La mythanalyse se distingue des études historiques et érudites de mythologie par son engagement épistémologique et éthique dans l’actualité. Elle affirme cependant que nous avons aujourd’hui autant de mythes que les Égyptiens et les Grecs anciens, même si nous n’en avons pas conscience et nous déclarons modernes. Elle revendique pour elle-même un statut de théorie-fiction et une recherche de lucidité dans une démarche relativiste, qui distingue les mythes bienfaisants des mythes toxiques et en propose de nouveaux : la conscience augmentée, l’hyperhumanisme, l’éthique planétaire, dans une exigence de dénonciation du scandale du monde actuel.
La séduction de l'autre comme forme de plaisir et la nécessité de bâtir une image personnelle attractive, nous surplombent et nous éloignent de l'opportunité de faire l'expérience d'une écoute sensible de soi et de l'autre par l'écriture autobiographique. La multiplicité d'écritures témoignent, toutefois, d'un travail de nature esthétique et éthique, balisant des dimensions hétérogènes, sociales et culturelles, interpersonnelles et intrapsychiques, et d'un effort considérable de raconter le monde et la vie par une nouvelle présence poétique souffrante de l'impermanence de l'existence se transformant sans cesse en joie de vivre. Comment allons-nous raconter le monde aux générations futures ? Ces mémoires collectives sont notre patrimoine culturel immatériel, un héritage mémoriel et symbolique que nous allons sauvegarder étayant un imaginaire soumis ou émancipé aux mythes, aux représentations et valeurs néfastes ou bienfaisant, sombres ou plein d'espoir pour les relations humaines. Nous sommes ainsi des sentinelles mythanalytiques, guettant un patrimoine culturel vital se constituant en tant que mémoire de toute une société, dépositaire de ses valeurs culturelles, pouvant enrayer les cauchemars de notre histoire.
Cessez de combattre ce qui est nouveau dans vos jours. Faites abstraction de la notion du temps dans la dimension qui est la vôtre. Abandonnez l’idée que les temps sont égaux pour nous et pour les autres. Installez la synchronicité en vous et laisser que la synchronie s’installe dans le moment opportun. Définissez votre rythme entre le temps et les faits. Vivez votre moment dans le temps que vous avez. Pas avant ou après. Brodez le temps. Utilisez toutes les couleurs des lignes et des fils pour tisser la trame de votre vie. Nos jours se tissent en différents tessitures. Acceptez l’enlacement’ et la trame de l’esquisse, et lisez votre propre carte maritime, avant de se jeter dans la mer. Même si c'est énorme, il y a une limite. Et c'est à partir de cette limite, de cette trame et enlacement que, dans une incorporation transitoire nous puissions écrire un bréviaire d’espoir.
Il n'y a pas de non-savoir, il n'y a pas d'ignorance, il y a un savoir qui fait écran à un autre, c'est à dire qu'il y a tout un système de représentations qui empêche que les questions soient posées. C'est uniquement lorsque nous butons, dans la confrontation au réel, contre notre savoir constitué ou notre structure psychique, sur des images ou des faits que nous ne pouvons lire, comprendre, éprouver ou supporter, que nous sommes contraints, je dis bien contraints et obligés, de repenser notre système de questionnement et de valeurs. Cela procède plus d'une nécessité interne que d'une démarche volontariste, notion de destin sans doute !
Avec la notion de synchronicité, Jung soutient que les phénomènes psychiques et matériels font partie du même monde et, en tant qu'hypothèse, ils doivent être en quelque sorte connectés. Comme le psychisme et la matière sont enfermés dans un seul et même monde et, en outre, ils sont en contact permanent les uns avec les autres, il y a non seulement la possibilité, mais même une certaine probabilité que la matière et la psyché sont deux aspects différent d'une seule et même chose. Les phénomènes de synchronicité pointent dans cette direction, mais sans la présence d'un lien causal entre eux.
La relation d’amour est un rendez-vous ordinaires de la vie des amoureux ! Un lieu de rencontre entre le sentiment et la personne. C’est un lieu de récits, des incertitudes, d’inquiétudes, et de plaisirs. Ces faits arrivent aux femmes brésiliennes immigrées au Liban, à la suite d’une relation amoureuse avec des musulmans libanais. Le Livret est un instrument important pour la prévention des maltraitances conjugales. Il indique les différentes procédures juridiques applicables aux relations entre hommes et femmes, et baigne dans un contexte de morale religieuse. L’islam est un mouvement sociopolitique religieux, omniprésent dans les institutions. L’analyse du droit musulman est difficile, il y a des complexités importantes, inhérentes au droit séculaire. L’utilisation des religions et des idéologies à des fins politiques existera toujours, la pulsion religieuse tout comme la pulsion idéologique étant inscrites dans les gènes de l’humanité, au même titre que les pulsions de reproduction et de survie. Aussi, la logique rationaliste dans les règles coutumières réduits l’amour à une converge de centres d’intérêt et de plaisirs, soumettant les femmes potentielles à une évaluation comparative. Mais celles-ci ne domineraient pas complètement les idéologies et modèles amoureux contemporains.
