Collaborateur Scientifique Observatoire Processus Communications, il fait partie du Comité de Rédaction de la revue électronique M@GM@. Ingénieur généraliste et ingénieur designer, Dr en Sciences de l’art et philosophie (Panthéon Sorbonne, Paris 1, 2008), chercheur en sciences de fin de vie (Paris, Chicago), chercheur en plasticité du cerveau (Cognition 3 PLASTIR, Paris), sociologue Université Paris Descartes (Paris V, Michel Maffesoli), chercheur associé CEAQ Paris (Centre d’études de l’actuel et du Quotidien), correspondant - chercheur de l’académie internationale d’éthique médicale, correspondant de la Sffem / Elsevier-Masson Éthique médicale Légale, correspondant / chercheur Laboratoire « Health & Palliative Care » (New York et Symbiosis group Publisher, Normal, Chicago, Illinois). Membre du Groupe de réflexion éthique de l’hôpital Foch (GREF) Département d’éthique et intégrité scientifique- Hôpital Foch 92 (hopital-foch.com).
Abstract
De ce qui est fait, rien n’est beau et rien n’est bon si ce n’est pas utile aux autres. Le sujet doit commencer par ce don en constance désespérante comme le don hiératique mis en axiome probant et principal par toutes les religions depuis des millénaires, religions avant les politiques qui insistent sur le don sous toutes formes multiples et variées. Ce sujet qui m’est revenu est repris à l’idée en finissant une découverte de lignes remarquables tout autant qu’étonnantes d’un auteur qui m’est tout autant parfaitement inconnu : Didier de Buisseret décrivant sa promenade très personnelle de son à-soi avec les moments du don et du savoir donner qui auront capté son regard, sa réceptivité et provoqué son émotion, mélange de psychisme et de psychologie ... Avons-nous tous le souci d’individuation en ne s’intéressant qu’à une seule facette de notre nous-même ? Dans ce don pour lequel je souscris, il faut mettre en cause une vraie rencontre mettant en jeu les totalités de nos présences. L’ouverture aux autres devient donc essentielle, tout en montrant les disponibilités indispensables de chacun et favoriser ainsi les réalités qui ne se réduisent pas qu’à nous-mêmes en indiquant que nous sommes prêts à vivre. Ce qui se dit, c’est que tout individu en lui-même a besoin de se voir pour se reconnaître quand la réalité ne se réduit pas au ‘‘je me suis reconnu’’ mais je fais aussi partie de la vie commune. Par ces dons, faut-il percevoir une idée de cohésion sociale ? Un décryptage assez mystérieux, offrant de façon non courante des mouvements de nos histoires de l’art ...De l’instinct évident de simplicité … Beaucoup d’écrivains me touchent, retiennent encore et encore mes attentions d’artiste :.. . et eux aussi sont très réceptifs à toutes les formes du don. Comment actualiser ou mieux réactualiser le savoir donner ?
Whisk ferns - Fukami, Gyokuseidō, and Kanga Ishikawa. Seisen Matsuranfu : shokoku bonsai shashin. Mikawa: Gyokuseidō zōhan, 1837.
Les formes du don et du donner, aucun rôle dans la vie ?
Peut-être serez-vous interloqués que soit prétextée l’existence de ce champ d’étude sur le don et savoir donner ? Ce thème n’a jusqu’ici été exploré que par ces théoriciens habilités du comportement social et dont le simple fait d’existence du sujet n’aura été assuré que dans quelques compositions narratives, de manière parfois allusive. Se poser la question de l’importance du don, c’est rappeler une exigence d’avoir à décrire l’usage ou les rôles du don dans nos vies, dans nos sociétés. Alors, faut-il comprendre l’enjeu de la discussion : celui des rapports logiques entretenus entre vérité et réalité ? Nous avons à examiner si ces usages accèdent à leurs buts (efficacité) et si cela se fait moyennant un degré acceptable de ressources concrètes donc humaines (efficience). Et parfois pécuniaires. Toute génération de la vérité et plus généralement de la connaissance, particulièrement de la science et ses rapports à l’humain, vont engager une certaine forme de l’essence et de l’existence qui l’engendre en la rendant possible.
Nous allons voir que les formes du don ou du donner traditionnelles ne jouent en général aucun rôle dans la vie des gens sauf chez certaines personnes ayant pris au sérieux ce mouvement qui se consacrent à la récolte et à la production réfléchie des formes du don. Bien plus, l’étude ici présente peut se comprendre étant opposée au constat général dont j’ai forcé l’attention accordée par ces nombreux penseurs aux entretiens avérés sans contestes ou encore le succès de la confession convenant sur ce sujet depuis une cinquantaine d’années. L’intérêt indéniable qu’on porte à l’écriture de l’histoire du don et du savoir donner se mêlant aux écrits personnels ne suffit pourtant pas, nous le verrons, à rendre compte dans leur ensemble des textes consacrés aux mendicités qui souffrent, pour la majorité́ des cas, ou se retrouver dans l’angle mort de toutes les attentions critiques. Pour mener cette enquête ce sera donc « écrire une étude sur le cinéma (un don) est comme rédiger une autobiographie, ou quelque chose comme des mémoires métaphysiques » au conception de John Dewey. C’est au cours de ces travaux de recherche portant sur le genre de certains éléments de sociologie de ce XXe et XXIème siècle que me sont apparus les travaux inhérents aux transmissions adulte/enfant ou parent/enfant et qu’ont été conduits ceux à mesurer les inconvénients d’un tel déficit conjectural voire spéculatif. Du fait de la singularité́ énoncée et aperçue dans plusieurs dispositions au sein de ces rapports à la première personne de nos contemporains, le modèle in mémoria s’avère constituer un fil conducteur privilégié́ afin d’aborder le domaine des écrits consacrés à l’effectivité du don.
C’est ce fil rouge qu’il faut suivre afin de souligner l’intérêt d’une étude systématique de ce que l’on peut nommer, ainsi que proposé́ : « Un don, ce fait social engendré par la famille ou la communauté ».
Répéterons-nous assez que la mémoire du don, d’un donner, est cette notion complexe, abordée de multiples manières en psychiatrie/psychologie, raison/philosophie, en neuro-imagerie/électrophysiologie. Songeons aussi que le sujet existe tout autant au niveau des systèmes anatomo-fonctionnels soit au niveau du neurone ou du canal ionique chez l’animal et chez l’humain. Aucune surprise de ce fait par conséquent qu’il puisse exister de multiples théories et modèles de la mémoire du donner à transmettre, à priori cinq, quelquefois pénibles à condenser synthétiquement, en tout cas difficiles à accorder donc à transmettre[1]. Le don fait partie de ces phénomènes également mnésiques qui pourront être observés dans tous les organismes sensibles, même les plus primaires ou les plus primitifs. Certes, une définition habituelle de la mémoire au don pourrait être cette faculté qui permet de crypter, déposer et interpeler des expériences passées, mais cette définition met l’accent sur la capacité d’une souvenance consciente ; or d’abondants faits mnésiques, comme celui du donner ou du savoir donner sont inconscients et devraient être restés dans l’inconscience et être formulés de façon implicite. En d’autres termes, ils s’expriment au travers de l’organisme humain en bouleversant machinalement les postures ultérieures.
Cependant : « … Je te donne mes notes, je te donne mes mots / Quand ta voix les emporte à ton propre tempo / Une épaule fragile et solide à la fois / Ce que j’imagine et ce que je crois / Je te donne toutes mes différences / Tous ces défauts qui sont autant de chance / On (ne) sera jamais des standards, des gens bien comme il faut / Je te donne ce que j’ai, ce que je vaux… »[2].
