L'esigenza d'attualità della mitanalisi
A cura di Hervé Fischer - Ana Maria Peçanha - Orazio Maria Valastro
M@gm@ vol.16 n.2 Maggio-Agosto 2018
Atti del convegno In cerca di mitanalisi
Convegno internazionale di studi sulla teoria mitanalitica
23 Ottobre 2017 - Università Paris Descartes
L'EXIGENCE D'ACTUALITÉ DE LA MYTHANALYSE
Hervé Fischer
hfischer@hervefischer.net
Artiste-philosophe multimédia, de nationalité française et canadienne, Hervé Fischer a initié l'art sociologique au début des années 1970, et pratique aujourd'hui le tweet art et la tweet philosophie. Son travail a été présenté dans de nombreux musées internationaux et biennales. Le Centre Georges Pompidou lui a consacré une rétrospective Hervé Fischer et l'art sociologique en 2017. Pionnier du numérique au Québec, où il a fondé en 1985 la Cité des arts et des nouvelles technologies de Montréal (expositions Images du futur), le premier Café électronique au Canada, le Marché international du multimédia, la Fédération internationale des associations de multimédia, le Festival Téléscience, Science pour tous. Ses recherches portent sur l'art, la sociologie des couleurs, le numérique, les imaginaires sociaux, l'hyperhumanisme. Il a conçu le Medialab québécois Hexagram. Il a publié une vingtaine de livres, dont Théorie de l'art sociologique, L'Histoire de l'art est terminée (1981), Le choc du numérique (2002), CyberProméthée, l'instinct de puissance (2003), La planète hyper, de la pensée linéaire à la pensée en arabesque (2004), La société sur le divan (2007), L'Avenir de l'art (2010), La pensée magique du Net(2014), La divergence du futur (2014), Market Art (2016). Il a fondé la Société internationale de mythanalyse.
Atelier esperienziale Immaginare per comprendere il mondo L’esperienza dell’erranza vissuta nella creatività autobiografica Disegno: Danilo Pistone - Liceo Artistico Statale Emilio Greco Ateliers dell'immaginario autobiografico © OdV Le Stelle in Tasca |
Les mythes naissent et meurent, se transforment et se reconfigurent. Les mythologies relèvent donc de l’histoire et de la sociologie de nos imaginaires sociaux. La mythanalyse ne saurait être confondue avec la recherche érudite des mythographes qui tentent de reconstituer, explorer, comparer, articuler les anciens mythes indo-européens, africains ou mayas. Nous considérons l’histoire des mythologies, qui a été jusqu’à présent le principal domaine de recherche des spécialistes, tels Mircea Eliade, Roger Caillois, Georges Dumézil, Georges Devereux, comme une mémoire de nos imaginaires passés qui n’intéresse la mythanalyse que dans la mesure où de vieux mythes soutiennent encore des croyances actuelles, généralement selon de nouvelles déclinaisons et interprétations.
Cela dit, la mythanalyse postule qu’il y a autant de mythes aujourd’hui dans nos imaginaires collectifs de modernes, qu’il y en eut jadis dans les sociétés viking ou perse et son champ d’études est donc vaste et actuel.
