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  • Le Grand Lifting des fées : avatars postmodernes du merveilleux
    Christian Chelebourg et Noémie Budin (sous la direction de)

    M@gm@ vol.14 n.3 Septembre-Décembre 2016





    LÉA SILHOL OU LA FÉERIE AU PRISME DU MYTHE

    Viviane Bergue

    viviane.bergue@free.fr
    Docteure en Littérature Comparée, spécialiste de la fantasy et de la pop culture. Elle a publié une version remaniée de sa thèse sous le titre La Fantasy, mythopoétique de la quête en 2015. Elle vient récemment de lancer la revue Fantasy Art and Studies dont le but est d’explorer les multiples facettes de la fantasy à travers la mise en regard de la création dans ce domaine (nouvelles, illustrations) et du discours critique universitaire.


    Richard Doyle (1824-1883) - Rehearsal In Fairy land (1870)

    Au début des années 2000, Léa Silhol s’est imposée comme l’une des voix les plus originales de la fantasy française. Son œuvre, au style recherché, plonge dans les racines du folklore et des mythes pour mieux nous proposer une vision magnifiée de la féerie, emplie de glamour, de fureur, d’intrigues et de cruauté. Dans le méta-cycle [1] de La Trame, les fées (désignées sous leur nom gaélique, Sidhes, et ultérieurement sous le nom de Fays) côtoient dieux et anges, dans un univers sans cesse recomposé, où elles doivent se battre pour perpétuer leur existence. Non plus à la marge des récits mais au cœur de ceux-ci et de l’action, elles deviennent le symbole vivant du mythe qui refuse de mourir et ne cesse de se réinventer, à l’image de la rebelle Angharad, héroïne des romans La Sève et le Givre [2] et La Glace et la Nuit [3]. De la fée à la déesse, il n’y a d’ailleurs qu’un pas, puisqu’Angharad découvre son propre reflet dans Perséphone, et puisque le Royaume de Faërie peut lui-même être vu comme un état dégradé de l’ancien monde des dieux celtes (les Tuatha Dé Danann sont membres de ses Cours).

    Et lorsque les hommes les ont définitivement oubliées et reléguées dans la nurserie, les fées ressurgissent dans le monde moderne pour y construire leur propre utopie dans Musiques de la Frontière [4].

    En plaçant les fées au cœur de ses récits, l’œuvre silholienne s’inscrit dans la longue tradition de réécriture et de réinvention des contes et de la matière féerique, revivifiée en fantasypar les travaux des éditrices américaines Terri Windling et Ellen Datlow. Léa Silhol a du reste elle-même dirigé, en tant que directrice littéraire de feu les éditions L’Oxymore, plusieurs anthologies sur le thème des fées et sur celui du retour du merveilleux dans le monde moderne : Il Était une Fée [5], Traverses, L’Anthologie de fantasy urbaine [6], et Emblèmes hors-série no 2 Les Fées [7].

    Dans un article intitulé « Fées et fantasy, un mariage heureux ? », paru en 2005 [8], elle revient sur la question de l’association des fées et de la fantasy pour mieux souligner l’intertextualité accrue entre contes et fantasy et insister sur le caractère supposément mythique de cette dernière. La fée y devient tout à la fois le signe d’une altérité radicale, le masque du dieu tombé de son piédestal, et celui d’une condition humaine sublimée.

    Il convient d’examiner comment l’auteure s’y prend pour reconstruire la féerie au prisme du mythe, en faisant appel à sa connaissance de la mythologie comparée et des mécanismes de construction d’une littérature orale. Par-delà, on verra comment Léa Silhol en vient à fonder la fantasysur le socle du conte de fées, en jouant sur le mythe de l’éternel retour, pour faire de sa propre œuvre une authentique fiction mythopoétique.

    Reconstruire la féerie comme espace mythique, ou le reflet de la fée chez la déesse

    L’œuvre de Léa Silhol est toujours en cours de publication et donc en constante réorganisation. Actuellement, elle se compose de trois romans et de plus d’une centaine de nouvelles, pour la plupart réunies en recueils, dont le tout premier, Les Contes de la Tisseuse, existe en quatre versions différentes [9]. Les récits entremêlent folklore et mythologie en puisant principalement dans la matière celtique et le folklore britannique, mais également dans la mythologie grecque, les contes d’Andersen et la mythologie judéo-chrétienne. Dans cette œuvre en perpétuelle expansion, deux cycles nous intéressent plus particulièrement, celui de Vertigen et celui de Frontier, puisque ces derniers ont pour personnages principaux des êtres féeriques.