Quelle qu’en soit la raison, toutes paroles indiquent cette volonté expressive d’un savoir donner sans aucun tabou, sans aucun prix, surtout sans aucune discrimination. Pourtant, il faut savoir se faire recevoir et se faire reconnaître dans le don, en premier le don de soi.
Ce sujet doit commencer par ce don en évidente constance comme le don vénérable mis en axiome probant et principal par toutes les religions depuis des millénaires, religions avant les politiques, qui insistent sur le don sous toutes formes multiples et variées. Cette omniprésence de la façon de donner est soutenue dans les coutumes des dons quand le face-à-face entre l’imaginaire et le réel se produit entre le donateur et le donataire, ces bénéficiaires différemment perceptibles qu’en analysant leur lieu propre à leur demande de don, avec leurs relations dialectiques entre eux où le don engendre le contre-don. L’usage ordinaire du don relève en effet moins d’un savoir-faire que celui du savoir donner qui sera constaté et engagé en commun par un accord pratique comme quand les individus cherchent à se mettre en harmonie d’une habitude ou à harmoniser leurs faits et gestes envers autrui…
Dans les textes du Coran, le don ne vise pas primordialement à établir ce lien d’échange entre l’un et l’autre. Le donateur fait un don à la personne souvent pauvre, indigent ou dans le besoin et ce n’est pas ce dernier qui prend en charge le contre-don, mais Dieu. Celui-ci récompense le donateur sous une forme qui ressemble, en apparence, à un rapport marchand et le retour du don se fait de telle sorte que le donateur va infiniment gagner plus que ce qu’il délivre afin de fournir une aide aux personnes – communauté – dans l’exigence d’une survie au quotidien. La philanthropie, comme l’altruisme, ces philosophies du don est entretenue par les religions sous un rapport ambigu : il faut exprimer les questions à la fois d’héritages, de traditions de générosité et d’altruisme, mais aussi d’une volonté de délimitations et de démarcations entre les personnes. Les humanismes proférés par les érudits sont appréciés plus impartialement et plus universellement que des générations de dons religieux jugées moralistes et typiques, partisanes ou condescendantes voire sectaires.
Qu’en est-il vraiment ? Ce sujet qui m’est revenu est repris à l’idée en finissant une découverte de lignes remarquables tout autant qu’étonnantes d’un auteur qui m’est tout autant parfaitement inconnu : Didier de Buisseret décrivant sa promenade très personnelle de son en-soi puis de son à-soi qui lui aura fait capter son attention, son regard, sa réceptivité et provoqué son émotion, mélange de psychisme et de psychologie ... avant d’entrer en relation.
Avons-nous tous le souci d’individuation en ne s’intéressant qu’à une seule facette de notre nous-même ? Dans ce don pour lequel je souscris, il faut mettre en cause une vraie rencontre mettant en jeu les totalités de nos présences dont le premier face à face quel que soit son temps passé au don. L’ouverture aux autres devient donc essentielle, tout en montrant les disponibilités indispensables de chacun et favoriser ainsi les réalités qui ne se réduisent pas qu’à nous-mêmes en indiquant que nous sommes prêts à vivre. Ce qui se dit, c’est que tout individu en lui-même a besoin de se voir pour se reconnaître quand la réalité ne se réduit pas au ‘‘je me suis reconnu’’ mais ‘‘je fais aussi partie de la vie commune’’.
Par ces dons, faut-il percevoir une idée de cohésion sociale ? Cette appréciation à charge ou à décharge peut-elle nous paraître justifiée ? Alors que peut-il être dit des normes portées par des religions aussi différentes que le monothéisme juif ou catholique et protestant et le bouddhisme et l’islamisme ? Est-ce que les pratiques éthiques et liturgiques, au même titre que la prière et le jeûne et les règles courantes semaine après semaine ont-elles effectuées en existence ordinaire des dispositions significatives pour « le penser et le vivre » concret du don ? Au surplus viennent les questions : donner quoi, quand et à qui ? Ou encore : que prévoir de donner : nos surplus domestiques, quelques charités particulières ou le don engage-t-il toute la personne dans son rapport aux autres et surtout au divin jusqu’aux limites franchissables de nos vies propres ?
« La chose donnée produit sa récompense dans cette vie et dans l’autre. Ici, elle engendre automatiquement pour le donateur la même chose qu’elle : elle n’est pas perdue elle se reproduit. (…) » (Marcel Mauss).
Comment actualiser ou mieux réactualiser le savoir donner ? Cette question avant sa réponse réclame une mise au point. Faire un détour afin d’ouvrir une autre façon d’élaborer le don, ce sera d’avoir cette envie de se manifester par un geste imprévu ou suscité. Un à-côté émis par Sacha Guitry : « Travailler sans en avoir envie, ça n’est pas un travail qu’on fait, c’est une besogne. Et c’est à ces moments-là qu’on se rend compte à quel point l’on a peu de mérite à faire les choses qui vous plaisent » disait Sacha Guitry. Nos envies, cette source de nos émotions, ouvrent nos occasions de nous plaire en faisant plaisir donc donner du sens à toutes ces envies ; ce sens qui sera d’assurer à nos actions uniques ou multiples, pour justement donner envie. Vous pouvez dire à ce sujet : c’est un chat qui se mord la queue ! Cela semble évident, mais nous posons nous la bonne question du sens par lequel nous voulons donner à tous les objectifs fixés ? Est-ce que nos préoccupations sont de nous assurer que les communautés auront bien interprété ce geste gratuit, interprété pourquoi nous leur demandons d’effectuer telle ou telle action sociale, donner ?
L’égalité en tout entre les humains fait que de nos jours penser à avoir un geste instinctif du don ne peut être réfléchi face à des situations discriminatoires. Et, donner, sans retour réfléchi et raisonné, rend incohérente toute analyse immédiate sur ‘‘le tas’’, sur le terrain. Toute discrimination se pose comme étant inverse à une qualité du don recherchée surtout non conforme aux situations exigées par les recommandations juridiques[3]. Sommes-nous certains nous-mêmes de savoir le pourquoi du choix de ce projet de geste universel ? Il est possible d’avoir l’envie de tellement de choses collectivement ou isolément dont celles que nous ne maîtrisons pas ou celles qui s’imposent à nous. Qui n’a jamais fait cette expérience de « succomber » à l’envie de… ? C’est étonnant comme le temps passe vite quand nous pratiquons une activité qui nous fait envie. L’humain est cet animal capable d’envies prévues, imprévues multiples, uniques ou variées. Finalement et simplement, l’acte du donner qui est issu du terme même de « don » n’engendre pas l’unanimité d’une entente globalisée et fictionnalisée par la finance et son arme dévastatrice l’argent puisque dans notre société, le don, qui se détermine comme gratuit, se confirme par la définition des dictionnaires : « Ce qu’on abandonne à quelqu’un sans rien recevoir de lui en retour ».
Rappelons-nous et nombreux sommes-nous qui reconnaissons l’indice précurseur en sociologie qu’est l’étude de Marcel Mauss ainsi que sa prédisposition dans l’évolution de sa pensée au fil de son texte et ses recherches appliquées afin de situer la différence entre le don archaïque et le don moderne. Mais alors, qu’est-ce qui nous pousse à donner, à recevoir ? Et surtout, qu’est-ce qui nous oblige à rendre en retour ? Pourquoi certains sujets/objets reçus nous paraissent-ils sacrés ?
« Le don est à la fois ce qu’il faut faire, ce qu’il faut recevoir et ce qui est cependant dangereux à prendre » (Marcel Mauss).