La mythanalyse est une sociologie des imaginaires sociaux
Certes, des spécialistes ont cherché à démontrer l’universalisme éternel des mythes et ont prétendu s’en réclamer pour analyser l’époque contemporaine. Ils ont fondé plusieurs écoles de pensée. On compte parmi eux les chercheurs en mythographie comparée à l’enseigne de Max Müller, James Frazer, Henry Corbin. On compte aussi les psychanalystes jungiens qui ont imaginé découvrir des archétypes éternels, a-sociologiques et anhistoriques, dans les imaginaires sociaux, qu’ils appliquent à l’analyse de notre inconscient collectif d’aujourd’hui, tel Joseph Campbell. Il faut mentionner aussi les fondateurs de l’ethnopsychanalyse Georges Devereux et Tobie Nathan ou les anthropologues psychanalystes dans la foulée de Géza Róheim. Les uns découvrent des fonctions tripartites primordiales, les autres des emboîtements ou des symétries, des hiérarchies, des configurations, d’autres des logiques, d’autres encore des déclinaisons binaires ou triangulaires, voire des algorithmes qui engendrent des mutations de mythèmes : tout un appareillage sophistiqué d’alchimie mythographique. Les structuralistes disciples de Lévi-Strauss s’en sont mêlés, qui rejettent toute dimension socio-historique au nom d’une mathématique sociale, elle aussi universelle et éternelle. Lévi-Strauss pensait ainsi avoir enfin fondé une science de la société aussi vraie que l’arithmétique binaire. C’est l’exemple même d’une prétention scientifique totalisante, en dérive fictionnelle, obsédée par une rationalisation systémique qui tourne en rond sur la base de l’inceste, du cru et du cuit promus fondements irréfutables de l’anthropologie. Le structuralisme a empoisonné toute une génération d’intellectuels parisiens, ce qui n’enlève rien au talent d’écrivain de l’auteur de Tristes tropiques, ce livre qui lui a valu une célébrité légitime. Les disciples de Gilbert Durand et de sa théorie des structures anthropologiques de l’imaginaire proposent quant à eux une sorte de synthèse liant les archétypes jungiens et les vertus pseudo-scientifiques du structuralisme. C’était la mode intellectuelle de l’époque.
Bref, nous sommes dans une grande confusion de théoriciens en quête d’un Graal social universel. Même Erich Fromm, pourtant freudo-marxiste, membre éminent de l’École de Francfort, a voulu nous imposer un langage symbolique universel qui remonterait à des temps archaïques. Il nous affirme que : « des peuples différents ont créé des mythes différents, de même que des personnes différentes font des rêves différents. Mais, en dépit de toutes ces différences, mythes et rêves possèdent un caractère commun : ils sont tous écrits en une même langue, la Langue Symbolique. » (Le langage oublié, introduction à l’interprétation des rêves, des contes et des mythes, p. 10-11, édition Payot, Paris, 1980) (*).
La mythanalyse, telle que je la conçois, est plus proche de la sociologie clinique du Freud de Totem et tabou et de Malaise dans la civilisation, même si elle ne saurait allonger la société sur le divan. Elle repose sur des fondements beaucoup plus modestes et plus évidents : on ne saurait délier les imaginaires sociaux des situations et variations historiques et sociologiques qui les déterminent et les font évoluer. Elle montre que seul le développement génétique des facultés fabulatoires chez l’enfant, dès le stade fœtal jusqu’au stade adulte, peut prétendre à un universalisme qui est donc d’ordre biologique, mais dont l’interprétation se décline selon les diversités historiques et culturelles. On ne peut nier l’importance de l’histoire, ni celle de la sociologie dans le domaine des imaginaires et inconscients collectifs. Chaque société, à chaque époque, invente, abandonne ou réinterprète et institutionnalise les mythes dont elle a besoin pour expliquer son passé, légitimer ses valeurs, ses structures, fonder son consensus, ses projets collectifs. À la différence de la mythographie savante tournée vers le passé, la mythanalyse implique donc une exigence sociologique d’actualité. La mythanalyse repose sur une vision relativiste. Elle exclut tout cet appareillage imaginaire d’archétypes, de structures universelles que nos maîtres ont inventé au nom de la science, des rapprochements que leur érudition leur a suggéré d’organiser en théories abstraites et systèmes savants.
Hervé Fischer - Si nous ne croyons pas en l’Homme, il n’y a pas de solution Acrylique sur toile, 92 x 92 cm, 2015 (œuvre à scanner) |
Le scandale du monde
La mythanalyse s’inspire plus de Piaget que de Gilbert Durand. Elle ne revendique aucun statut de science. Elle postule que toute notre pensée est fabulatoire, tout notre imaginaire, toute notre interprétation du monde est mythique. Elle déclare donc être elle-même une théorie-fiction ; elle affirme d’entrée de jeu ses limites qu’on pourrait écrire comme des li-mythes ; elle ne croit pas à « la vérité ». Elle sait que nous imaginons le monde selon nos désirs et nos peurs et que nos sciences n’ont de vérité ou d’erreur que dans la mesure de leur pertinence contemporaine dans notre action et représentation du monde.
