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Fictions littéraires et mondes de substitution / Sous la direction de Lorenzo Soccavo / Vol.17 N.3 2019

L’accès d’un lectorat au « temps profond » de la préhistoire : processus d’identification individuelle et de projections sociales au tournant du XXe siècle

Emmanuel Boldrini

emmanuel.boldrini@gmail.com

Doctorant contractuel à l’université Lumière Lyon 2. Ses recherches, au sein du laboratoire IHRIM (Institut d’Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités) et dirigées par Delphine Gleizes, portent sur les enjeux et les paramètres de la représentation de la préhistoire dans l’imaginaire fin-de-siècle.


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L’introduction du lecteur dans un univers préhistorique fictionnel pose d’emblée un problème intrinsèquement lié à la période que ce type de récit prétend restituer : là où le roman historique, en vogue dans la première moitié du XIXe siècle, a bénéficié d’une chronologie de référence à laquelle se rapporter (le calendrier géorgien utilisé par les historiens), le roman préhistorique, naissant dans la seconde moitié du même siècle, doit constamment se positionner vis-à-vis du moment présent.

 

Si des typologies sont effectivement tentées pour périodiciser le temps avant l’Histoire[1], elles sont alors loin de faire consensus et circulent peu dans la culture non-savante qui se réfère encore bien souvent à un vocabulaire biblique, dont la bipartition assure une saisie aisée par un public non initié (on parle de période « antédiluvienne » ou « préadamiques »). Le lecteur fait donc face à un récit radicalement exotique : est exhibée non seulement l’étrangeté des lieux (des paysages, mais aussi des climats qui y règnent et de la faune qui y évolue) mais également celle de la temporalité en elle-même, dont le creusement suscite le vertige au regard de la chronologie historique.

 

Les auteurs vont donc trouver des stratégies, que nous allons observer, pour faire passer l’Histoire de l’humanité dans l’histoire du récit. Nous verrons que ces options narratives sont autant d’occasions différentes d’accompagner le lecteur dans un univers qui lui est en tout point étranger. Nous verrons également que ces choix ne sont pas sans incidences sur la portée idéologique des œuvres qui occupera plus spécifiquement la deuxième partie de notre démonstration et dont la relative lisibilité vient à son tour faciliter l’accès du lecteur au temps préhistorique en lui permettant d’y poser un regard comparatif ou assimilateur.

 

1. Seuil des temps et du récit

Stratégies narratives et temporalités : de l’aléthique au poétique

 

Nous pouvons opérer, avec Pierre Citti[2], une première distinction d’ordre très général s’appuyant sur une attention portée à la mise en contexte via l’incipit des récits. Avec l’ « anabase », le récit part du présent mais une stratégie est mise en place pour nous transporter dans les temps préhistoriques (Boitard, Arcelin). Une telle option permet d’ancrer le récit dans le présent du lecteur, facilitant ainsi les gestes d’assimilation, confrontation ou comparaison avec son univers de référence. Une telle option ne donne pas à sentir l’exotisme radical comme allant de soi mais le pose comme un problème, un dépaysement auquel le personnage a lui-même à faire face. A contrario, la situation « in medias res » implique un embrassement par la diégèse du moment préhistorique puisque la narration débute et se clos sur cette période (Haraucourt, Rosny). Bien souvent dans ces cas, une phrase intervient rapidement, qui donne à sentir le vertige du temps que nous évoquions (début du deuxième chapitre chez Haraucourt[3], première phrase chez Rosny[4]) : le « c’était » du récit préhistorique se substitue à l’« il était une fois » du conte merveilleux en lui opposant un caractère factuel que dit bien le glissement de l’impersonnel au présentatif.

 

Si nous considérons un large spectre qui va de la référence la plus franche au temps présent (le récit-cadre est au présent) à son évacuation totale (situation « in medias res », sans indication chronologique relative au présent), nous observons quasi-systématiquement une progression correspondante entre valeur aléthique (qui vise à transmettre un savoir) et valeur poétique du récit (où l’énoncé d’une supposée vérité scientifique est secondaire).

