-Oran, chargé du volet scientifique AMEDDIAS (Luxembourg), axes : SASHEC-IA.

 

Abstract

Le mot / le vocable / le concept / la notion sont les attributs d’ordre socio sociétal, linguistique et anthropologique que connait une appellation ou un terme utilisé dans un parler, localement désignée par El Hadra El Hawzia El Hûtsia. Dans ce cadre, accorder un sens sans sortir du champ sémantique renvoie à un territoire, un espace, une aire socio culturelle qui est le hawz dans la région de Tlemcen. L’enquête de terrain est portée sur Ain El Hûts, une localité dans le hawz de Tlemcen, un creuset du savoir socioculturel et de la civilisation arabo-andalouse. Nous avons rappelé que la localité en sa qualité de centre de la transmission des connaissances a des marqueurs d’une pratique langagière à laquelle sont associés les aspects linguistiques, sociologiques, anthropologiques, etc. Dans cette contribution, a été pris en considération un terme générique à Tlemcen et dans son hawz : le verbe « Donner » auquel, nous insistons à faire valoir ses acceptions et ses dimensions. Donner ne peut être donner que s’il est suivi par accepter. Plusieurs exemples restent à évoquer pour faire valoir ses portées d’ordre socio sociétal et d’ordre psycho anthropologique. Dans les traditions et les us et coutumes d’Ain El Hûts, seront relevées quelques pratiques, étroitement liées au concept maussien, sur lequel nous insistons sur la présentation et l’explication du triptyque de la motivation et du triptyque des obligations du don.

 

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Whisk ferns - Fukami, Gyokuseidō, and Kanga Ishikawa. Seisen Matsuranfu : shokoku bonsai shashin. Mikawa: Gyokuseidō zōhan, 1837.

Don et Donner, origine territoriale et origine sociolinguistique

Exclus sont les sens dont la connotation est du champ sémantique des interdits, que nous classons en trois catégories : interdits socio cultuels ; interdits socio culturels ; interdits socio sociétaux.

Débutant nos recherches à cet effet, nous portons notre intention sur l’usage du verbe « Donner » dans une aire socioculturelle (Cuche, 1998), connue pour sa particularité d’origine territoriale d’une part et d’origine sociolinguistique d’autre part. Dans cette étude, le vocabulaire regroupe le mot / le vocable / le concept / la notion auxquels sont attribués les aspects d’ordre socio sociétal, linguistique et anthropologique (Guenaou,2022). Pour rester dans le texte, le contexte et le prétexte d’aborder le sujet lié à « Donner », nous maintenons une désignation, une appellation ou une terminologie socio-anthropologique dans notre contribution afin d’insister sur l’usage d’El Hadra El Hawzia El Hûtsia (Guenaou,2024)[1].

Bien que similaires, ces deux catégories des pratiques langagières du Tlemcenois sont différentes des autres pratiques langagières dans le pays de Beni Snous, de Nedroma et de Ghazaouet (ex. Nemours) et des autres localités de la campagne tlemcenoise. Plusieurs études[2] ont été faites pour distinguer les différentes pratiques langagières de la wilaya de Tlemcen (Guenaou,2022). Le corpus que nous utilisons renvoie à un parler ou une pratique langagière, localement désignée et liée à l’aire socio culturelle que nous ciblons pour faire valoir une approche plus socio anthropologique que socio linguistique (Guenaou,2022) : prononciation féminine avec particularité dans les chants (Guenaou, 2022). Le principal objectif est de pouvoir chercher, à accorder un sens au vocable « Donner » à travers tous les aspects d’usage sans pouvoir sortir du cadre social de la mémoire locale.

Il s’agit du champ sémantique qui rappelle : un territoire, situé au-delà des anciens remparts de la ville de Tlemcen : l’extra muros (Guenaou, 2016) ; un espace, représenté par la diversité des origines ethniques de la population locale (Guenaou, 2022) ; une aire socio culturelle, appelé le hawz par rapport à la ville de Tlemcen (urbain, citadinité de la population locale) creuset du savoir et la culture arabo musulmane et andalouse pour rappeler l’ancienne capitale du Maghreb central (Guenaou,2022).