La sagesse de la réciprocité
Il est en effet à l’origine de l’attention toute particulière accordée à la problématique de l’autre dans les philosophies existentielles du XXe siècle. Publié à Heidelberg en 1923, le Je et tu (Ich und Du) suscita, influença ou accompagna les réflexions de Husserl sur la coexistence des intentionnalités, celles de Max Scheler sur la “sympathie”, celles de Karl Jaspers sur la “communication”, de Martin Heidegger sur le “mit sein”, de Jean-Paul Sartre sur le “pour-autrui” et de Jacques Lacan sur “l’autre”. Si tous n’ont pas forcément lu ou médité Martin Buber, chacun au moins, par son cheminement autonome, exprime l’importance primordiale de la réflexion sur l’autre. Notamment Emmanuel Levinas, chez qui la philosophie du visage comme signe divin fait écho à la doctrine bubérienne du Face-à-Face. Gaston Bachelard exprime le centre incandescent de l’œuvre de Buber, dans sa Préface au Je et tu : « Il faut avoir rencontré Martin Buber pour comprendre dans le temps d’un regard la philosophie de la rencontre, cette synthèse de l’événement et de l’éternité. Alors on sait d’un seul coup que les convictions sont des flammes et que la sympathie est la connaissance directe des âmes. C’est ici qu’intervient la catégorie bubérienne la plus précieuse : la réciprocité ».
Cette première partie introduit en fait la relation Je-Tu. Martin Buber explique la dualité du monde pour l’homme avec d’une part la relation Je-Tu et de l’autre, la relation Je-Cela. Dans une relation Je-Cela, on ne s’intéresse en fait qu’à une seule facette de l’individu (le physique, la tenue, etc.) alors que la relation Je-Tu est une vraie rencontre et met en jeu la totalité de la présence. Pour que cette rencontre se produise, il faut être ouvert, disponible et prêt à la vivre. La disponibilité de chacun est indispensable. Le Je-Tu ne se maîtrise pas. La rencontre surgit.
Malgré cela, le Je-Cela n’est pas méprisé par Buber. Ce qu’il dit, c’est que l’individu a besoin du Je-Tu pour se reconnaître. La réalité ne se réduit pas au Je-Cela mais il fait aussi partie de la vie. Les domaines émis par Buber sont un monde avec celui de la relation qui s’établit dans trois sphères : 1) la première est la relation de la vie avec la nature où la relation est réciproque mais pas explicite. Dans cette relation surgit l’obstacle du langage et par exemple : avec les animaux et les plantes. 2) La deuxième est la relation Je-Tu ou la relation est manifeste et explicite. On peut très bien recevoir et donner le Tu. 3) La troisième est la relation avec les idées. Cette relation est muette mais suscite une voix. Les idées ont une existence plus grande que celle que l’on veut bien leur donner. Ici apparaît l’idée du Tu éternel : Dieu ou un Dieu.
Même si la recherche sur le don et le donner porte sur ce qui fonctionne entre les humains – famille, communauté, société du travail et du loisir – il sera impossible d’en dire quoi que ce soit à propos de cette phénoménologie si nous nous contentons d’observer ce qui occasionne ces va-et-vient. Il faut considérer le sens de ce don qui se passe entre les parties actrices. Par comparaison, avec le marché, modèle expressif de nos sociétés contemporaines basé sur l’offre et la demande commerciale, il reste les trois obligations déjà citées – donner, recevoir, rendre – mais en ce qui est concerné ici, le retour n’a pas de sens économique car recevoir n’est pas la panacée étant sans l’obligation de rendre. Nous parlons d’obligation morale et non de ces obligations juridiques et légales ou formelles car celle-ci contient un élément de liberté, moment choisi pour cela. Un espace jusqu’ici non traité est celui de l’hospitalité, ce n’est pas du don mais une réception de l’autre dans ledit espace. Mais que donne celui qui reçoit et que rend celui qui est reçu. Il y a cadeau de la présence de celui qui est reçu… Et il peut y avoir une gêne entre les deux cas de ces personnes : être reçu et recevoir. Créer, participer, partager ... une construction contemporaine, en quelques contacts aidés des I.A., se met en place des fonds pour les dons ciblés pour toute la société environnante et dans la bulle universelle du don approprié et précis dans sa destination. Mais à qui sera destiné ce don – à cette occasion uniquement financier – et ce partage de fonds ? Une détermination finale doit être très souvent expliquée, à cet instant sans discrimination, sinon vont se créer les gênes du receveur.
En seconde partie, respectons et déterminons d’où vient la gêne souvent éprouvée lorsque nous est offerte quelque chose. Dans son essai Marcel Mauss, le premier – Claude Lévi-Strauss, à la suite jugeait son texte révolutionnaire – a dressé un portrait du fait social total qu’est le don, en nous éclairant de toutes les dimensions (religieuses, juridiques, économiques, morales etc.) de cet échange qui nous lie les uns aux autres[4]. Il y a depuis un quart de siècle (il se peut un peu plus !) un manquement dans les modes éducatifs, les transmissions parents-enfants, communications en fraternité sociale et leurs adhérents. Par le biais du don, comment faire le maximum pour un maximum de bien, de bien-être ? Y-a-t-il un fondement à cette raison de donner ? Trouver une disposition de transposer les pensées pour notre méditation, cela ne peut se faire, semble-t-il, qu’en ayant découvert comment reconnaître les gestes fondamentaux de la base volontariste du don : que ces gestes participent de leur propre fait en participant de leur propre présence, re-création en continu de l’acte social. Ces faits sont considérés essentiels dans la production d’un paraître, projetés au monde immédiat, gestes réflexifs par essence comme étant référentiels, réfléchissant leur origine mental et physique du donneur.
Nous référant à Peter Singer : « L’autre pensée du donner est l’altruisme, altruisme efficace, qui se rapporte à la fois au mouvement social et à la philosophie consistant en l’utilisation d’une approche scientifique afin d’en trouver les combinaisons les plus efficaces de répandre le maximum de bien-être personnel et collectif. » Les tenants de cette conception des choses intuitives – dont l’auteur P. Singer et nous-mêmes faisons partie – pensent qu’avoir du cœur ne peut suffire : le cerveau a aussi un rôle essentiel à jouer. C’est admirablement perceptible de vouloir ‘‘Donner’’ mais il faut le faire naturellement en intelligence réciproque sinon l’action ne sert à pas grand-chose sinon même à rien.
Reste le don instinctif qui anime nos chemins et qui intervient à la rencontre de personne, inopinément. Dans ces cas, parlerons-nous d’efficacité rationnelle d’un don par l’assurance d’un impact réellement positif ? (Peter Singer). Dans ces recherches, disons ethnographiques, nous ne nous intéressons pas aux physionomies ou aux portraits universels comme ceux du parasite avec dans sa tête le produit à tirer de ce don ou de l’avare identique à l’ingrat ou au gaspilleur, aux radins. Néanmoins, quelles sont les prétextes de la radinerie qui en fait rassemble tout ? Arrêtons-nous sur la question. Plusieurs paramètres doivent être pris en compte lorsque sont recherchées les prétextes de la radinerie et les intentions du radin/radine. Radicalement, cela ne peut être expliqué que par la forme d’éducation, l’environnement social/familial doublée de la peur de manquer, mais aussi, plus intensément et précisément, la représentation, l’idéalisation intensive et invasive de l’argent pour cette communauté. Souvent les présents de cette communauté radine ne peuvent pas s’imaginer que l’argent est seulement un véhicule qui permet de vivre en congrégation choisie. Pour eux, c’est l’apparence d’une réelle sécurité et le fait de conserver leur argent sécurise leurs comportements sociaux. À ces dons et faux dons, ignorance du savoir donner, se profile le reflet de certaines personnes dans leur peur du lendemain, leur peur d’agression ou leur peur physique comportementale face à autrui. Le cas fréquent de personne vieillissante se positionnant en sécurité dans le radinisme. Par ailleurs, les spécialistes indiquent souvent qu’il n’existe aucun rapport avec les réalités des moyens financiers, riche ou pauvre leur solution est identique. La compréhension vis-à-vis de possédant riches mais radins ne peut se concevoir simplement.