 

D’un côté, Boitard et Arcelin, suscités, accompagnent leur (jeune) lectorat dans une préhistoire qu’ils tentent de vulgariser depuis un présent familier. A l’autre bout du spectre, Lazarre ou Schwob nous invitent dans un univers nébuleux peuplé d’hommes et de bêtes dont la caractérisation, empruntant à un lexique très large et à des épithètes homériques, retire de sa scientificité au propos pour l’inscrire dans une poétique symboliste qui joue de l’atemporalité. Une telle dynamique s’observe au sein même de l’œuvre préhistorique de Rosny aîné : alors que ses premiers récits montrent un souci de la datation nette (Vamireh), ses œuvres plus tardives s’en écartent au profit d’une chronologisation relative à la seule temporalité du récit[5]. Pour ajouter à l’exotisme de cette mise en situation, l’auteur recourt fréquemment à l’énumération, en particulier de noms d’espèces disparues. Ici, le langage technolectal ne doit pas nous tromper et peut participer à la valeur poétique du récit[6], en particulier dans une société fin-de-siècle dont tout un pan de la littérature valorise l’usage du mot rare.

 

Les catégories proposées par Marc Angenot et Nadia Khouri permettent d’embrasser un nombre plus important de productions : elles ajoutent aux récits purement préhistoriques (où le récit se situe dans les temps révolus, que le personnage qui accompagne le lecteur s’y trouve déjà où y parvienne) ceux des « lost world tales ». Ces récits se situent dans le présent du lecteur mais des caractères préhistoriques s’y insinuent toutefois via leur conservation à travers les âges dans un espace préservé que les personnages redécouvrent (Verne, Conan Doyle mais aussi Rosny, dans La Grande Enigme, par exemple). De telles fictions empruntent aux romans d'aventure et trouvent un supplément d'exotisme dans les thèmes préhistoriques.

 

Nous ajouterons une seconde option de résurgence du révolu, permettant l’irruption du préhistorique dans le présent du lecteur que nous appellerons celle de la « recréation » : par une régression interne ou une hybridation imposée de l’extérieur, l’homme retrouve ses caractères primitifs, ou des créatures préhistoriques sont tout bonnement ramenées à la vie par l’action de l’homme. De tels récits abondent dans les littératures décadentes pour des raisons notamment thématiques et poétiques et ont fait l’objet d’un recensement et d’une analyse appuyée dans l’importante étude comparatiste d’Evanghelia Stead[7].

 

Vers la normativité

 

Comme nous l’avons suggéré plus haut, ces modalités formelles d’accompagnement ou non du lectorat contemporain dans la diégèse préhistorique engagent des positionnements idéologiques plus ou moins marqués dont elles facilitent la circulation. A titre d’exemple, une mise en scène de la « recréation » aura tendance à présenter un discours évidemment plus pessimiste sur son époque et sa société (dangers de la science sans conscience pour l’hybridation, atavismes inéluctables pour la régression) qu’une représentation de « mondes perdus » (supériorité et hégémonie de l’homme blanc, glorification de l’expansion et de l’exploration aventureuse). Nous laisserons cependant de côté ces récits de « recréation » qui, s’ils proposent bien un discours sur la préhistoire, ne posent pas le problème de l’exotisme radical auquel se confronte le lecteur. Retenons simplement de ces récits qu’ils favorisent évidemment des réflexions quant au progrès ou à l’état actuel d’une société dans la mesure où leur univers fictionnel est contemporain de celui de leur production, ou anticipe sur un avenir proche (la mise en récit conjecturale d’un retour des caractères préhistoriques dans la société de demain vise évidemment à alerter celle d’aujourd’hui sur les travers qu’on lui désigne).

 

Les fictions faisant usage de l’anabase, en ancrant leur propos dans un récit-cadre correspondant au présent du lecteur, facilitent l’assimilation et la comparaison avec son univers de référence et de fait, l’élaboration d’un discours sur le présent. Il serait pourtant illusoire de considérer les fictions purement préhistoriques comme dénuées de tout substrat idéologique au prétexte de l’étrangéité de l’univers diégétique qu’elles proposent, vis-à-vis de l’univers de référence du lectorat.