Nous insistons sur la délimitation de notre terrain d’enquête (Beaud, 2003) : l’intention scientifique est portée principalement sur Ain El Hûts, une localité connue pour ses allonymes[3] et sa position territoriale[4] par rapport à Tlemcen : il s’agit d’El Hawz. Par sa zawiya historique et ses écoles coraniques auxquelles sont associés plusieurs ordres confrériques[5]. Nous rappelons cette localité, en sa qualité d’espace verdoyant par ses nombreux vergers et la diversité de ses fruits et légumes, recherchés et ses marqueurs de centre de la transmission des connaissances, enrichies par une diversité linguistique, exprimée par de nombreux emprunts d’ordre linguistique et lexical (Guenaou,2023). Nous avons relevé un enrichissement lexical (Guenaou,2023) qui nous pousse à faire valoir les marqueurs des pratiques langagières locales qui revêtent les aspects d’ordre linguistique, sociologique, anthropologique, etc. (Guenaou, 2019). De cette richesse lexicale, notre terrain de prédilection s’oriente et se précise avec l’étude du vocable « Donner ». Cette question nous renvoie à la visite des mausolées et lieux de sépulture de saints (Guenaou, 2013) locaux (Guenaou, 2019). Voire les lieux de jeux populaires (Guenaou, 2017), de divertissement (Guenaou, 2016) et d’échange (Guenaou, 2018) et de communication (Guenaou, 2017). Nous insistons sur la différence entre lieux et espaces pour cette contribution (Guenaou,2013).

Par ce travail de terrain (Combessie, 1998), des enquêtes et des investigations scientifiques, dans le cadre de cette contribution, nous avons pris en considération, un terme que nous jugeons générique par rapport à Tlemcen (ville de la citadinité) et le hawz (territoire de semi ruralité). Par ailleurs, nous avons relevé quelques marqueurs d’ordre pratique pour le verbe « Donner ». Pour cela, nous insistons sur ses acceptions et ses dimensions socio anthropologiques chez la population locale d’Ain El Hûts. Par ailleurs, « Donner » ne peut être « donner » que s’il est suivi par « accepter ». Plusieurs exemples restent à évoquer pour faire valoir ses portées d’ordre socio sociétal (Cusset, 2007) et d’ordre psycho anthropologique. Cette question nous interpelle pour aborder le sujet du don, du cadeau, du présent. D’ailleurs, l’interpellation nous conduits aux travaux de Marcel Mauss (1872-1950), ancien étudiant de Émile Durkheim (1858-1917). Dans les traditions et les us et coutumes d’Ain El Hûts, quelques pratiques relevées sont étroitement liées au concept maussien don / contre don. Pour ce concept, nous insistons sur la présentation et l’explication du triptyque de la motivation (acronyme I.V.A.D.) (Guenaou 2019) et du triptyque des obligations du don (acronyme T.O.D)[6].

Triptyque de la motivation de Donner

Sur la base de cette introduction, nous avons formulé la problématique suivante : Quels sont les marqueurs du vocable Donner à Ain El Hûts, dans les hawz de Tlemcen ? Le triptyque de la motivation que nous associons à l’action « Donner » a longuement été débattu. Le raisonnement socio anthropologique nous invite à faire valoir les principes et les fondements pour réussir l’action de « Donner ». Pour cela, nous insistons sur : L’intention de donner / La volonté de donner / L’action de donner. Cette question nous renvoie à la théorie des rites de passage de Arnold Van Gennep (1873-1957) (Van Gennep, 1981).

L’Intention de donner (Guenaou, 2019)

Dans la culture arabo-musulmane de la population locale, la « niya » se définit et se traduit par l’intention. Cette intention peut être associée à l’idée de penser à réaliser une action, étroitement liée à « Donner » et, ceci, dans une perspective réalisable à savoir « Accepter » ce qui arrive de « Donner ». Sans l’intention, la volonté de donner ne pourra, en aucun cas, être réalisable.

La Volonté de donner (Guenaou, 2019)

La notion de la volonté de donner est l’étape suivante dans un processus, basé sur le principe des rites de passage d’Arnold Van Gennep. Une fois l’étape de l’intention effectivement réalisée, la volonté de Donner trouve sa place. D’ailleurs, elle devient une étape intermédiaire entre l’intention de Donner et l’Action de « Donner ». Remarquons que sans l’intention ni la volonté, l’action de « Donner » n’est point envisageable.