Cela ne veut pas dire que le monde n’existe pas ! Ou qu’il soit un simulacre, tel un rêve ou un cauchemar. Le scandale, les violences, les exploitations humaines, le déni, le mépris qui caractérisent ce monde humain ne peuvent être considérés comme des fantasmes individuels ou collectifs. Ils sont terriblement réels. Le bien ne nous pose pas de problème métaphysique. Il est une divergence humaine par rapport à l’état de nature. Il relève de notre seule volonté humaine et constitue une jouissance relativiste, mais reconnue, partagée. Le monde est fascinant, ludique, joyeux, certes, parfois même d’une fantaisie innocente, légère, mais c’est le bonheur qu’il peut nous donner qui nous oblige aussi à prendre en considération le mal dans lequel il plonge injustement des hommes, des populations entières dans des guerres, des génocides, des famines, ou simplement dans la violence ordinaire. C’est la souffrance qui est le fondement incontournable de l’ontologie humaine, le seul roc dur, dense qui s’oppose à toutes nos pensées libres et légères, qui nous interdit de prendre le monde pour un mirage. La mythanalyse le reconnaît, et ce mal qui sévit dans nos sociétés lui fait devoir d’engagement tant individuel que collectif. Le monde est éthiquement scandaleux. On peut nier le bien, s’en moquer comme d’une illusion, déclarer ne croire à rien, mais on ne peut tourner le mal en dérision. Il engage notre responsabilité la plus actuelle. Les mythographes ne pleurent pas en découvrant les récits mythiques de sacrifices humains. Ils les théorisent. Le mythanalyste ne peut demeurer insensible à l’actualité du mal. Il doit y faire face. Ces prémisses ont des conséquences évidentes.
L’illusion de la modernité
L’exigence d’actualité de la mythanalyse n’a rien à voir avec une conviction de modernité. Nous nous considérons comme des modernes clairvoyants et réalistes. Mais qu’est-ce que cette « modernité » ? Ce fut d’abord une audace hésitante. Alfred H. Barr Jr, le premier directeur du MoMA – le Musée d’Art Moderne de New York –, inauguré en 1929, déclarait que le moderne, c’est le progressif, l’original, le difficile, plus que les valeurs sûres. Pour nous, aujourd’hui, c’est devenu tout au contraire une évidence stylistique et comportementale. Nous oublions que cette certitude repose sur une représentation biaisée du mythe du Progrès qui nous habite sans retour, un aboutissement en rupture avec un passé que nous jugeons soudain archaïque et obsolète, dépassé. C’est un jugement de valeur attestant d’un état de la société, que nous aurions atteint, en laissant d’autres groupes sociaux en retard sur le bord du chemin. Au-delà de la modernité, qui attesterait de notre maturité accomplie au stade de la post-histoire, il n’y aurait plus d’histoire à venir, seulement la science-fiction qui nous engagera encore davantage dans la modernité. Modernes, nous avons donc balayé sous le tapis, renvoyé dans un passé révolu toutes les crédulités mythiques des anciens, qui ne sont plus que des mythologies, objets d’études érudites des mythographes, histoires invraisemblables qui témoignent de la naïveté enfantine de nos ancêtres. Nous ne faisons plus de sacrifices humains. Mais est-ce bien vrai ? Ne faisons-nous pas bien pire encore ?
À y regarder de plus près, le progrès est lui-même un mythe, un mythe nordique, inventé par les intellectuels de la Révolution française, décliné à partir de la trilogie Homme, Raison, Histoire. Les inventeurs de la postmodernité ont eu raison en fin de course du XXe siècle de démystifier l’abus de ces mythes et le positivisme qui en est résulté. Mais de là à nous plonger dans le confort mou, le cynisme, le renoncement ou la décadence brillante de la post-modernité, il y a un pas très significatif qui est un faux-pas. Des échecs collectifs ne prouvent pas que ces mythes fussent des erreurs. Seuls leurs excès ont été toxiques et erronés. Sans même invoquer la dialectique hégélienne ou marxiste, il est clair que l’évolution fait son chemin et qu’il ne tient qu’à nous, les hommes, de surmonter des erreurs et progresser. Le concept de post-modernité qui se fonde sur la négation de l’Histoire, du Progrès et de la Raison, cette revendication épistémologique d’une observation sociologique objective, neutre, sans jugement de valeur, sans illusion, ne fait que renvoyer à un autre mythe, celui-là grec et méditerranéen, du temps instantané, présentiste. Le mythe du temps grec vertical, qui s’écoule, mais sans flèche du temps, celui d’Héraclite et Parménide, a certes ses vertus : c’est une erreur que d’ignorer le présent au nom des lendemains qui ne chanteront peut-être même pas. Mais les effets pervers des mythes du Progrès et de l’Histoire ne suppriment pas leurs vertus d’espérance. Et si ces mythes ne sont plus crédibles, il nous faut en inventer de nouveaux qui puissent soutenir nos espoirs.