Les mythes se déchiffrent au miroir d'une époque, mais au-delà, ils en sont aussi les sources vives. Leurs énergies se déplacent dans le temps et offrent, comme les sources, des espaces de résurgence et comme les pierres, des formes enchâssées. La plasticité des récits aux formes élémentaires, aux correspondances et aux couleurs, permet de désenchâsser et de fluidifier des forces mythiques qui circulent souvent à notre insu. L’article qui suit propose quelques points d’acupuncture qui permettent de comprendre la prégnance de certains récits en ce qu’ils sont bienfaisants, décalés ou redoutables. Au-delà de ces récits buissonnants, les couleurs et les paysages participent de l’harmonie ou du désordre que les mythes suggèrent dans la permanence de la nature et du désir d’apprendre et de se laisser guider.
Les monuments élevés par et pour une religion, une idéologie, une paranoïa sont peut-être mus par ce mouvement vers le haut continuellement frustré depuis la nuit des temps. La hauteur remarquable des nefs, le vertige d’aspiration élévatrice des coupoles sont rehaussés sans fin par les lignes qui culminent dans les arcades. L’architecture mystique de l’intérieur comme de l’extérieur répond à ces dépassements systématiques de la dimension de l’humain. Les arcs boutant à double ou triple volées soutiennent de leurs présences visibles, exotériques, l’énorme effort de surhumain auquel est soumise cette structure dynamique de matière infiniment lourde, soumise à jamais aux impératifs de la gravitation, aux forces cosmiques répulsives qui les refusent. L’autorité du ciel les écrase. La matière est passive, l’homme exténué. Les efforts sont vains. Et pourtant c’est la réactivation des mythes les plus profondément enracinés qui a poussée l’homme à bâtir.
Dans un monde fait de fables et peuplés de fées, comme tend à devenir le nôtre, une vision sereine de l’activité humaine comme productrices de mythes permet de garder à la fois l’énergie de l’action et la distance critique : ce qui est le strict nécessaire pour faire œuvre utile. Il existe le sentiment du mythe : c’est-à-dire l’intuition qu’il y a une réalité magique, officieuse et méconnue, dans le désir et ce qu’il promet. Retrouver ce sentiment d’urgence, cette envie de regarder de l’autre côté de l’apparence et de voir en face des choses nues, suppose un travail de l’esprit sur le corps, pour le rendre à sa sensibilité initiale. Tout doit lui être consacré, car il s’agit de la plus grande aventure possible : faire entrer dans les filets du sens ce qui sans doute, n’a pas de visage. Le savoir, la découverte, la surprise, l’inquiétude, l’amitié, le sentiment du péril, l’œuvre et l’absence d’œuvre, la colère, l’humour, la vitesse, sont quelques-uns des moteurs qui nous rendent capables de nous former une vision. J’appelle vision l’accomplissement du mythe, son sens héraldique en pleine lumière, et ce moment de foudre où il cesse d’être écriture et devient constellation.
Nos valeurs, nos comportements, nos créations, nos institutions, nos conflits, nos espoirs et nos peurs s’inscrivent dans ces grandes configurations mythiques qui émergent, se transforment ou s’effacent selon nos évolutions sociologiques, c’est-à-dire, politiques, économiques, technoscientifiques, sans que nous sachions si le mythe de l’unité perdue l’emportera sur celui de la singularité. Est-ce l’individualisme qui triomphera finalement ? Ou le mondialisme ? Tous deux revendiquent la supériorité de leur créativité. Les enjeux sont imaginaires, mais la bataille est bien réelle. Pour reprendre et amplifier les mots du poète allemand Hölderlin, c’est mythiquement que nous habitons le monde.