L’Action de donner (Guenaou, 2019)

Après les deux étapes précédentes, l’Action de « Donner » retrouve sa place, son rôle et son effectivité dans le processus de « Donner », avec ou sans « Accepter ». « Accepter » dans un raisonnement socio anthropologique est une finalité du principe de « Donner ». Sur la base de l’Intention, de la Volonté et de l’Action de « Donner », nous pouvons insister sur l’usage du concept que nous désignons par le Triptyque de la motivation de Donner et par son acronyme I.V.A.D.

Triptyque des obligations du don (acronyme T.O.D)[7]

Sur la base l’existence du processus et des étapes successives, ayant pour principes la théorie des rites de passage, la motivation imposée nous rappelle l’Intention, la Volonté et l’Action d’effectuer un don quelle que soit sa forme et sa finalité. Ces deux éléments nous les évoquerons plus loin dans le cadre de cette contribution au faire valoir la notion de « Donner » et de « Don » (Mauss, 2012). Nous insistons, en effet, sur le premier volet : Donner / Don, avec réciprocité ; Donner / Don, sans réciprocité ; Donner / Don, avec ruse / malice[8].

Puis, un second volet, où nous allons définir, par leurs marqueurs respectifs, le pouvoir de parler sur : Donner matériel ; Donner immatériel ; Donner spirituel[9].

Les triptyques de la motivation de « Donner » et celui des obligations du et de « Donner » nous conduisent à aborder le sujet du domaine de définition de « Donner ».

Domaine de définition : donner

Sur la base de nos différentes investigations d’ordre scientifique, datant de plusieurs décennies, plusieurs marqueurs ont été relevés dont ceux d’ordre socio anthropologique et d’ordre linguistique du verbe « Donner ». Dans ce cadre, nous insistons sur la question portée sur ce que peut revêtir « Donner », un verbe en présentant les aspects différents, soit : un concept ; un mot ; un vocable ; une notion.

Sur la base de ce quadruple aspect d’ordre scientifique et culturel, une distinction se précise en nos recherches entre l’exclu et l’inclus nous rappelant la socio anthropologie du versus où les opposés se mettent en parfaite compétition dans le cadre scientifique. Pour cette raison, nous pouvons parler de : Donner exclu socio culturel et cultuel ou Donner inclus socio culturel et patrimonial. Pour la première catégorie, il est important de signaler le vocabulaire exclu de cette contribution afin de pouvoir nous intéresser uniquement à l’étude des sens qui entrent dans le corpus que nous avons constitué. Quant à simplifier la présentation de cette catégorie, il est important de la représenter par un triangle illustratif de l’exclusion du mot « Donner » qui se présente comme suit.

 

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Par le champ sémantique, faire valoir l’ensemble des sens d’un même mot est une nécessité. À suivre un exemple. Par le vocabulaire, lié au champ sémantique de la sexualité, nous entendons tous les mots du champ sémantique de la sexualité, bien qu’ils fassent partie des corpus, se trouvant dans les grands dictionnaires de la langue arabe, communément appelés « Ümahats El Kûtsûb » en langue arabe : Lissan El Arab et Tadj El ‘Arûç. Ce vocabulaire se distingue des autres par sa connotation sexuelle. Il présente les aspects des interdits socio sociétaux, vis-à-vis de la population locale, faisant partie des sociétés conservatrices. Certains mots sont difficilement prononçables, bien qu’ils existent dans le Coran, Livre Sacré de l’Islam (Gaid, 1991). Les exemples sont nombreux et à titre illustratif, nous rappelons le vocable : Belala[10], désignant le sexe masculin, bien qu’il soit un mot d’origine arabe. Il signifie mouilloir et éponge scolaire[11].