Il ne faut pas ici déterminer des typologies cliniques, non plus se polariser sur les fonctionnements du psychisme, sur le profil de l’humain « hyper-donateur », sur le portrait psychanalytique d’une personne qui donne tout autant que celle qui reçoit. Nous allons éviter d’assimiler un donneur d’ordre financier au sujet du don. Ce désir de donner participe à l’imagination de la vision de sa propre mère et une orientation vers la sollicitude. Le bénéfice égocentrique égoïste dans l’univers malsain de l’argent s’ajoute à l’image gratifiante de la bonté, d’appropriation de soi-même, de l’être donnant qui se sachant tel se reconnaît par instant dans une forme d’auto-reconnaissance. En effet, aucun rapport ne s’étanchera dans une quelconque illusion monomaniaque caritative, dans une névrose prémonitionnelle que celle d’être en dette, ou encore dans un trait de caractère anal, caractère d’origine sous la ceinture.
En effet, cela se déclinent toujours selon trois obligations : donner, recevoir, rendre celui qui s’en saisit se choisit lui-même de se concevoir en destinataire, incertain et contingent, et la communauté pourrait bien ne plus être qu’une chimère. Sans doute la destinée de l’un et l’autre être éclaire-t-elle, pour une bonne part, la métamorphose apportée d’une forme lyrique au geste de l’offrande. Toutes les générations se confrontent au sujet. La construction lyrique et symbolique voire culturelle des chances de donner ou de recevoir, dans les groupes humains autant que chez les individus, va s’opérer par une transmission inter et transgénérationnelle, vecteur de continuité comme de renouvellement par un apprentissage absolu et libre. Le premier terrain fécond est celui du tissu familial ou celui des tissus sociaux dont ceux de la communauté des cités, en lien avec d’autres institutions et acteurs. Le lien peut être biologique, génétique, familial et social, mais c’est la transmission d’un héritage culturel honnête qui lui a toujours apporté tout son poids symbolique aujourd’hui comme hier pour demain.
D’autre part et écrit entre autres par Marcel Mauss, il est mis en évidence que, sous couvert de pratiques de générosité ou de gratuité et de liberté, le « Donner » induit inévitablement la notion de « contre-don ». La précision est sur sa réponse « Le don n’est pas une Économie naturelle et demeure la pratique non d’individus mais davantage de collectivités qui s’obligent mutuellement… » En clair dans la plus grande part des sociétés civiles ou religieuses, y compris les nôtres contemporaines, une convenance très stricte – éthique des règles et codes sociaux – existe qui enseigne le fait à donner, de recevoir puis à rendre. Ces conventions assemblées nommées « prestation totale » concourent à établir cette cohésion sociale nécessaire : « La prestation totale n’emporte pas seulement l’obligation de rendre les cadeaux reçus ; mais elle en suppose deux autres aussi importantes : obligation d’en faire, d’une part, obligation d’en recevoir, de l’autre. » Les termes omniscients du don et de la socialité afférente qui y sont associés avec une fin d’un réalisme ainsi que tous les termes utilisés plus avant qui peuvent être acceptés en particulier dans les formes de la laïcité, va exister en particulier cette profondeur à laquelle une vie d’humain ordinaire demande à être exprimée ainsi que la surface des moyens ordinaires à travers laquelle cette vie devra s’exprimer, d’un côté ou de l’autre du don, centralité de l’action entre humain.
« Au milieu de toute difficulté se trouve cachée une opportunité » (Albert Einstein).
Donc et en cette troisième partie, vont se vérifier l’utilité et l’opportunité à une science de l’éducation de connaître les processus et les conditions relationnelles de toute transmission des formes du don. Il s’agit de formaliser d’envisager les pratiques du donner pour les maximaliser, d’en repérer les obstacles et de les enrayer afin de se garantir que le don demeure présent à tous en des sens communs du terme. Et chaque étape de la transaction donner-recevoir-rendre, manifeste des écueils à surmonter et des accidents à dépasser. Dans toute première séquence, les complications (obstructions) se trouveront surtout chez celui qui donne (le donateur) : il peut ne pas ressentir ce qui s’est nommé l’obligation de donner (Mauss 1924).
Le donateur va être agressé de craintes multiples dont les réticences à partager ou la peur d’une privation, une crainte de la trahison. D’autres sujets vont se faire jour avec un manque de confiance dans ls familles, l’appréhension de la fin de vie, etc. ... Autant de freins sont les éléments d’inquiétudes arrêtant l’élan du don instinctif et sans commission de retour. En règles générales et courantes la passation apprise dont le transfert de richesses supposées, la translation de biens communs, la transposition du don, est impossible quand se prévalent les raisons ou les pulsions du protéger, maintenir, intercepter, conserver, privatiser, etc.
Engager, accueillir et intégrer sans discriminer
L’opportunité vient en cette action non commandée mais assujettie au bien-être des acteurs volontaires ou involontaires. « Engager, accueillir et intégrer sans discriminer », c’est un premier constat d’un geste de bonne volonté afin de se prémunir contre tous les risques sociaux, mais, surtout, faire valoir cette contribution à la confiance des communautés d’aujourd’hui tout autant que celle à venir dans la qualité d’une compréhension mutuelle des besoins des uns envers les autres. À la lecture de l’ensemble des textes, cette vocation à permettre une appropriation rapide de ces bonnes fonctions sur les enseignements et les apprentissages du donner doit confirmer le donner sans retour, sans réminiscence d’une volonté de gagner tant en consécration personnelle qu’en finance recherchée ou pas. Par nos savoirs formés, notre vécu instinctif ou formaté, nos réceptivités sensibles sont différentes de l’ensemble de toutes les communautés. Même si des injonctions apprises et transmises restent le pilier culturel de telle ou telle famille.
Pour chaque fragment positif proposé en modèle, l’important est donc valorisé par cette forme d’appropriation personnelle en la rendant personnel. Certaines parties pourraient trouver un écho en soi-même et d’autres parties moins particulières tout en étant appréciées. L’essentiel est d’intérioriser celles qui vous ressemblent (s’assemblent) en essayant d’imaginer quel changement concret elles pourraient provoquer dans votre quotidien. Mariage pensez-vous ? Par le don, ce sont d’excellents termes à propos des hospitalités entre communautés, entre groupes locaux, entre voisins et visiteurs – manifestations et rituels familiaux avec fêtes, foires, aident aux échanges obligés – comme les commerces là où les trocs servent d’outils de référence aux donnés. Tous ces présents ne servent pas aux mêmes choses et aux mêmes résultats que dans les cas de négoce à but lucratif. Comprendre que les intentions sont essentiellement morales et incarnent avant tout un sujet/objet afin de produire un sentiment dans l’amitié entre deux personnes en jeu, et si l’opération n’a pas cet effet, le ‘‘tout est manqué’’.