Ce texte a pour unique ambition d'aborder les principaux points qui seraient à étudier pour déterminer en quoi la mythanalyse, définie comme : une tentative « de repérer et de déchiffrer les mythes qui déterminent les imaginaires sociaux d'aujourd'hui […] pour expliquer [leur rôle] dans la structuration de notre image du monde et de nous-mêmes, et l'émergence des idéologies dominantes » (Hervé Fischer), pourrait participer de l'autonomisation du lecteur de fictions littéraires, en lui permettant d'exercer sur ses lectures une pensée critique et active, à même de renforcer individuellement sa liberté d'esprit, et comment, en retour, une telle émancipation du lecteur pourrait à son tour favoriser le développement d'une lecture mythanalytique de nos sociétés.
Notre monde social est en pleine mutation, autrement dit les valeurs qui ont fondé la modernité ne font plus sens et un autre monde, postmoderne, est en gestation. C’est à travers le retour en force de la valeur de l’amitié que nous essayerons de comprendre cette mutation, valeur mise en berne pendant la modernité sous le joug de l’individualisme. Et pour appréhender cet état de fait, nous nous appuierons sur la mythanalyse, et ce à travers trois mythes qui pourront nous éclairer dans cette démarche : le mythe de Prométhée tel que relaté par Protagoras via Platon, celui de Gilgamesh et son alter ego Enkidou, et enfin nous nous attacherons à donner une interprétation du mythe de la Tour de Babel qui nous semble plus en congruence avec les transformations sociales en cours.
Les femmes et les hommes modernes apparaissent comme profondément inachevés, assumant pourtant cet inachèvement par la pratique de l'écriture de soi avec ses entrées bariolées dans le flux de l'existence situant la personne en tant que figure du collectif, s'appropriant de moments investis de significations, sociologiques et anthropologiques, de fragments de soi dans sa relation à la totalité des moments évoqués. La fabulation d'insularités inédites en gestation, accouchant un corps autobiographique pour se penser en relation, comme une île participant émotionnellement à un archipel plus vaste, sous-tend des microcosmes paradigmatiques explorant la possibilité de découvrir dans la fonction fantastique de l'imaginaire une relation avec les autres et le monde qui ne se définit pas en termes de compétition et supériorité, pour rendre présent ce monde qui nous vient à l'encontre avec le rythme de la vie dans son inconciliable beauté et altération.
Hervé Fischer
La mythanalyse se distingue des études historiques et érudites de mythologie par son engagement épistémologique et éthique dans l’actualité. Elle affirme cependant que nous avons aujourd’hui autant de mythes que les Égyptiens et les Grecs anciens, même si nous n’en avons pas conscience et nous déclarons modernes. Elle revendique pour elle-même un statut de théorie-fiction et une recherche de lucidité dans une démarche relativiste, qui distingue les mythes bienfaisants des mythes toxiques et en propose de nouveaux : la conscience augmentée, l’hyperhumanisme, l’éthique planétaire, dans une exigence de dénonciation du scandale du monde actuel.
Orazio Maria Valastro
La séduction de l'autre comme forme de plaisir et la nécessité de bâtir une image personnelle attractive, nous surplombent et nous éloignent de l'opportunité de faire l'expérience d'une écoute sensible de soi et de l'autre par l'écriture autobiographique. La multiplicité d'écritures témoignent, toutefois, d'un travail de nature esthétique et éthique, balisant des dimensions hétérogènes, sociales et culturelles, interpersonnelles et intrapsychiques, et d'un effort considérable de raconter le monde et la vie par une nouvelle présence poétique souffrante de l'impermanence de l'existence se transformant sans cesse en joie de vivre. Comment allons-nous raconter le monde aux générations futures ? Ces mémoires collectives sont notre patrimoine culturel immatériel, un héritage mémoriel et symbolique que nous allons sauvegarder étayant un imaginaire soumis ou émancipé aux mythes, aux représentations et valeurs néfastes ou bienfaisant, sombres ou plein d'espoir pour les relations humaines. Nous sommes ainsi des sentinelles mythanalytiques, guettant un patrimoine culturel vital se constituant en tant que mémoire de toute une société, dépositaire de ses valeurs culturelles, pouvant enrayer les cauchemars de notre histoire.
Ana Maria Peçanha
Cessez de combattre ce qui est nouveau dans vos jours. Faites abstraction de la notion du temps dans la dimension qui est la vôtre. Abandonnez l’idée que les temps sont égaux pour nous et pour les autres. Installez la synchronicité en vous et laisser que la synchronie s’installe dans le moment opportun. Définissez votre rythme entre le temps et les faits. Vivez votre moment dans le temps que vous avez. Pas avant ou après. Brodez le temps. Utilisez toutes les couleurs des lignes et des fils pour tisser la trame de votre vie. Nos jours se tissent en différents tessitures. Acceptez l’enlacement’ et la trame de l’esquisse, et lisez votre propre carte maritime, avant de se jeter dans la mer. Même si c'est énorme, il y a une limite. Et c'est à partir de cette limite, de cette trame et enlacement que, dans une incorporation transitoire nous puissions écrire un bréviaire d’espoir.