    Au sein du méta-cycle de La Trame, le cycle de Vertigen est sans conteste le plus développé pour l’instant. On y retrouve les personnages du folklore britannique, notamment écossais et irlandais avec les Tuatha Dé Danann, mais aussi des figures de la mythologie grecque (les Parques, Perséphone et Hadès), ainsi que Dieu et ses anges. Les personnages principaux, inventés, d’Angharad et de Finstern côtoient ces figures bien connues, dans des récits où le monde féerique est désigné sous le nom de Royaume, univers divisé en Clartés (Ombre, Lumière, Crépuscule) et Cours. Au fil des intrigues, on assiste à la construction de jeux de doubles et de miroirs, adossée aux principes de la mythologie comparée. Dans le bien nommé chapitre « En d’autres Terres, d’autres Reflets » du roman La Glace et la Nuit [10], Angharad et Finstern se rendent dans les Cours grecques et rencontrent Perséphone et Hadès. La rencontre devient le lieu d’un parallèle entre ces personnages issus d’univers mythologiques différents, où chacun apparaît comme le miroir de l’autre. En effet, Angharad et Perséphone s’avèrent jouer le même rôle dans leurs mondes respectifs puisque Perséphone représente le changement des saisons, et qu’Angharad, en ayant fait sien les rôles de Cailleach Bheur et de Bride, respectivement Esprit de l’hiver et Esprit du printemps dans le folklore écossais, incarne dans son propre être le changement des saisons. De même, la figure d’Hadès répond à celle de Finstern, dont le nom provient de l’adjectif allemand finster, « sombre, obscur ». Si Hadès est dieu des enfers grecs, Finstern est quant à lui monarque de la neuvième cour d’Ombre, le chiffre neuf rappelant ici, à propos, les neufs cercles de l’enfer chez Dante, et le personnage n’est de fait un Sidhe que par adoption car il est à l’origine un ange déchu.

    Le rapprochement de figures issues ou inspirées de mythologies différentes, tout comme la réapparition de motifs communs tout au long de l’œuvre de Léa Silhol, tel le chiffre trois, nombre magique par excellence et que l’on retrouve avec les trois cours de Crépuscule, les trois Parques ou encore les trois quêtes successives pour retrouver Seuil, procèdent d’une familiarité avec les fondements mêmes de la mythologie comparée. Selon celle-ci, on retrouve dans toutes les mythologies les mêmes fonctions symboliques, personnifiées par des personnages différents. L’œuvre de Léa Silhol met en scène cette idée en tissant des liens entre les mythologies qui se retrouvent imbriquées au sein d’un univers fait de récurrences et de multiples reflets. Dans le même temps, en proposant en miroir au couple formé par Angharad et Finstern celui formé par Perséphone et Hadès, le récit fait implicitement des Sidhes d’anciens dieux privés de leur piédestal, à croire que le folklore serait une forme dégradée d’anciens mythes perdus.

    De fait, dans « Fées et fantasy, un mariage heureux ? », Léa Silhol décrit le conte comme le « successeur populaire des grandes cosmogonies », dont le but est d’aider « l’individu à se placer dans la société, et, par extension, à codifier ses rapports avec des forces élémentaires ou semi-divines, dont le peuple féerique est le plus bel exemple [11]. » La fée serait donc figure originellement divine, tombée du mythe pour entrer dans le conte, ce que les récits de l’auteure exemplifient à loisir en créant constamment des ponts entre contes et mythes, folklores et mythologies, quitte à inclure également des mythes littéraires, comme Titania, création de Shakespeare, qui devient la Haute Reine du Royaume.

    La Trame se fait dès lors œuvre globale, miroir du monde, par le prisme de la féerie, elle-même recomposée à l’aune du mythe. Les fées, les Sidhes ou Faysde Frontier, reflets d’autres dieux, nous renvoient à leur tour notre reflet, fait d’aspirations à la liberté et de codes qui nous entravent. Comme l’écrit Léa Silhol : Les contes de fées et, par extension, les histoires de fées ne se préoccupent pas d’évasion. Telle n’est pas leur fonction ni leur but. Ils ouvrent un univers de découverte qui, même s’il a l’avantage de nous dépayser, ne le fait que pour mieux nous ramener à nous-mêmes. C’est une littérature difficile, qui laisse peu de place à l’improvisation, mais incite à se plonger dans une tradition immémoriale de créateurs de codes, de celle qu’ont suivie des générations de concepteurs de mythes et de contes avant nous. Le principe de réécriture de contes, que Terri Windling qualifie de « vieille et honorable tradition », forge un lien essentiel avec notre passé et ceux qui ont vécu avant nous [12].