De toute conduite humaine en communauté – parce qu’il ne peut exister d’humain sans une communauté si grande ou si restreinte soit-elle – de l’illustration concrète des valeurs portées et colportées, il ressort cette attention portée à des manières de vivre en faisant un impact entre ceux qui peuvent donner et ceux qui peuvent savoir bien recevoir. En fait, évitons les discriminations, acceptons ce qui est et une confiance s’établira. Les grands accomplissements n’ont eu de réussite que par la persévérance au détriment de toutes les forces provocatrices volontaires ou innées. Accepter ce qui est nous-même face aux autres. Se dire chaque jour que si nous obtenons quelque chose que nous n’avons jamais eu, la nécessité sera d’entreprendre une action que nous n’avons jamais faite. Donner, savoir donner, savoir recevoir sont des chemins qui se préparent ou qui sont à reprendre, à apprendre avant de transmettre. Aucune immense dotation spécifique n’est nécessaire pour ces savoirs être par le donner, savoir transmettre le donner sans retour envisagé, option primordiale et obligée d’une parentalité. Cette notion fondamentale et utile est d’une accessibilité déconcertante pour tous et à tous. Ce geste d’élan humain doit être impérativement transmis hors des contrôles et des opérations monétaires, via le notaire ou les établissements financiers ou bancaires. Ce sont des exemples. Cette transmission de savoir donner constitue un socle social par lequel tout le monde est bénéficiaire dans ces paysages qui se déploient en communauté – restreinte ou pas – et va s’augmenter de la sensibilité ou prendre de l’envergure avec ce qui est ou qui sera partagé.
Considérons que ces actions comprises et entérinées dans le cerveau de chacune et chacun deviennent des sources de bien-être avec des valeurs et des liens sociaux affirmés. Autant d’interrogations qu’une reconduction de la pensée sur la pédagogie et les sens culturels à partir de l’éthique d’un sens du sacré doivent être posés articulant cette triple obligation énoncée et posée comme découverte d’un canon universel de cette symbolique au dépassement averti des violences de la réciprocité mimétique. Être toujours prêt à… à partir d’une règle significative, nous pouvons solliciter ici comment interfèrent les apports après et pendant l’intervention experte d’un tiers instructeur, issu ou pas de la famille et de l’éducation sociale, pour la passation d’un don et l’autonomisation d’un être susceptible de mobiliser, de faire circuler et restituer, le précieux assemblage des convictions sur le donner. Les sociologies du terrain ont eu affaire avec de nombreuses institutions et des arbitrages (école, associations, précepteurs particuliers, intervenants de soutien scolaire, parents et religieux de toutes les convictions) qui se sont s’interposées entre les adhérents aux rapports intergénérationnels, afin d’arriver à briser ce face à face, puis par l’accompagnement d’un tiers soutenir les phases de toutes les transmissions obligées dans ces cas.
Anticiper en nos facultés de côtoyer, penser à donner par une communication comme un objectif serein et journalier dès les débuts d’une vie à l’âge responsable peut évidemment apparaître comme une charge supplémentaire de toute éducation qu’on pourrait remettre toujours au lendemain des agendas chargés. Il faut parler à ce niveau tout autant des gens en activité que ceux en non-activité continuelle ou même les SDF. Ce n’est pas le même emploi du temps mais…. Pourtant, cela peut vite devenir un réflexe naturel comme une révélation d’un savoir-vivre – cette conscience d’une responsabilité pour plus tard – dont il faut s’occuper tout de suite et très vite.
« J’ai ressenti à nouveau une immense envie de vivre quand j’ai découvert que le sens de ma vie était celui que je souhaitais lui donner »[5] (Paulo Coelho).
Considérons cet investissement essentiel, avec la promesse que toute action engagée ne partira pas en fumée dans une obsolescence désuète programmée. Quelle que soit la posture, y penser et transmettre dès le plus jeune âge permet des projections et des obligations à prendre ses mesures pour l’avenir social. L’évidence paraît écarter que pour donner, il faut s’éloigner de toute avarice aussi bien sur le temps à participer avec les autres que sur le don de nos propres temps à passer avec les autres. Sur ce large sujet, Khalil Gibran en a énoncé quelques lignes : « Vous dites souvent : Je donnerai, mais seulement à ceux qui le méritent. / Les arbres de vos vergers ne parlent pas ainsi, / Ni les troupeaux de vos pâturages. / Ils donnent afin de vivre, / Car retenir c’est périr. » (Khalil Gibran).
Donner sans retour, ce geste social, avec le savoir donner et le savoir bien recevoir, implique de posséder une vision, une envie et un sens des dispositions sociales en cours pour faire nos vies. On ne transmet pas ce rôle du jour au lendemain, mais au terme d’un processus mental, émotionnel et actif long puis pensé en vue de faire perdurer cet objectif général en société ou dépendant d’un motif familial à respecter. C’est pourquoi chérissons vouloir porter l’idée selon laquelle y penser toujours, et dès le début, est source d’aisance mentale et d’assurance intellectuelle. Il n’y a pas de petite ou de grande façon de donner sans penser à un retour en une façon de vivre originale. Donner un simple conseil, donner à partager au bon moment, peut changer la vie de celui qui reçoit. En revanche, on ne peut pas transmettre ce qui n’a pas été pensé pour l’être humain hors d’une société. Dès lors, il sera sans doute plus souple de transmettre, par exemple une façon de vivre, si, bien entendu, elle a été façonnée dès ses premiers instants pour l’être humain. Un être, lui, doté d’une histoire devra, probablement se transformer, se moderniser ou pourquoi pas intégrer à une entité plus vaste quant à pouvoir transmettre avec efficacité le don de savoir donner qui lui aura été cédé.
La clairvoyance du vouloir donner, la préparation visionnaire et l’organisation mentale d’un moment du don sont des investissements psychologiques essentiels pour que la démarche réussisse. L’éducation familiale et sociale conjointe pour « prendre en main » le sujet du ‘‘Donner’’ à transmettre l’est tout autant. Quand le fait de sourire existe, l’amorce de la baisse de l’agressivité est évidente et sourire fait amorcer l’acte du don. Nous pouvons par exemple adorer la musique, écouter, s’émouvoir, mais si l’on remet une partition précieuse, nous sommes dans l’absolue incapacité de la transcrire : tous les signes apparus resteront inexplicables tant que leur décryptage ne sera pas enseigné. Finalement, il en va de même dans toutes les jouissances : en art, « voir et regarder » ne sont pas des évidences, cela s’apprend. Pour apprécier un geste, une attitude, il faut éveiller le regard de celui qui observe le but de la démarche. L’action instinctive avec le sourire et l’illumination du visage est désormais jetée en direction de l’inconnu, le don se confond avec l’appel au don sans retour. Apparemment libre et gratuit, et cependant contraint et intéressé de ces prestations. Il n’y a plus dominant et dominé.
Le geste du don, une relation constitutive ou conditionnelle
En reprenant les ‘‘débats’’ sur le don, nous découvrons et nous comprenons que ce ne sont pas de ‘‘nouvelles discussions’’. Cette interrogation est aussi désuète et ancestrale que les univers de la dette aussi la retraversée des controverses aboutit à une constatation : toute formulation qui se voudrait résolue et chercherait à bloquer les concepts de don, ou de dette, est susceptible d’être rejointe immédiatement vers une contre-proposition tout aussi adéquate[6]. À la réflexion sur cette nature des liens entre les genres expressifs dont le lyrique, le geste du don s’en trouve impérieusement relancée : relation constitutive ou conditionnelle ? Les caractéristiques propres au discours poétique de ces envies portent-elles ces gestes vers une altérité en laquelle ils pourront se remettre corps et esprits ? Une autre question vient : de quelle nature relèverait alors le don sous sa forme poétique ? Tous ces gestes caractérisent le don, l’accueil, l’offrande. L’ouverture de nos envies, de nos gestes vers le bas des communautés montre comme en l’expression idéale artistique que « le buddha ne garde rien enfermé dans sa main et que tout ce qui s’y trouve peut se répandre sur le monde ». Il s’agit de démontrer une universalité du don, universalité d’un geste qui, faisant foi ici, ne peut être issu de quelques religions que ce soit, religion ou politique, multiplicité d’un geste issu de l’entendement, de l’envie et d’une forme d’une vénérable en alliance confraternelle.
