Bernard Troude
Écrire à la première personne de façon spontanée et choisir pour cette fois de présenter un récit narratif constitue d’élémentaires interprétations de mes témoignages issues de mon cerveau et d’essentielles actions ayant agité l’habituel pour une vie en cours. Des actions, rarement sinon jamais pour certaines, exposées reviennent en images alors qu’elles n’ont jamais été confrontées pendant des rencontres et/ou des rassemblements ou encore de consultations médicales. Ce MOI, l’énonciateur, relate des faits personnellement et réellement vécus, sans forme fonctionnalisée et surtout n’étant pas une fiction engendrée par des ouï-dire ; ce texte marque par la distance temporelle entre l’écriture et les faits racontés une ligne de pensée assujettie par le mémoriel. Il s’agit des mémoires depuis une période de mes trois ans, qui, soit dit en passant, chez les médecins et les pédiatres, ne peuvent exister. Erreur certaine. Les corrélations précises rapportées et étudiées obéissent à un même schéma structurel et thématique social : celui le plus conjoint dans des autobiographies communes, à savoir un schéma qui suit le déroulement chronologique de mon existence. Mon MOI, perturbateur des idées reçues, dès sa prime enfance jusqu’à la jeunesse de l’adulte, sont évoqués des moments de prise de conscience de la condition de classe, à travers la famille, l’école et les divertissements autorisés de la jeunesse après cette guerre qui nous était démontrée par films ou livres. Déjà en histoire, je me souviens d’avoir interpellé l’instituteur dès le CM2, l’instituteur Mr Loubignac, sur le fait que la guerre 39/45 et même celle d’avant (14/18) ne se situait pas qu’en France et en Europe. Le premier instant est manifeste à chaque évènement faisant commuter l’esprit et le corps. J’ai à raconter les luttes et les répressions connues par ma famille et nos proches, et le choc pour mes esprits que constitue le déclenchement de la discrimination voulue par des parents et non par les enfants.
Read MoreChristian Gatard
Ce texte est une chimère littéraire. Il ruisselle de représentations que le réel hésite à reconnaitre comme tel. C’est que la réalité s’y hybride avec la fiction, discrètement, en chuchotant. Elles se murmurent dans l’oreille l’une de l’autre des vies secrètes, des aventures singulières. Les souvenirs évoqués ici sont authentiques pour autant qu’on puisse faire confiance à sa mémoire. Les reconstitutions de fantasmes dissous dans l’acide des souvenirs y constituent une légende personnelle, d’un égoïsme assumé et joyeux. En soulevant le voile qui recouvre précautionneusement le déroulement d’un quotidien qui cache son jeu, ou pour être plus précis ses jeux multiples et trompeurs, j’ai déclenché une forme d’automythographie si tant est qu’un tel concept existe. Tout y est ou a été vécu comme si j’y étais parce que j’y étais. Je ne laisserai personne dire que ce sont des inventions ou des affabulations gratuites. Ce sont des inventions et des affabulations incarnées, qui racontent la vraie vie, ma vraie vie.
Read MoreSavino Calabrese
Ereditare una storia, leggerla e raccontarla attiva una sorta di dialogo a distanza, un dialogo tra storie iniziate in tempi diversi, ma ancora capaci di generare legami e segnare sentieri. Si costruisce una comunità.
Read MoreCarole Martin
Nous souhaiterions montrer dans cet article, l’écriture de thèse comme lieu des manifestations expérientielles de la pensée d’un doctorant mais aussi de son rapport à son écriture qu’il découvre et perfectionne par cette activité. Le rapprochement entre écriture autobiographique et écriture de thèse invite à repenser la thèse comme l’atelier d’expérience de l’écriture et de la réécriture mais aussi d’écriture de l’expérience en lien à son auteur. Amener le lecteur à prendre en compte à la fois l’argumentation scientifique dans l’écriture de thèse mais également la dimension « autobiographique » et subjective de son auteur permettrait davantage de rendre visible le rapport et les interactions entre l’auteur et son écriture comme témoignage de la dynamique transversale et transformative de la pensée de soi dans l’écriture de thèse.