Donc, par le vocabulaire de l’interdit socio sociétal et culturel, nous voulons cibler tous les mots que la population locale leur attribue un sens péjoratif et réduit de son sens légitime. Par exemple, certains mots usuels sont bannis des pratiques langagières pour ne pas parler de mots, tombés en désuétude par rapport à la société hawzie d’Ain El Hûts. À titre illustratif, nous évoquons le mot : Bezûla, désignant le sein de la femme et la mamelle et le pis des femelles (animaux) À cette catégorie d’interdits, nous associons, aussi, les gestes mal sains. Pour illustrer ce cas de figure, nous évoquons l’expression populaire : « ya’tih sba’e » ( le doigt d’honneur) ; « Ya’tih hada » (en faisant un sba’e ou un dra’e, un doigt / bras levé » (le bras / le doigt d’honneur).

Par le vocabulaire de l’interdit socioculturel, nous insinuons tous les mots qui touchent, principalement, le sacré, alors représenté par l’usage de « Allah » (Le Tout Puissant), le Prophète Mûhammed (Q.S.S.S.L.) et le Coran (Livre Sacré de l’Islam). Ce vocabulaire est assimilé à un blasphème dans la mentalité de la population étudiée, comme la plupart des arabo-musulmans. Pour la seconde catégorie, nous signalons le corpus que nous avons constitué depuis plusieurs années et qui fera l’objet de cette étude. D’ailleurs, certains utilisent pour ce vocabulaire, le terme de « mot halal » ou « El Mûbah » pour désigner sa légitimité socio sociétale, socioculturelle et sociocultuelle. D’ailleurs, nous sommes arrivés à faire valoir la représentation suivante.

 

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Cette représentation graphique nous conduit à une autre, permettant de voir une autre forme de compréhension de la notion de « Donner ».

 

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La présentation du corpus

Lors de l’enquête de terrain à Ain El Hûts, nous sommes arrivés à répertorier un vocabulaire, en usage localement, faisant partie du champ sémantique « donner ». À cet effet, nous présentons le corpus en trois catégories de classification.

Les synonymes de Donner et Don

Quelques éléments non restrictifs de ces synonymes de la compréhension de ces deux vocables : Donner a pour significations et synonymes : offrir, céder, accorder, attribuer, allouer, doter, gratifier, octroyer, pourvoir[12]. Alors que Don a pour significations et synonymes : offre, offrande, cadeau, présent, aumône, mécénat, parrainage, faire un don [13]. S’en suit un vocabulaire socio sociétal local dont nous apportons quelques termes en cette liste non limitative[14].

– El Hiba الهيبة Don d’ordre socio culturel et le charisme (respect et considération, don divin), donation : une donation d’un bien à un ou plusieurs bénéficiaires, dans le cadre d’un héritage, mais dans un cadre de seuil à ne pas franchir.

– El Waqf الوقف Don en droit musulman : une donation opérée, effectuée et faite dans un temps illimité (illimité ou à perpétuité). Le donateur est un particulier et le récepteur est une organisation, une association ou une œuvre d’utilité publique, pieuse et charitable. Le bien est donné en usufruit. Il est placé sous séquestre, depuis la date, il devient inaliénable.

– Essadaqa الصداقة La charité.

– El Baraka البركة  La bénédiction.

– El Maktoub المكتوب Une somme d’argent donnée (littér. : L’écrit, la destinée).

– Ezziara, الزيارة La visite, droit de visite d’un lieu saint ou sacré, don matériel (argent).

– El –Hbûss الحبوس Au Maghreb (Benachenhou, 1971), il est synonyme de Waqf.

– El Ferda الفردة Dans la culture socio sociétale de Tlemcen et du hawz, une pratique (masculine) d’un don (uniquement en argent) dont la somme est enregistrée sur un registre en vue d’un remboursement ultérieur, lors d’un rituel festif familiale uniquement (circoncision, mariage). Le don se fait lors d’une soirée musicale, ainsi que le remboursement.

– El Ghrama الغرامة Il s’agit d’une pratique socio culturelle (une pratique féminine) identique à celle des hommes).

– Boussats Erraz بوسة الراس Lors du mariage d’une jeune fille, à sa première sortie pour rencontrer les membres de la famille de l’époux et de sa famille. Les jeunes remettent une somme d’argent ; quant aux personnes âgées, ils donnent une somme d’argent, en récompense d’un baise-tête.

– Ezzakats الزكاة Il s’agit de l’aumône ، devenu selon l’Islam obligatoire pour toute personne solvable : une obligation charitable.