 

Considérons d’abord, avec Marc Guillaumie[8], que le roman préhistorique est un roman de l’évolution. En cela, un rapport avec le présent est donc établi puisque le schéma dynamique de l’évolution nous relie à la préhistoire. Guillaumie interroge également la proximité du genre préhistorique qu’il définit avec celui de la science-fiction : elle aussi invite à penser des récits du « possible ». Cependant, le récit de science-fiction part de ce que nous sommes pour imaginer ce que nous pouvons devenir ; ses possibilités sont donc virtuellement infinies. Le genre préhistorique, partant de la même base, imagine ce que nous avons été ; il recherche donc un scénario unique[9].

 

Nous ajoutons, pour la question de l’immersion du lecteur qui nous intéresse, que ce scénario est donc impérativement solidaire des problématiques que le lecteur éprouve dans son environnement contemporain dans la mesure où il tente d’en expliquer les origines. Mieux, il a recours à des assimilations qui, répondant au projet de faire voyager le lecteur dans le temps, participent également à lui faire reconnaître, dans les temps révolus mis en scène, les paramètres de sa société d’appartenance. Nous allons voir que, une fois de plus, si ce jeu de miroir consistant à replier le passé sur le présent s’impose comme une des conditions d’immersion du lecteur dans l’univers préhistorique, il implique et révèle des positionnements idéologiques qui le reconduisent à son environnement contemporain.

 

2. Autrui et soi-même, comparaisons et identifications

La stratégie comparatiste : du « sauvage » au primitif

 

L’application des notions d’« environnement contemporain » au comparatisme ethnographique[10] dont nous nous apprêtons à faire l’examen peut étonner : si les peuples colonisés sont bien les contemporains des publics européens, ils ne partagent qu’occasionnellement leur environnement, et encore, ce voisinage a lieu dans des espaces configurés pour les besoins de l’exhibition plutôt que de la rencontre. Pourtant cette dernière a bien lieu, certes sur des terrains qui biaisent cette entremise en assujettissant les peuples exhibés à une représentation fictionnalisée dont la littérature est l’expression la plus évidente.

 

Le Muséum ethnographique des missions scientifiques, futur Musée de l’Homme ouvert en 1878, où sont notamment exposés des mannequins reconstituant l’évolution de l’industrie humaine, apparaît comme l’espace concret réalisant le mieux les fantasmes que pouvait exprimer virtuellement la littérature anthropologique et leur mise à proximité de l’imaginaire préhistorique. Mais les Expositions universelles semblent être le terrain le plus accessible au large public où se manifeste la volonté de faire concevoir, par le public occidental, les peuples reculés dans le temps à travers la monstration des peuples éloignés dans l’espace[11].

 

La littérature préhistorique reconduit abondamment ce geste comparatiste : pour Pierre Boitard, « certains nègres éthiopiens offrent encore la même figure » que les premiers hommes[12]. Page suivante, ces premiers hommes sont comparés à ceux des « contrées d’Océanie ». L’orteil opposable de ces hommes-singes se retrouverait au Brésil, à Cayenne ou chez les Charruas. Mais une telle caractéristique se retrouverait aussi en France, dans les Landes, sur les pieds des résiniers. Plus loin, Boitard relève la diversité des hommes fossiles dont beaucoup ont une proximité avec les « races nègres », alors que d’autres « commencent à ressembler moins à des singes, mais bien à des têtes des Caraïbes et des anciens habitants du Pérou et du Chili. »[13].

 

On le voit si le préhistorique semble désigner l’autre ou plutôt dénoncer son caractère imparfait pour mieux asseoir la légitimité et le supposé accomplissement de l’homme blanc civilisé, la pluralité des directions dans lesquelles s’engagent ces comparaisons voisine l’éparpillement. Des « sauvages du Canada »[14], dont les outils lithiques seraient comparables à ceux des préhistoriques, aux ruraux landais, le seul dénominateur commun à même de réunir les comparés semble être leur non appartenance à l’ethnie et la classe du préhistorien.