Read MoreMarc Aguie
Le motif de l’Alzheimer met en cause un phénomène inéluctable et essentiel : la construction d’une image de soi fondée sur la sélection, l’ordination et la mise en perspectives des souvenirs. D’une part, cette maladie repose sur une exigence : notre labyrinthe existentiel. Arno Geiger écrit sa vie en décrivant celle de la vieillesse de son père. Elle est minée par l’absence et le délitement mnésique de sorte que la quête de soi deviennent quête de l’errance, déroulement aléatoire placé sous le signe du manque. Par ce biais, l’écriture autobiographique devient non seulement expérientielle, mais aussi éphémère et approximative. D’autre part, de ce déroulement expérientiel chaotique affleure le spontanéisme essentialiste de l’être geigerien. Il fait de son environnement sa représentation par une faculté transformative : l’imagination. Elle neutralise même sa peur de mourir en percevant la mort comme une nouvelle étape de vie, une aventure de l’être. Le motif de l’Alzheimer plaide finalement en faveur d’une écriture autobiographique fragmentaire, désorientée et sensitive, où l’imperfection constitue une source d’inspiration, de création.
Read MoreFatima Zahra El Jamri
L’expression du Moi migrant est une caractéristique majeure des récits migrants, ces écrivains reproduisent leur vécu en mettant en scène le biographique qui s’interfère avec l’origine ethnique ou la généalogie. Leurs productions s’apparentent d’autant plus à une écriture qui libère l’expression de la subjectivité et investit une surproduction de sens, dans une débauche métaphorique subvertissant toute loi. Dans notre réflexion, il est question d’étudier, dans quelques récits migrants, le processus de la fictionnalisation du Moi migrant, un passage obligé de l’identité personnelle à l’identité narrative. L’expérience migratoire devient, ainsi, le catalyseur d’une écriture qui n’est enfin qu’une quête expérientielle et transformatrice du Moi migrant.
Read MoreMathieu Cipriani
Pour documentée qu’elle soit, la mise en récit est nécessairement une construction et donc une fiction. Or selon les formateurs, elle est à même de conduire les stagiaires à des modes d’action qu’ils pourraient déduire eux-mêmes de leurs savoirs expérientiels. Ainsi, la procédure de création est envisagée comme une tâche à accomplir dans la mesure où elle met en dialogue les participants et plus tard, les spectateurs pour mettre en dialogue leurs expériences et leurs représentations de la réalité. Si les conférences sont suivies d’un débat avec le public ou d’un moment de formation, ou encore de la formation d’un groupe de parole, c’est pour chercher à mettre en relation les consciences les unes avec les autres.
Read MoreGoda Bulybenko
In questo contributo è analizzato il passaggio autobiografico del Fedone (96a-102a) ipotizzando che la sua importanza si riveli, in primo luogo, attraverso l’identificazione e la definizione della posizione strategica essenziale che la narrazione di sé assume all’interno dell’ultima conversazione tra Socrate e i suoi amici. In secondo luogo, tale impatto determinante della decisione, da parte di Socrate, di raccontare il proprio passato dopo lo smarrimento dei presenti e prima dell’ultima nonché decisiva argomentazione sull’immortalità dell’anima, è imputabile alla forza trasformativa che contraddistingue la suddetta narrazione e che consiste, più precisamente, a) nel momento empatico intellettuale che evidenzia la necessità ontologica di «rifugiare in certi postulati e considerare in questi la verità delle cose che sono» (100a); b) nel processo dell’autoverifica che coincide con l’elaborazione di un metodo di costruire i logoi simile a una zattera, partendo da un postulato, «quello che ti sembri il migliore fra quelli che sono elevati, via via fino a che tu non pervenissi a qualcosa di adeguato» (101d); c) lo spostamento del vettore conoscitivo dentro l’uomo, ossia la sua anima, «e considerare che il pericolo, ora, sembrerebbe terribile, se non si ha cura di essa» (107c).
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