Ces questions gagnent en complexité à l’ère moderne, car pour les contemporains du XXIème siècle, il s’agit d’éclairer ce qu’il advient du geste d’offrande quand le sujet poétique oublie sa fondation, quand l’exposé poétique tente de subsister sur « les cendres du sacré, quand la parole poétique cherche à maintenir sa voie/voix dans les marais d’une communication triomphante par les monnaies et quand l’hypothèse d’une communauté prend les contours d’une utopie : subsistance précaire de l’offrande lyrique, ou relève suprême, geste ultime qui en condense les sens et la portée ? » Seulement, il sera ajouté que par cette observation ont aussi été englobées les méthodes et les techniques se rapportant au contact direct sur le terrain, au classement, à la description et à l’analyse de phénomènes culturels singuliers sur le sujet qu’il s’agisse d’arguments, de dispositifs, d’opinions ou de possibilités de choix et de disponibilités des acteurs. Dans le cas des objets du don social, ces opérations se poursuivent généralement dans les bureaux, ce qui peut être considéré sous ce rapport comme un prolongement des espaces sociétés interrogés. En cela, le don est loin de l’instinctif, loin du non-conventionnel et surtout du don irréfléchi et inconscient. Don sur le coup, imprévisible mais émotionnel. Cela participe à cette vivacité qui peut – pourra – être démontrée, vivacité suggérant que ce que l’on nous montre en vie courante ne sera toujours qu’une vue dans un nombre infini de vues également possibles, que, finalement, rien de ce qui est fait ne pourra rompre l’idée de ce cercle d’une vue globale.
Disparition notoire de l’instinct et de la charité immédiate
Depuis quelques temps, il est un souhait généralisé dont celui de permettre plus de réactivités, d’efficacités et de vivacités dans une continuité rassurante. Rassurante ou plutôt tranquillisante mais pour qui ? Pas pour les destinataires en tout cas, loin de ces notions financières qui se disent philanthropiques. Le moyen trouvé par les banques et les sociétés de crowdfunding est le don programmé dans son calendrier et sa valeur. Disparition notoire de l’instinct et de la charité immédiate. Par ces biais extrapolés de la demande d’argent, l’image d’entrer en communauté bienfaisante reste une forme marketing faisant miroiter l’existence d’une grande famille – milliers de bénévoles et donateurs – dévouée à l’aide quotidienne des personnes vulnérables. Bien ou mal, ce système ôte toute prétention de contact direct et décharge le donneur éventuel de toute préoccupation réelle sur ces gens – sociétés à qui le bienfait doit être apporté – devenus invisibles. Les autorités en ces matières mettent les populations susceptibles du donner face aux contingences d’un coût de vie de plus en plus chère et par hasard, ce sont les produits de première nécessité qui augmentent le plus. Étonnements ! L’accroissement des inégalités devenant perceptible sert de prétexte à ces dons réguliers attendus comptablement avec en intermédiaire à la vue de l’accroissement du nombre des sociétés de récolte du don qu’il faut faire vivre avant le bénéficiaire réel du don. Pourquoi ces sociétés sont-elles majoritairement dans des pays dits cachés, dont une en Europe et l’autre bénéficiaire pas loin de notre Europe mais ne voulant pas y accéder ? Comprenant cela, le choix du don et de la forme du donner devient difficile dans l’apport soutenu en continu.
Aucune générosité dans cette façon du donner ne peut permettre une telle poursuite, jour après jour. Tout engagement – auprès des enfants et des familles en situations précaires, des sans-abris par la faute d’une société propriétaire, des personnes âgées isolées ou celles en situation de handicap pour cause de médecine non appropriée – réclame un consensus explicatif dans l’éthique du vécu ensemble organisant les réductions des immobilismes et des individualismes exacerbés prônées par les sociétés contemporaines. Tout notre organisme – corps, cerveau, cœur – fera preuve de cette générosité et d’une solidarité en comprenant le geste et l’actualité du geste. Les causes immédiates expliquées touchent au cœur et les visions réelles font ‘‘mouche’’ pour la facilité à donner, à subvenir au bien commun par une aide devenue indispensable.
Encore une fois, la facilité apportée par le don récurrent mensuel faisant rejoindre une communauté bienpensante et bienfaisante devient une donnée homérique, un thème récurrent d’une publicité n’expliquant rien ou presque … faussement édictée n’expliquant pas la durée sans ajouter les détails pour qui ou quoi ou quand les fonds récoltés seront distribués et sous quelle forme. Alimentaire et santé sont bien sûrs les premiers éléments à pourvoir en aide immédiate. Mais, si les plus riches arrivaient à faire face à ce qui serait préférable, utile dans l’exigence immédiate, le don immédiat serait autre, plus consensuel plus désintéressé et essentiel. L’idée de moyen financier constant ne devrait pas être exposée. Les missions pérennes hors conflits mondiaux et résultats météorologiques peuvent être diminuées si les niveaux de vie de chacun, surtout ceux des plus bas, pourraient être réellement pris en considération. Le partage … . Ce mot jamais utilisé par la plupart des nantis pervers.
Le don voulu, toutefois non programmé, ne doit pas être un soutien financier récurent aidant aux anticipations car il facilite la paresse d’esprit et la paresse des volontés à bien faire devant les actions sociales qui ne devraient pas être présentes. Résoudre le problème plutôt que de l’entretenir.
Par rapport à cette ethnographie qui peut être précisée, l’ethnologie du don représente donc ce premier pas vers la synthèse de l’étude de la socialité du ‘‘Donner’’. La répartition de l’avoir collectif pour une contribution au bien-être général doit s’évaluer et se considérer comme une conformation philanthropique, excluant cette envie de posséder par accumulation financière. Deux cas évidents se formulent depuis la France et auront été multipliés au travers de beaucoup d’états. Donner un exemple en se faisant poser des questions/réponses comme a pu le soumettre Marcel Fournier : « Un contribuable peut se demander pourquoi il contribue à l’assurance emploi s’il n’est jamais au chômage. Même chose pour l’assurance maladie s’il n’est jamais malade. La cohésion d’une société trouve appui sur une série d’imbrications et implique un ensemble d’échanges entre individus et groupes. La réciprocité, directe et indirecte, est à la base de la vie sociale, hier comme aujourd’hui » (Marcel Fournier). Toutes sociétés humaines se caractérisent par leurs formes de don, passées et présentes, selon toutes les écoles de sociologie depuis le premier quart du XXème siècle.