    (Ra)conter : oralité, réécriture perpétuelle et art du fragment

    On retiendra l’insistance de l’auteure sur l’importance de la tradition. Le conte, où les fées font partie du personnel de prédilection, est toujours à (ra)conter, et pour se situer dans la lignée du conte de fées, le récit de fantasyse fait réécriture perpétuelle, souvenir du principe de transmission orale des récits, contés encore et encore, et chaque fois renouvelés et adaptés par le conteur pour son public. En un sens le « il était une fois » devient « il était plusieurs fois », tandis que le conteur va jusqu’à se mettre en scène lui-même. Ainsi au début de La Glace et la Nuit, un Fili [13] anonyme succède à Ossian, poète mythique irlandais, lui-même narrateur du roman précédent La Sève et le Givre.

    Ossian a entonné le choix d’Angharad, et comment, par la voie qu’elle emprunta, contre les édits du Destin lui-même, fut changé le chemin des Cours. Puis Ossian s’est tu ; il a tourné vers moi son visage, et frôlé ma main. Dans l’espace évidé où s’éleva la voix du fils de Finn, à présent je me dresse [14].

    La présence d’Ossian contribue à marquer l’espace-temps comme mythique, tout en permettant le lien entre conte et mythe, à travers ce qui constitue leur canal initial de transmission, l’oralité. Ici, la réécriture opérée par la fantasycrée une équivalence entre ces deux types de récits qui sont conçus comme indissociables, tandis que l’esthétique du fragment, privilégiée par le méta-cycle, mime les corpus mythologiques et folkloriques. À l’instar de l’Edda poétique ou des recueils de contes, l’histoire des Sidhes est formée de fragments dont les liens sont parfois ténus. Certains sont plus longs que d’autres (les romans de Vertigen, le récent roman de Frontier, Possession Point [15]), mais la majorité sont des récits courts, des nouvelles, ou plutôt devrait-on dire des contes, dont il s’agit de retrouver l’ordre. Le lecteur est placé dans un rôle de recomposition du matériel, fait de multiples récits comme autant de fragments d’un puzzle qu’il faut reconstruire : l’orthographe de certains noms change, Kelis Demi-Cœur, personnage secondaire de La Glace et la Nuit, devient Kelis Ombrecœur dans le recueil Avant l’Hiver [16], tandis que les strates de narration s’accumulent.

    Ce choix esthétique découle d’une volonté affichée de faire le lien entre, d’une part la fantasy, genre moderne et désacralisé (pour ne pas dire postmoderne, s’agissant de l’œuvre silholienne), et d’autre part le conte de fées et son parent lointain, le mythe. Il s’inscrit dans une stratégie de légitimation du genre, évidente dans l’article précédemment cité, et mise en pratique dans la création littéraire. Cela va même plus loin : dans l’introduction de Fantastique, fantasy, xcience-fiction, mondes imaginaires, étranges réalités, que Léa Silhol a co-écrite avec Estelle Valls de Gomis, la fantasyest dès le départ rattachée aux mythes et aux légendes (p. 3), et « les contes de fées classiques et, au-delà, l’utilisation du folklore féerique » sont présentés comme « les racines et le berceau [17] » du genre. Dans son article « Fées et fantasy, un mariage heureux ? », Léa Silhol fait non seulement référence par deux fois au fameux essai On Fairy-Stories de Tolkien (qui tient lieu de figure d’autorité) mais elle ne cesse d’insister sur l’importance des fées et du conte dans la formation de la fantasy, avec d’abord un tour d’horizon des œuvres mettant en scène des fées, depuis Shakespeare jusqu’aux anthologies d’Ellen Datlow et Terri Windling, en passant par La Fille du roi des elfes de Lord Dunsany, Le Silmarillion de Tolkien, le cycle de Tad Williams, Memory, Sorrow and Thorn [18], la trilogie des elfes de Jean-Louis Fetjaine ou encore le cycle des Fey de Kristine Kathryn Rusch, sans oublier des œuvres de fantasyurbaine (War for the Oaks d’Emma Bull, La Compagnie des fées de Garry Kilworth, Faërie, la colline magique de Raymond E. Feist, Faërie Hackers de Johan Héliot). L’article poursuit avec un tour d’horizon des réécritures de contes en fantasy, dont le roman White as Snow de Tanith Lee qui mêle le conte de Blanche Neige au mythe de Perséphone. Et l’on sait que Tanith Lee fait partie des auteurs qui ont influencé l’écriture silholienne.

    Tout du long, Léa Silhol ne fait rien d’autre que se placer à son tour dans ce qu’elle considère être une longue tradition de conteurs. On ne peut que rappeler au passage qu’elle a été surnommée elle-même « conteuse de la tribu » et que la Tisseuse, dans le titre de son premier recueil, peut être vue comme une figure de l’auteure.