Hervé Fischer con Orazio Maria Valastro In cerca di mitanalisi Convegno internazionale di studi sulla teoria mitanalitica 23 Ottobre 2017 - Università Paris Descartes |
Une épistémologie engagée
Une différence majeure de la mythanalyse avec l’anthropologie, l’ethnographie, la mythographie et le structuralisme, c’est que refusant de se considérer comme une science, elle est libre d’affirmer son lien avec des valeurs humaines. C’est en ce sens que la mythanalyse rencontre son exigence d’engagement. On n’imagine pas Freud inventant une psychanalyse indépendante de tout engagement thérapeutique. Bien au contraire, c’est dans l’analyse attentive des maladies mentales et dans la pratique thérapeutique que s’est constituée la psychanalyse. De même, à quoi nous servirait une mythanalyse théorique désengagée des malaises et perversions de nos inconscients collectifs. Comment pourrait-elle-même se constituer en typologisant les imaginaires sociaux comme des espèces de papillons ou de mollusques, sans empathie, sans attachement, dans une prétendue neutralité objective, strictement descriptive, comme prétendent s’y employer les intellectuels postmodernistes ? Où serait le ressort de sa motivation. Il ne sert à rien de dire que Zeus ou Dieu existe ou n’existe pas. Ce qui compte ce sont les effets bénéfiques ou toxiques incessants des croyances que nous avons ou n’avons plus dans ces imaginaires changeants.
Le mythanalyste n’est pas un théologien. Il ne croit pas davantage en une science de l’imaginaire. Assumant pleinement le relativisme, chercheur curieux mais humble, il ne cultive pas pour autant l’obscurantisme. Il tente de repérer, de décrire, de caractériser, d’élucider les mythes qui actuellement déterminent nos imaginaires collectifs et nos comportements. Certes, le verbe même élucider cache mal le mythe de la lumière qui le fonde et l’oppose à l’obscurantisme, donc l’illusion vaillante du mythanalyste. Mais les mythes actuels sont loin d’être aussi invisibles qu’on pourrait le croire. Nous y recourons constamment comme à des évidences qui nous aveuglent. Ce ne sont plus aujourd’hui des dieux et demi-dieux fascinants, des Horus, Zeus, Wotan, Vishnou, Quetzalcóatl, Māui, dont les mythes nous racontent les histoires de vie, les relations sexuelles, les colères, les jalousies, les exploits. Certes, ce sont encore pour beaucoup d’humains des dieux monothéistes qui soulèvent des montagnes, des saints, la Vierge, des lieux tels que le paradis ou les enfers. Mais ce sont aussi et surtout de grands concepts, avec ou sans majuscule, dont nous oublions que ce sont nos mythes actuels les plus déterminants : la Liberté, la Raison, la science, le Progrès, la Démocratie, la mondialisation, le numérique, la nature, le libéralisme, l’écologie, l’économie. Ces mythes se déclinent diversement selon les sociétés et les moments, selon leurs emboîtements et leurs contradictions. Ils peuvent être tantôt porteurs d’espoir, bienfaiteurs, tantôt toxiques, voire dévastateurs. Ils peuvent nous aliéner ou nous libérer. Ainsi, on ne peut célébrer le pouvoir prométhéen du mythe de la Raison inventé par le Révolution française et taire ses effets dévastateurs, tels que la terreur et l’échafaud. Le Progrès peut être tantôt un mythe bienfaisant, tantôt un mythe destructeur, voire simultanément les deux, lorsqu’on l’applique aux structures du travail (innovation et chômage).