Une détermination du « fait social total » se montre en un épisode communautaire mettant en branle la totalité de la société et de ses institutions. Cette éthique du don évoque et comporte des répercussions juridiques, économiques, religieuses et même esthétiques. Cependant, la forme actuelle du don est devenue parfois très complexe au gré des incantations financières et jouissance des biens en argent et monnaie, ces veaux d’or bibliques de l’incohérence s’étant immiscés dans les manifestations du don instinctif. Sans exclure toute observation directe, il nous faut prétendre à des conclusions raisonnablement expansées pour que toute explication ou raisonnement soit correctement quintessenciée afin de pouvoir préciser les fondements exclusifs sur nos connaissances générales et omniprésentes de la seule première main tendue. De cette connaissance humaniste et incontournable du fait du don, il est congruent de ne pas s’écarter des trois directions habituellement proposées aux études. Pour l’intégration de toutes nos connaissances relatives au don et au savoir donner, il faut marquer avec insistance le voisinage des acteurs, les proximités des entourages formant groupes ou communautés, des chercheurs spécialisés et des informateurs faisant le lien entre nantis et pauvreté dans la rue.
Néanmoins, est-il légitime de s’engager lorsque on est savant, intervenant, donateur lambda ? Tout le XXème siècle revendique au tournant de notre XXIème siècle une nouvelle manière d’être savant, d’être positif, d’être actif en action sociale et politique. Il est du devoir de toute personne en recherche d’espoir de don de descendre dans l’arène. Mais, c’est en humain de la science et plus en homme de santé et de bienfaisance qu’il doit le faire. À toute vie, telle celle de Mauss, se sont attachés les mystères du lien social à percer, mobilisant avec cela une vérité des religions, une sincérité de l’ethnographie ou la philologie, la sociologie afin de concevoir comment se sont constituées les sociétés et enfin comment elles se copient, s’imitent. Toute communauté réfléchie, ou pas, appréciera à la lecture de ce texte que tous les écrits sur le don et le donner ou savoir recevoir pourront être enfin synthétisés.
Les statuts actuels pour les fidélisations mensuelles au don
Appelons cela les effets d’une géographie persistante et visible. De ces éléments circonstanciels des lieux, les protagonistes du don ou du recevoir ont très certainement une historicité commune engendrée par les promiscuités d’une vie journalière ou épisodique en de mêmes lieux, statiques ou de passage. Cela nous amène à une pensée vers plusieurs populations possiblement celle enfermée dans ces tristes locaux, celles de la rue, celle migrante et émigrante dans les sociétés où elles arrivent, arrivées souvent par choix primaire de lieux vers les marchands de sommeil (Bernard Troude). Toutefois ce qui passionne, peut-être, ce sera cette tournure de systématisation du don se discernant en isolant telle ou telle forme de don en définissant l’attention particulière : telles personnes ou tels types de communauté auront telle technique issue de leurs coutumes ancestrales, de leurs institutions civiles ou religieuses, tels ou tels modes organisationnels qui défendent les simultanéités du don et de la réception, des intégrations systématiques. Repérer les statuts actuellement mis en chantier pour ‘‘les fidélisations mensuelles au don’’.
« Il me haussa le cœur, haussa la fantaisie, M’inspirant dedans l’âme un don de Poésie » (Pierre de Ronsard).
C’est ainsi que toute la réflexion sur la nature des liens entre genre poétique et geste du don s’en trouve forcément déclenchée : témoignage constitutif ou incertain ? C’est à travers un parcours librement composé autour de quelques poètes dont la parole offerte et donc donnée a marqué la fiction du genre que nous avons essayé et osé une réplique. De André-Comte Sponville, il nous est enseigné : « Mieux vaut enseigner les vertus, disait Spinoza, que condamner les vices. Il ne s’agit pas de donner des leçons de morale, mais d’aider chacun à devenir son propre maître, comme il convient, et son unique juge. Dans quel but ? Pour être plus humain, plus fort, plus doux, plus libre. » Le geste reçoit une caution magistrale par laquelle le texte en poétique lyrique est doté d’une aura sacrée. « Inspiré de quelque divine afflation » (Thomas Sébillet), figure d’Hermès, tout poète devient alors mentor convertissant le poème donné et offert en poème reçu et le rendre en émotions.
Les vertus sont nos valeurs morales, mais incarnées : toujours singulières, comme chacun d’entre nous, toujours plurielles, comme les faiblesses qu’elles combattent ou redressent. Il n’y a pas de Bonne Action en soi, la B.A. La B.A n’existe pas, elle est à faire, et c’est ce qu’on appelle les aptitudes valorisées du don journalier. Ce sont à eux, les dons simples, que, pour objet, s’est précisé le cours de cette recherche : de la politesse à l’amour, des domaines sur ces vertus, plus appris et qui manquent souvent, toutefois point complètement dans l’ensemble de nos sociétés ; seulement et surtout particulièrement en famille dite moderne de l’enfant roi et libre de tout. Aurions-nous la capacité à les penser autrement, et faire que cela nous éclaire ?
Mais aussitôt l’acteur/actrice s’expose comme ouvert et tourmenté, lui qui est pris dans l’angoisse entre pure réception passive du donner et travail d’une mise en forme pour le donner. Car le don reçu pourra être « émondé » (J. Du Bellay), et bientôt canalisé dans une réaction de rituels poétiques et sociaux en même temps qu’identifié dans un ensemble de configurations consacrées. La parole louangeuse se choisit ainsi peu à peu des formes récurrentes, privilégiées et bientôt quasi imposées – l’ode, l’hymne ; le don se ritualise dans des pratiques sociales, pulsées par le mythe du don du poète de cour au Prince, adaptations textuelles qui agissent bientôt vers leurs propres chemins tout au long de la fiction lyrique. Pendant cette période du romantisme – en Europe de l’ouest entière – les poètes dont Mallarmé ont réagi à cette tradition du don offrant aux autres un hommage sous forme d’une mince vapeur éthérée où ne peut persister qu’un geste ténu ne proposant qu’un frémissement à peine sensible et émotionnel.
En accompagnant le geste de l’offrande
Toute conclusion sur le donner affirme que les temps sont résistants mais contemporains, avons-nous lu en commençant cette trace écrite. Sous le don, on trouve l’échange, affirment les modernes. Nous avons voulu tester l’idée inverse : sous les échanges, nous avons cherché le don. En général, le moderne attend qu’une personne soit morte pour relâcher l’hypothèse cynique et utilitariste à son égard. Tout à coup, on jette un autre regard sur sa vie, plus ouvert, plus généreux.
Dans ces textes, le jeu des « loisirs de la poste » où la forme du sérieux s’est effacée, le lyrisme virtuose finalement ne s’étend plus que sur la combinaison légère d’un montage aérien et céleste. Le don divin devenu social s’est blotti et replié dans les salons feutrés pendant les deux siècles précédents, puis la communauté des élus profitant du pouvoir au donner s’est resserrée sur les cercles mondains des « mardis des poètes » dont ceux de Mallarmé. Le don, jadis divin, se réduit peu à peu dans les entrelacs des expressions et des images. Les cultes divers et variés vont en imposer certains critères en des jours et des moments précis. La tournure a ainsi décidé sa contrainte, a façonné le geste du donner, l’a sublimé, esthétisé puis exigé une attention, en accompagnant le geste de l’offrande, la main vers le bas, par une ouverture y compris vers la laïcité dans l’essai d’une généralisation. Sans aucun doute l’altérité de l’exposé lyrique demande-t-elle d’abord à être énoncée et obtenir une forme de certification ? Avec l’inscription dans un héritage textuel, par ailleurs rappelée, percevons-nous là l’influence de Pétrarque et du « pétrarquisme » – arrivé en France au XVIème siècle – qui caractérise toute action par une esthétique du raffinement ? Cela confine cette action à l’ostentation, une recherche de l’intense considération expressive et une profusion importante de métaphores contribuant à encenser la forme de tous les dons, donner et recevoir. Cette parole adressée par le don en poésie, tutoyante et vouée aux espaces du don davantage qu’à l’objet verbal offert à la contemplation, cette chose dans son lyrisme est fréquemment définie à partir de son modèle d’énonciation quant aux valeurs accordées à l’acte en question. On sait que la limite des genres offerte par les courants romantiques – dont ceux chez les allemands et Schlegel en particulier – se détermine sur le critère de la personne remarquable émettrice du don : en toute circonstance, au genre lyrique reviendrait l’expression du « JE ».