– Etsafqida التفقيدة Il s’agit d’une pensée sous la forme d’un don (objets de valeur, viande et gâteaux traditionnels), remis lors de la célébration d’une des deux fêtes cultuelles (Aid El Fitr et Aïd El Ad-ha) et des nefqas ( célébration festive familiale et coutumières).

– El ‘Aïd دراهم العيد، العيد Une somme d’argent est remise aux enfants, lors des visites, pendant les deux fêtes cultuelles.

La perception des orientations dans l’usage de « Donner »

Dans l’usage du mot « donner », nous avons relevé quatre orientions et une position que nous représentons par ce graphe qui renvoie, principalement, à des marqueurs tels que : l’orientation vers le haut (élévation, augmentation, ascension, etc.) ; l’orientation vers le bas (baise, dépréciation, réduction, diminution, etc.) ; l’orientation vers l’arrière (recul, retrait, etc.) ; l’orientation vers l’avant (avancer, marcher, mouvoir, etc.) ; la position fixe.

 

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D’ailleurs, nous représentons ces cinq orientations par ce que nous appelons l’étoile de l’orientation, suivant le principe contraire à celui de la montre : sens giratoire.

 

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Intensité du Donner

Par l’intensité du mot « donner », nous entendons les marqueurs qui se définissent pour faire valoir l’importance de l’usage du mot. D’ailleurs, nous parlons de : Force, Puissance, Énergie, Etc. Pour cette raison, nous définissons l’intensité du mot « donner » par cette représentation graphique qui insiste beaucoup sur ce que nous appelons la socio anthropologie du versus : Fort vs faible. D’ailleurs, nous portons notre intention sur la question de degrés de « fort » et de « faible », avec l’idée suivante : trois degrés pour le mot fort ; trois degrés pour le mot faible ; le premier rappelle « Donner progressif » et le second « Donner régressif ».

 

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Don d’Intérêt Socio Sociétal Alterné et Culturel (DISSAC)

Par Don d’Intérêt Socio Sociétal Alterné et Culturel (ayant pour acronyme DISSAC), nous entendons l’analyse socio anthropologique du vocable « donner ». Cette analyse présente huit positions opposées, deux à deux. L’usage des couleurs a été utilisé pour mettre en avant les marqueurs de définition de la socio anthropologie du versus. Pour simplifier cette analyse, nous la voyons sous sa meilleure forme de représentation graphique.

À cet effet, nous parlons de dyades de versus : Donner par l’obligation / Donner avec liberté / Donner par égoïsme ; Donner pour l’altruisme / Donner par parrainage / Donner par spiritualité ; Donner pour mécénat / Donner par la matérialité.

 

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Conclusion

‘’Don’’, ‘’Donner’’ et simultanément ‘’Accepter’’

Afin de conclure dans le cadre de cette étude de terrain, en relation avec le sujet du ‘’Don’’ et du verbe « Donner », la population locale d’Ain El Hûts se conçoit une utilisation des synonymes, arrêtés, acceptés et adoptées quant à insinuer le triple vocabulaire lié au champ sémantique de la sexualité, légitime sociéto-socialement, culturellement et cultuellement. Va s’ajouter ce corpus, que nous désignons par le vocabulaire substitué aux mots de la « tiaha » (mots vulgaires). Le vocabulaire de l’interdit socio-sociétal et socio-culturel et le vocabulaire de l’interdit socio-cultuel connaissent la liaison par rapport à la société et le même sort par l’usage des synonymes que la première catégorie du vocabulaire, en étroite relation avec les parties génitales de l’Homme, de la femme ou de l’enfant. Certains avancent l’idée, pour ces trois vocabulaires, de mots tabous.

Nous concluons avec une réflexion : il ne peut y avoir de sens de « Donner » que lorsqu’il y existence du sens « Accepter » . Ces deux parties sont mutuellement reconnues pour pouvoir donner un sens socio anthropologique à « Donner » d’une part et « Accepter » d’autre part. Cette question nous a menés à faire valoir : ce que « Donner » veut dire à Ain El Hûts, dans le Hawz de Tlemcen. Les résultats de cette étude sur « Don » et « Donner » permettent, en socio anthropologie, de nous rappeler quatre intentions de raisonnement.