Norbert Chatillon
Il n'y a pas de non-savoir, il n'y a pas d'ignorance, il y a un savoir qui fait écran à un autre, c'est à dire qu'il y a tout un système de représentations qui empêche que les questions soient posées. C'est uniquement lorsque nous butons, dans la confrontation au réel, contre notre savoir constitué ou notre structure psychique, sur des images ou des faits que nous ne pouvons lire, comprendre, éprouver ou supporter, que nous sommes contraints, je dis bien contraints et obligés, de repenser notre système de questionnement et de valeurs. Cela procède plus d'une nécessité interne que d'une démarche volontariste, notion de destin sans doute !
Walter Melo
Avec la notion de synchronicité, Jung soutient que les phénomènes psychiques et matériels font partie du même monde et, en tant qu'hypothèse, ils doivent être en quelque sorte connectés. Comme le psychisme et la matière sont enfermés dans un seul et même monde et, en outre, ils sont en contact permanent les uns avec les autres, il y a non seulement la possibilité, mais même une certaine probabilité que la matière et la psyché sont deux aspects différent d'une seule et même chose. Les phénomènes de synchronicité pointent dans cette direction, mais sans la présence d'un lien causal entre eux.
Maria De Lourdes Dos Reis Brito
La relation d’amour est un rendez-vous ordinaires de la vie des amoureux ! Un lieu de rencontre entre le sentiment et la personne. C’est un lieu de récits, des incertitudes, d’inquiétudes, et de plaisirs. Ces faits arrivent aux femmes brésiliennes immigrées au Liban, à la suite d’une relation amoureuse avec des musulmans libanais. Le Livret est un instrument important pour la prévention des maltraitances conjugales. Il indique les différentes procédures juridiques applicables aux relations entre hommes et femmes, et baigne dans un contexte de morale religieuse. L’islam est un mouvement sociopolitique religieux, omniprésent dans les institutions. L’analyse du droit musulman est difficile, il y a des complexités importantes, inhérentes au droit séculaire. L’utilisation des religions et des idéologies à des fins politiques existera toujours, la pulsion religieuse tout comme la pulsion idéologique étant inscrites dans les gènes de l’humanité, au même titre que les pulsions de reproduction et de survie. Aussi, la logique rationaliste dans les règles coutumières réduits l’amour à une converge de centres d’intérêt et de plaisirs, soumettant les femmes potentielles à une évaluation comparative. Mais celles-ci ne domineraient pas complètement les idéologies et modèles amoureux contemporains.
Sylvie Dallet
Les mythes se déchiffrent au miroir d'une époque, mais au-delà, ils en sont aussi les sources vives. Leurs énergies se déplacent dans le temps et offrent, comme les sources, des espaces de résurgence et comme les pierres, des formes enchâssées. La plasticité des récits aux formes élémentaires, aux correspondances et aux couleurs, permet de désenchâsser et de fluidifier des forces mythiques qui circulent souvent à notre insu. L’article qui suit propose quelques points d’acupuncture qui permettent de comprendre la prégnance de certains récits en ce qu’ils sont bienfaisants, décalés ou redoutables. Au-delà de ces récits buissonnants, les couleurs et les paysages participent de l’harmonie ou du désordre que les mythes suggèrent dans la permanence de la nature et du désir d’apprendre et de se laisser guider.
Christian Gatard
Les monuments élevés par et pour une religion, une idéologie, une paranoïa sont peut-être mus par ce mouvement vers le haut continuellement frustré depuis la nuit des temps. La hauteur remarquable des nefs, le vertige d’aspiration élévatrice des coupoles sont rehaussés sans fin par les lignes qui culminent dans les arcades. L’architecture mystique de l’intérieur comme de l’extérieur répond à ces dépassements systématiques de la dimension de l’humain. Les arcs boutant à double ou triple volées soutiennent de leurs présences visibles, exotériques, l’énorme effort de surhumain auquel est soumise cette structure dynamique de matière infiniment lourde, soumise à jamais aux impératifs de la gravitation, aux forces cosmiques répulsives qui les refusent. L’autorité du ciel les écrase. La matière est passive, l’homme exténué. Les efforts sont vains. Et pourtant c’est la réactivation des mythes les plus profondément enracinés qui a poussée l’homme à bâtir.