 

Le cas de La France préhistorique, d’Emile Catailhac, nous semble particulièrement parlant pour son mélange de prudence et de spéculations hasardeuses : tantôt le préhistorien s’en tient à l’évocation de « la vie sauvage de nos jours »[15] comme matière propre à nous renseigner sur celle des premiers hommes ou aux « coutumes des sauvages modernes »[16] pour spéculer sur un éventuel cannibalisme originaire, tantôt il renvoie à des peuples bien précis (des populations portugaises sont comparées aux cro-magnons[17], les Andamanais sont cités plus loin[18]). Ailleurs, il nuance cette démarche en avançant que les premiers Européens vivaient dans des conditions plus favorables que les « misérables tribus actuelles »[19], donnée qui invaliderait la nécessité de l’hypothèse des outillages et des mœurs exactement similaires.

 

Ainsi la solution proposée au problème de la conception, par le lectorat, d’une humanité radicalement exotique (car reculée dans un passé immémorial et irreprésentable) implique-t-elle le renvoi à un autre imaginaire exotique dont la connaissance par le public est envisagée comme accessible, sinon acquise. Le recours au comparatisme ethnographique dans la littérature préhistorique joue donc un rôle équivoque : d’une part, comme tentative d’accompagner le lectorat dans le passé en lui proposant des comparés supposément identifiables, elle témoigne du succès des représentations des peuples colonisés et de l’imagerie qui s’y attache. D’autre part, en faisant circuler les stéréotypes raciaux de son époque, elle participe à l’assignation desdits peuples à un imaginaire archaïque et participe à les situer au pied d’un supposé édifice du progrès.

 

La stratégie identificatoire : un miroir performant

 

Si la méthode comparatiste est largement diffusée, elle semble pourtant se voir occasionnellement nuancée. Sur la question de l’anthropophagie, Cartailhac plaide pour, si ce n’est l’incertitude, au moins la prudence, en l’absence de preuves[20]. Il accompagne sa mise en garde d’une évocation des propos d’historiens antiques qui ont prétendu avoir observé des pratiques cannibales en Europe quand ils avaient tout intérêt à noircir les autres peuples dans le contexte de l’expansion de l’Empire Romain.

 

En nous gardant de mettre en procès une époque prise dans son épistemè et ses idéologies, nous pouvons nous étonner qu’une telle mise en perspective contextuelle n’aie pas été étendue et appliquée à la France coloniale contemporaine puisque Cartailhac se garde bien de produire cette analyse, reprenant dans les pages suivantes son geste comparatiste. La référence aux exactions romaines semble bien plutôt servir à asseoir l’idée d’une nation constituée en tant que telle et unie depuis la nuit des temps[21]. Cartailhac évoque en effet, dès sa préface, une « Gaule » de « l’âge de pierre », caractérisée par un état de guerre permanent[22]. Le réflexe belliqueux associé à un proto-peuple portant en germe la nation de demain semble se justifier biologiquement par le concept darwinien du « struggle for life », bien connu à l’époque et aventureusement appliqué à des domaines extra-scientifiques. En cela, et couplé à la mise en lumière de la supposée infériorité des autres peuples, la mise en valeur de ce réflexe a pu permettre d’asseoir la légitimité des invasions coloniales, menées par une nation dont l’esprit de conquête serait tout naturel[23].

 

Appliquée à la société d’appartenance de celui qui produit le discours préhistorique, le comparatisme semble bien appuyer une entreprise double de dénonciation et de légitimation. D’un côté, la mise en avant de travers que l’on veut corriger (et dont on fait porter la responsabilité à diverses figures responsables du ralentissement, voire de la régression de la marche de l’humanité), de l’autre, la valorisation d’un modèle hiérarchique et organisationnel que sa supposée ancienneté est censée légitimer. La reconduction d’un modèle familial normatif et bourgeois est à cet égard parlante par l’abondance des exemples offerts. Chez Cartailhac, nous lisons par exemple : « Quel singulier hasard ! Dans une gravure, l’homme se manifeste par son industrie, son courage, sa virilité. Sur l’autre, la femme se montre également sous de vraies couleurs dans son rôle éternel de coquette et de mère. »[24]