Premièrement : Buts / objectifs de Donner dont « Donner », chez la population locale d’Ain El Hûts s’exprime en trois objectifs ou buts d’ordre socio-sociétal, culturel et comportemental : ils se présentent dans cet ordre : Donner avec réciprocité ; Donner sans réciprocité ; Donner avec ruse / malice.

Deuxièmement : Formes de Donner quand selon les études de terrain effectuées, il nous a été donné de relever trois formes de « Donner » : Donner matériel ; Donner immatériel ; Donner spirituel (offrande, aumône, sacrifice, suivis du geste symbolique).

Troisièmement : Les pratiques du Donner. Dans les pratiques socio-sociétales, socio-culturelles, socio-cultuelles et socio-comportementales, nous avons mis en avant trois types de « Donner » qui sont comme suit : Donner gestuel ; Donner verbal ; Donner écrit.

Quatrièmement : nous avons attaché « Donner » aux cinq sens de l’Humain qu’il soit femme, homme ou enfant.

Pour ces raisons, nous parlons de « Donner » et de ses attributions aux cinq sens humains vis-à- vis du champ lexical de la population locale, d’Ain El Hûts, dans le Hawz de Tlemcen, ancienne capitale du Maghreb central. Par tout ce champ lexical, nous avons pris en considération l’ensemble du (des) vocabulaire (res) se joignant à la même notion, voire à ces sens de l’idée rapprochée ou approchée : Donner la vue (montrer, perception visuelle) ; Donner le goût (goûter, perception gustative) ; Donner le toucher (toucher, perception tactile) ; Donner l’ouïe (écouter, perception auditive) ; Donner l’odorat (sentir, perception olfactive) ; Terminons sur ce thème du « Donner » qui est la source du triptyque de la réussite de l’action.

Ainsi composé par l’acronyme CEP, « Donner » vise le sens des trois fondements : communication (Goffman, 1974) ; échange ; partage.

Bibliographie

Beaud, Stéphane, F.W, Guide de l’enquête de terrain, Paris, La Découverte, Nelle édition, 2003.

Benachenhou, Abdelhamid‎ , Connaissance du Maghreb. Notions d’éthographie, d’histoire et de sociologie, Alger, Éditions Populaires de l’Armée, 1971.

Combessie, Jean-Claude, La méthode en sociologie. Alger, Casbah Éditions, 1998.

Cuche, Denys, La notion de culture dans les sciences sociales, Alger, Casbah Éditions, 1998.

Cusset, Pierre-Yves, Le lien social, Paris, Armand Colin, 2007.

Gaid, Tahar, Dictionnaire élémentaire de l’Islam, Alger, OPU, 1991.

Goffman, Erving, Les rites d’interaction, Paris, Éditions de Minuit, 1974.

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Van Gennep, Arnold, Les rites de passage, Paris, A et J Picard, 1981.

Notes

[1] Notons : les pratiques langagières de l’extra muros de Tlemcen, particulièrement similaire à El Hadra El Hadria Etlemçaniya (pratiques langagières de l’intramuros de Tlemcen, ancienne capitale du Maghreb central).

[2] Cf. bibliographie.

[3] Nous avons relevé : « El yanbû’ », « El Alawiyine », « Blèd Eshorfa wa El M’rabtine », « Ain El Hawz » et enfin « Ain El Hûts ».

[4] À sept kilomètres au nord de Tlemcen.

[5] Nous avons relevé la représentation des confréries religieuses musulmanes, pendant le XX° siècle telles que : Qadiriya, Aissawa, Derqawa, Hamdawa, Derdeba.

[6] La théorie TOD (étude réalisée et inédite).

[7] Nous pouvons évoquer, dans ce cadre, le don et le contre don de Marcel Mauss (1872-1950).

[8] In infra.

[9] In infra.

[10] Il existe comme patronyme.

[11] Nous racontons une anecdote sur Sheikh El Bashir El Ibrahimi (1889-1965).

[12] Cf Dictionnaires de la langue française.

[13] Cf Dictionnaires de la langue française.

[14] Lire dans le document complexe ajouté tous ls éléments complétant ces notions du Don et du Donner.

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