Guérissant d’une formulation assumée par l’expression d’un sujet personnel, le cas du donner lyrique se conçoit alors en un espace privilégié d’une confidence, d’une effusion expansive, d’une sanction ou de la récompense. Cette formulation spécifique est souvent dans l’émotion, l’empathie pas toujours partagée parfois douloureuse et contraignante, appelant à ce que l’unanimité sur le don s’engendre autour d’une sacrée immanence – en référence à la philosophie de Plotin qui l’aura inspirée (Sœur Gilles Aimée Cisse). Pour Plotin en sa philosophie, l’organisation des univers se constitue de trois réalités radicales essentielles : l’Un, l’Intellect et l’Âme. L’humain, qui est une partie du monde sensible, doit, par le plus haut degré d’intériorité, remonter de l’Âme à l’Intellect, puis de l’Intellect à l’Un et accomplir ainsi une union mystique avec le Dieu par excellence – et sur l’ensemble d’une orientation approchée consignant et rassemblant tous ceux qui estiment devoir reprendre la voix du poème donné, l’effusion émotionnelle apparaît : donner à voir, donner à exister, donner à s’émerveiller, donner à recevoir. Telle est, il se peut, l’absolue tâche à enseigner et transmettre que s’assigne le don de tout poème dans son lyrisme. En dessinant l’espace d’une résidence poétique en communauté, de l’univers, le poème bride derrière lui très éloignées les opinions et doctrines son caractère obsolète ou sur sa péremption, ou sa légèreté affectée et futile. En aucun cas, à l’inverse, il n’a été plus absolu et impératif qu’aujourd’hui, où la menace pesant sur le vivant n’est plus une fiction de savoir donner, donner et recevoir, recevoir et savoir rendre.
En débutant cette étude Les temps sont durs mais modernes, avons-nous répété pour beaucoup de circonstances. Consécutif à l’effet d’un don se remarque une permutation, ce geste d’empathie affirmé par nos contemporains. Pourtant, l’idée inverse est justifiable : sous les échanges, se tient la possibilité d’un don. Il est une généralité courante depuis quelques décennies : les modernités font qu’une personne doit être décédée afin de relâcher un cynisme assez hypothétique et utilitariste à son égard. Tout à coup, on jette un autre regard sur sa vie, plus ouvert, plus généreux. Faire don de sa personne à l’histoire.
Dès la compréhension de ce dernier acte, s’agissant de ce don, une mise en évidence des perversités possibles est accentuée sans toutefois essayer de nier cette importance de la certitude. Avec A. Koestler, il est même à conjecturer que « dans toute l’Histoire, les ravages causés par des excès d’assertion individuelle sont quantitativement négligeables par comparaison avec les boucheries organisées par transcendance altruiste pour la plus grande gloire d’un drapeau, d’un chef, d’une foi ou d’une conviction politique » (Arthur Koestler). Cependant, nous avons étudié que les perversités d’un don ne peuvent pas correspondre à nos propos en cherchant plutôt à exposer comment ce savoir donner social fonctionne dans son état de manœuvre dit normal. Les communautés actuelles cherchaient à fournir des principes quant à construire un modèle de « l’homo reciprocus », idéalité d’un humain présent qui ne peut correspondre à la réalité du sociologique néanmoins qui, à l’instar de l’homo œconomicus, peut aider à la comprendre.
Peut-on regagner et organiser un sens en faveur des liens sociaux, sans naïveté ni cynisme, c’est-à-dire sans remplacer le fond de l’acte tout en concept ? Dernière question à résoudre : le don peut-il être ce qui nous authentifie les uns aux autres et que nous ne sommes pas des ordonnances truquées ? Certains états au milieu de l’Europe d’aujourd’hui, sans pour autant concevoir leur appartenance mais tout en profitant, mettent en avant les trucages raffinés de l’indépendance d’esprit pour se cacher de leur adoration à leur absolu veau d’or et leurs faux dons à la vie internationale voulue ainsi protégée. La communauté humaine moderne est investie par cette menace de l’objectivation universelle et générale, retour inattendu et ultime résultat de sa longue tentative d’une soumission de la Nature. Faut-il avoir une réponse à tout ? L’action répétée aboutit à ce que les gènes, c’est-à-dire la présence de nos aïeux en nous, sont manœuvrés et transformés – intelligences artificielles concourantes – comme des dispositions naturelles, et que tout nouveau-né, lui-même, devient un objet assujetti à la bio-technologie … espace du don de l’esprit et du corps, des corps très tôt manipulés par des esprits de la finance invasive.
Bibliographie
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Cisse, Sœur Gilles Aimée, Penser la philosophie de Plotin, Préface de Placide Mandona, Autour des cinquante-quatre traités, Tome 1, Paris, Harmattan Sénégal, 2010. Url : senegal.harmattan.fr.
Dewey, John, Démocratie et éducation (1916), Expérience et éducation (1938), Paris, Armand Colin, 2022.
Fournier, Marcel, Écrits politiques de Marcel Mauss, Paris, Fayard, 1996.
Guitry, Alexandre dit Sacha, Théâtre, Je t’adore, Hachette, 1958.
Koestler, Arthur, Le zéro et l’infini, Londres-Paris, Le prestige du livre, 1979, p. 88
Mallarmé, Stéphane, Les Loisirs de la Poste et Récréations postales, (1887) in Ces petits quatrains en forme d’énigmes adressés au cercle des amis proches, Paris, Le Livre de Poche, 2005.
Mauss, Marcel, Essai sur le don, préface Jean-François Bert, in Année sociologique, seconde série,1924, Paris, Flammarion, 2021, p. 211
Ronsard, Pierre de, Hymne de l’automne, Genève, Droz, 1991, p. 410.
Singer, Peter, L’altruisme efficace, (2015 Melbourne) Paris, Les arènes, 2018.
Troude, Bernard, Cinq immersions momentanées dans la rue. Vision d’une société autour d’un IGH holographique : entre Kafka, Trin Xuan Thuan et tous les autres, Paris, Édilivre, 2017.
Notes
[1] Une autre définition de la mémoire, plus complète, est par conséquent celle quand il s’agit de « l’ensemble des mécanismes par lesquels une expérience peut modifier un comportement ultérieur ».
[2] Goldman, Jean-Jacques, Jones, Mickael, Je te donne, 1985.
[3] Soetemont, Vincent, DRH général du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports et du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, 2022. Le renforcement de professionnel entre les femmes et les hommes et la lutte contre toutes les formes de discrimination, qu’elles soient fondées sur le sexe ou sur tout autre critère prohibé par la loi, constituent un enjeu fort et d’actualité. Ce guide est publié sur le site internet du MENJS et sur celui du MESRI. Url : www.enseignementsup-recherche.gouv.fr.
[4] Grand livre de l’altruisme et de la coopération, Essai sur le don de Marcel Mauss nous permet de penser ce que peut être une société de la réciprocité, de l’altruisme.
[5] Paolo Coelho. Url : citations.ouest-france.fr.
[6] Jean-Paul Sartre et Jacques Derrida ont fait remarquer la structure ambivalente de ces notions et leur perpétuelle instabilité.