 

Ici encore, le jeu de miroir consistant à projeter sur la préhistoire les habitus contemporains ne va pas sans engager un geste normatif, voire prescriptif dans un contexte dont les éléments mélioratifs semblent valoriser l’état supposément originaire des femmes et sa résonance dans l’époque moderne. Ainsi l’accompagnement du lecteur dans la préhistoire semble-t-il s’organiser au prix d’une biologisation de ses habitudes culturelles.

 

Il apparaît donc que l’opportunité donnée au bourgeois moderne de se reconnaître en l’homme préhistorique s’accompagne d’un geste de réassurance quant au bien-fondé de la position sociale qu’il occupe. Un tel examen nous invite à observer la portée idéologique et la valeur socialement normative du geste d’importation de modèles scientifiques en terrain fictionnel. Ces observations se révèlent évidemment opérantes lorsque nous portons notre attention sur des textes à valeur plus poétique et moins aléthique[25], mais on note, dans ces derniers cas, un refus du propos édifiant qui tend à alléger la charge trop manifestement idéologique du discours.

 

La résolution de l’aporie qu’implique l’accompagnement du lectorat dans la diégèse radicalement exotique de la préhistoire implique le recours à des procédés formels et thématiques qui ménagent une projection de l’époque contemporaine sur l’époque représentée et normalisent, en retour, la première au regard d’une construction fantasmée de la seconde. Dans le voisinage de cette entreprise d’identification où le lecteur et le préhistorique semblent finalement se rencontrer à mi-chemin des millénaires qui les séparent, une stratégie est fréquemment mobilisée qui paraît autoriser voire encourager cette dynamique de transferts : la narration métonymique consistant à faire du personnage l’incarnation de son espèce ou de sa « race »[26] inscrit ces dernières dans une dynamique où le lectorat est invité à se situer dans la marche ascensionnelle ou descensionnelle de l’humanité.

 

Bibliographie

 

Arcelin [Cranile], Adrien, Solutré ou les chasseurs de rennes de la France centrale, Paris, Hachette, 1872.

Boitard, Pierre, Paris avant les Hommes, Passard, 1861.

Cartailhac, Émile, La France Préhistorique, d’après les sépultures et les monuments, Paris, Baillière, 1889.

Guillaumie, Marc, Le Roman préhistorique, essai de définition d’un genre, essai d’histoire d’un mythe, Limoges, PULIM, 2006.

Haraucourt, Edmond, Les Âges, Daâh le premier homme, Paris, Arléa, 1988 [1914].

Jeanneret, Yves, Écrire la science. Formes et enjeux de la vulgarisation, Paris, PUF, 1994

Lazarre, Bernard, « L’Offrande à la déesse », Le Miroir des légendes, Paris, Alphonse Lemerre éditeur, 1892.

Rosny Aîné, J.H. [Joseph Henri Honoré Boex], La Guerre du feu et autres romans préhistoriques, Paris, éditions Robert Laffont, collection « Bouquins », 1985

Schwob, Marcel , « L’Âge de la pierre polie : la vendeuse d’ambre », Cœur double, Paris, Paul Ollendorff, 1891.

Schwob, Marcel, « La Mort d’Odjigh », Le Masque d’or, Paris, Paul Ollendorff, 1893.

Stead, Evanghélia, Le Monstre, le singe et le fœtus. Tératogonie et Décadence dans l’Europe fin-de-siècle, Genève, Droz, 2004.

Verne, Jules, Voyage au centre de la terre, Paris, Gallimard, collection Folio « classique », 2014.

 

Notes

 

[1] Retenons en particulier la chronologie animale proposée par Edouard Lartet en 1861 (âge du renne, du grand ours…), la chronologie industrielle, par John Lubbock en 1865 (néolithique, paléolithique), enfin, celle que propose Gabriel de Mortillet en 1869 et renvoyant aux sites des découvertes (Solutréen, Magdalénien…).