Voilà ce qu’étudie la mythanalyse. Elle est donc une recherche engagée. Il faut oser revendiquer le concept d’épistémologie engagée sans baisser la tête. Une épistémologie neutre est une fiction qui se voile la face. Piaget, Bachelard, Koyré nous ont montré comment l’épistémologie se constitue, se défait, se renouvelle, change de paradigme, renonce au binarisme pour embrasser la complexité, les logiques floues, la physique quantique, les lois du chaos. Nous savons bien aujourd’hui que l’objectivité n’existe pas dans les sciences humaines, ni même dans les sciences illusoirement déclarées « pures », telles que les mathématiques. La même chose peut être tantôt vraie, tantôt fausse ou les deux à la fois.
Mythes bénéfiques, toxiques, thérapeutiques
Et dans le monde jouisseur, mais aussi terriblement scandaleux dans lequel nous vivons, dans ce monde déboussolé - en perte de sens - auquel nous sommes confrontés, dont nous sommes devenus responsables depuis que Dieu est mort, la mythanalyse revendique donc un rôle d’éclaireur social, même modeste, sujet à l’erreur, de même que la psychanalyse prétend à un pouvoir thérapeutique individuel, dont on ne saurait ignorer les erreurs, les tâtonnements, les prétentions abusives, mais aussi les succès. Elle peut aider à des prises de consciences collectives du rôle déterminant des imaginaires que nous partageons, pour repérer, soutenir ou dénoncer les mythes qui nous agissent, les meilleurs et les pires.
La mythanalyse peut aussi inventer de nouveaux mythes bienfaisants. Ainsi, prenant acte du discrédit de l’humanisme traditionnel, qui n’a pas empêché les deux guerres mondiales ni tant de génocides encore de nos jours, la mythanalyse propose le mythe de l’hyperhumanisme. Les technologies numériques nous donnent accès grâce aux médias électroniques à une information en temps réel et planétaire. L’hyperhumanisme, c’est plus d’humanisme grâce aux hyperliens. Nous ne pouvons plus vivre avec une conscience locale, limitée à notre vallée. C’est ainsi que nous accédons à une conscience augmentée parce que planétaire en temps réel : une nouveauté anthropologique beaucoup plus importante et déterminante pour l’avenir de l’humanité que la réalité augmentée, dont nous faisons à juste titre tant de cas. Cette conscience augmentée est certes un mythe, comme l’hyperhumanisme, comme l’éthique planétaire qu’elle implique. Ce sont là des croyances, mais qui sont incontestablement constructives.
L’éthique planétaire est certes une fiction, un espoir lointain, mais qui a déjà ses croyants, ses militants, ses institutions mondiales, parce qu’elle donne du sens à nos vies et implique notre responsabilité collective dans cette aventure que nous partageons. Tout à l’opposé, le fatalisme islamique est un mythe toxique que la mythanalyse dénonce alors même qu’il est un dogme fondamental de la foi de plus d’un milliard et demi de musulmans.
Voilà en quoi la mythanalyse souligne l’urgence d’un engagement éthique dans le monde actuel. Elle est une théorie-fiction qui ne se prend pas pour une science neutre ou vraie, mais pour une recherche-action humaine en quête de lucidité et de progrès, qui met tout sur la table d’étude, y compris l’illusion de vérité et d’objectivité de la science, y compris son propre relativisme, mais affirme son pouvoir thérapeutique. Car sa pierre de fondation est l’éthique planétaire, le respect des droits de l’homme, qui, à ses yeux, peut seul prétendre à une vérité universelle.
Le relativisme que revendique la mythanalyse n’en fait pas une démarche nihiliste. Bien au contraire, la mythanalyse implique une croyance en l’Homme et en l’éthique planétaire. Le respect de l’autre n’est jamais toxique. Est-il inefficace, impuissant ? Il faut y croire pour qu’il se réalise !
Si nous ne croyons pas en l’Homme, il n’y a pas de solution.
(*) J’ai détaillé l’évolution de ces recherches sur les imaginaires sociaux dont la mythanalyse s’est inspirée avant de s’en distinguer clairement dans mon livre La société sur le divan, éditions vlb, Montréal, 2007.
newsletter subscription
www.analisiqualitativa.com