Luc Dellisse
Dans un monde fait de fables et peuplés de fées, comme tend à devenir le nôtre, une vision sereine de l’activité humaine comme productrices de mythes permet de garder à la fois l’énergie de l’action et la distance critique : ce qui est le strict nécessaire pour faire œuvre utile. Il existe le sentiment du mythe : c’est-à-dire l’intuition qu’il y a une réalité magique, officieuse et méconnue, dans le désir et ce qu’il promet. Retrouver ce sentiment d’urgence, cette envie de regarder de l’autre côté de l’apparence et de voir en face des choses nues, suppose un travail de l’esprit sur le corps, pour le rendre à sa sensibilité initiale. Tout doit lui être consacré, car il s’agit de la plus grande aventure possible : faire entrer dans les filets du sens ce qui sans doute, n’a pas de visage. Le savoir, la découverte, la surprise, l’inquiétude, l’amitié, le sentiment du péril, l’œuvre et l’absence d’œuvre, la colère, l’humour, la vitesse, sont quelques-uns des moteurs qui nous rendent capables de nous former une vision. J’appelle vision l’accomplissement du mythe, son sens héraldique en pleine lumière, et ce moment de foudre où il cesse d’être écriture et devient constellation.
Hervé Fischer
Nos valeurs, nos comportements, nos créations, nos institutions, nos conflits, nos espoirs et nos peurs s’inscrivent dans ces grandes configurations mythiques qui émergent, se transforment ou s’effacent selon nos évolutions sociologiques, c’est-à-dire, politiques, économiques, technoscientifiques, sans que nous sachions si le mythe de l’unité perdue l’emportera sur celui de la singularité. Est-ce l’individualisme qui triomphera finalement ? Ou le mondialisme ? Tous deux revendiquent la supériorité de leur créativité. Les enjeux sont imaginaires, mais la bataille est bien réelle. Pour reprendre et amplifier les mots du poète allemand Hölderlin, c’est mythiquement que nous habitons le monde.
Lorenzo Soccavo
Ce texte a pour unique ambition d'aborder les principaux points qui seraient à étudier pour déterminer en quoi la mythanalyse, définie comme : une tentative « de repérer et de déchiffrer les mythes qui déterminent les imaginaires sociaux d'aujourd'hui […] pour expliquer [leur rôle] dans la structuration de notre image du monde et de nous-mêmes, et l'émergence des idéologies dominantes » (Hervé Fischer), pourrait participer de l'autonomisation du lecteur de fictions littéraires, en lui permettant d'exercer sur ses lectures une pensée critique et active, à même de renforcer individuellement sa liberté d'esprit, et comment, en retour, une telle émancipation du lecteur pourrait à son tour favoriser le développement d'une lecture mythanalytique de nos sociétés.
Jawad Mejjad
Notre monde social est en pleine mutation, autrement dit les valeurs qui ont fondé la modernité ne font plus sens et un autre monde, postmoderne, est en gestation. C’est à travers le retour en force de la valeur de l’amitié que nous essayerons de comprendre cette mutation, valeur mise en berne pendant la modernité sous le joug de l’individualisme. Et pour appréhender cet état de fait, nous nous appuierons sur la mythanalyse, et ce à travers trois mythes qui pourront nous éclairer dans cette démarche : le mythe de Prométhée tel que relaté par Protagoras via Platon, celui de Gilgamesh et son alter ego Enkidou, et enfin nous nous attacherons à donner une interprétation du mythe de la Tour de Babel qui nous semble plus en congruence avec les transformations sociales en cours.
Orazio Maria Valastro
Les femmes et les hommes modernes apparaissent comme profondément inachevés, assumant pourtant cet inachèvement par la pratique de l'écriture de soi avec ses entrées bariolées dans le flux de l'existence situant la personne en tant que figure du collectif, s'appropriant de moments investis de significations, sociologiques et anthropologiques, de fragments de soi dans sa relation à la totalité des moments évoqués. La fabulation d'insularités inédites en gestation, accouchant un corps autobiographique pour se penser en relation, comme une île participant émotionnellement à un archipel plus vaste, sous-tend des microcosmes paradigmatiques explorant la possibilité de découvrir dans la fonction fantastique de l'imaginaire une relation avec les autres et le monde qui ne se définit pas en termes de compétition et supériorité, pour rendre présent ce monde qui nous vient à l'encontre avec le rythme de la vie dans son inconciliable beauté et altération.