[2] Les nomenclatures que nous empruntons à d’autres chercheur.euse.s sont résumées par Marc Guillaumie dans Le Roman préhistorique, essai de définition d’un genre, essai d’histoire d’un mythe, Limoges, PULIM, 2006, p.252 à 256.

[3] « C’était aux premier jours de l’espèce humaine […] », Haraucourt, p.34.

[4] « C’était il y a vingt mille ans », dans Vamireh, Rosny, p.19.

[5] Aucune indication n’est lisible dans les premières pages de La Guerre du feu. Le deuxième chapitre s’ouvre sur « c’était à l’aube suivante », et les chapitres suivants commencent également sur une situation chronologique mais toujours relative à ce qui précède.

[6] Pour Yves Jeanneret, « les termes scientifiques y [dans le discours vulgarisateur] mobilisent toute une valeur connotative, qui déborde la fonction opératoire que leur reconnaissent les chercheurs. ». Jeanneret, p.332

[7] Stead, p.354.

[8] Guillaumie, p.68.

[9] Ces réflexions de Marc Guillaumie s’inscrivent dans la continuité des nomenclatures qu’il présente, p.252 à 256, et que nous avons signalées plus haut.

[10] Méthode consistant à rechercher dans les populations non-occidentales contemporaines des hypothèses concernant les modes de vie et d’organisation des sociétés préhistoriques. Pour François-Xavier, Fauvelle-Aymar, François Bon et Karim Sadr, ce geste incite à « penser que les "primitifs" côtoyés lors des voyages de découvertes ou étudiés par les chercheurs de terrain ont quelque chose à nous apprendre sur nos ancêtres. La distance spatiale serait en somme un bon étalon de la distance temporelle. De façon avouée ou non, ce que nous croyons découvrir chez l’autre, c’est ce qui a disparu chez nous-mêmes ; le voyage ailleurs est souvent un voyage avant. » dans « L’Ailleurs et l’avant », L’Homme, 184 | 2007, 25-45.

[11] La démocratisation de ces représentations a notamment été observée par Cohen, Claudine, L'Homme des origines. Savoirs et fictions en préhistoire, Paris, Seuil, 1999, ou Richard, Nathalie, « une science dans le siècle, dans Inventer la préhistoire, les débuts de l’archéologie préhistorique en France, Paris, Vuibert, 2008 et de manière plus spécifique encore par la préhistorienne Patou-Mathis, Marylène, Le Sauvage et le préhistorique, miroir de l’homme occidental, Paris, Odile Jacob, 2011.

[12] Boitard , p.249.

[13] Ibid., p.251.

[14] Ibid., p.243.

[15] Cartailhac, p.IV.

[16] Ibid., pp.112, 113.

[17] Ibid., p.130.

[18] Ibid., p.159.

[19] Ibid., p.49.

[20] Ibid., pp.140, 141.

[21] Cette idée est déjà sensible dans l’intitulé de la présentation de Gabriel de Mortillet pour l’Exposition universelle de 1867, « La Gaule avant l'emploi des métaux ».

[22] « La guerre régnait dans cette très vielle Gaule préhistorique. », (chapitre VIII, p.150) ; plus loin : « Partout la lutte pour la vie. »

[23] La guerre est également un trope rosnien que l’ont voit apparaître, dès avant La Guerre du feu, dans Vamireh où une guerre aux accents napoléoniens se livre dans le chap. XXI « La défaite ».

[24] Cartailhac, chapitre IV, p.77.

[25] Chez Schwobe et Lazarre, dans notre bibliographie. A mi-chemin entre ces intentions, nous pouvons relever l’exemple de Rosny qui, dans Vamireh assigne sans plus d’assise scientifique des rôles genrés aux hommes et aux femmes, les premiers étant placés du côté de l’action, les secondes, de la parure et de la coquetterie (chapitre II « la Horde »).

[26] Frappant chez Rosny ou dans Daah, le premier homme, d’Edmond Haraucourt.

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