    Du reste, dans ce contexte, le titre officieux du méta-cycle, La Trame, mérite lui-même attention. Cette trame avec un T majuscule, c’est bien en vérité la trame du monde, tissu et texte d’une histoire surhumaine, impossible, et qui se déroule parallèlement à celle des mortels. Une trame où les fils du mythe se superposent à ceux de l’histoire ordinaire. D’autres auteurs de fantasy, tel Guy Gavriel Kay, ont volontiers imaginé le dieu créateur comme un tisseur dont le monde serait la tapisserie [19]. Si La Trame silholienne n’est peut-être pas la création d’un dieu unique, du moins en ce qui concerne la diégèse, son caractère englobant renoue avec la somme médiévale et, par-delà, les cosmogonies antiques mettant en scène des divinités s’affrontant et dont l’action décide du destin du monde. Ainsi, même si le second volume de La Glace et la Nuit, Albedo, demeure pour l’instant inédit, on sait que la quête d’Angharad et de Finstern aboutira non seulement à une refondation de la société féerique mais aussi à une modification en profondeur des rapports entre le peuple féerique et les mortels, comme on le découvre dans le futur décrit dans Frontier.

    Du mythe de l’éternel retour à l’éternel retour du mythe et des fées

    La fantasy serait donc l’héritière directe de la mythologie, voire du mythe lui-même, selon les propres mots de l’auteure, et le conte, successeur du mythe, en serait le composant essentiel. Par conséquent, le récit mettant en scène des fées ne peut que rappeler leurs supposées origines divines et adopter un mode de narration privilégiant la polyphonie narrative et le fragment. Par conséquent également, la féerie obéit au temps cyclique du mythe, au mythe de l’éternel retour qui voit les mêmes figures, les mêmes situations revenir, la même geste être réitérée. Après tout, Angharad ne dit-elle pas à Lugh : « Tout ce qui a vécu revient en temps et lieux. Tout ce qui vit change de forme [20] » ? Angharad, l’être impossible, à la fois fille du printemps et de l’hiver dans un monde où les unions entre des Sidhes issus de Clartés (et de saisons) différentes sont interdites, représente en effet la résurgence d’un autre être double comme elle et qui a existé il y a bien longtemps. Seuil, la Cour perdue des Tuatha Dé Danann, ne cesse d’être perdue et retrouvée. Tout fait retour, et le monde lui-même est destiné à être détruit et recréé, comme on le découvre dans le triptyque angélique qui clôt le recueil Fo/véa : Leçons de gravité dans un Palais des Glaces [21].

    Toutefois, le lecteur ne peut être dupe du caractère artificiel de toute construction littéraire : car l’œuvre de Léa Silhol demeure une œuvre de fiction. Si le temps et les événements ici peuvent être faits de retours et de répétitions, c’est bien parce que l’auteure en a voulu ainsi. La fantasyn’est descendante du mythe et du conte de fées que parce qu’elle le veut bien. La construction littéraire ne peut recourir au mythe de l’éternel retour que parce que celui-ci a en fin de compte cédé le pas à l’éternel retour du mythe, bien déterminé, sous la plume de l’auteure, à revenir sans cesse sur la scène du monde. Ou bien plutôt faudrait-il parler de l’éternel retour des fées, passant désormais au premier plan pour devenir l’incarnation « de forces surnaturelles avec lesquelles l’homme doit négocier [22] », sous le signe de la rencontre basée sur « l’affrontement, la cohabitation difficile, l’amour [23] ».

    Et les fées de Léa Silhol ne tiennent pas à disparaître et à être oubliées, reléguées à des personnages de récits enfantins. Dans La Glace et la Nuit, Angharad refuse le divorce des sphères mortelle et féerique, qui conduirait la féérie à demeurer figée dans un état de stase permanente, et décide de retrouver Seuil, un lieu où la société féerique pourra être refondée sur de nouvelles bases.

    Dans le futur décrit dans Musiques de la Frontière et Possession Point, des êtres féeriques, les Fays, naissent parmi les humains. Explorant à son tour le sous-genre fantasyurbaine après en avoir fait la promotion en dirigeant l’anthologie Traverses, Léa Silhol en fait le lieu du retour des fées dans le monde moderne, un retour qui bouleverse le monde des hommes.

    Parce que si la fée, selon l’auteure, est un « élément indispensable » de la fantasy, elle est aussi radicalement autre, image de la différence autant qu’élément d’une anthropologie symbolique sublimant ce qu’il y aurait de meilleur en l’homme, dans le cadre d’une littérature métaphorique. C’est pourquoi elle fait retour pour interroger notre rapport au monde et aux autres. C’est pourquoi aussi, chez Léa Silhol, elle devient la justification de la fantasy : par sa présence, elle crée en quelque sorte un pont entre le souvenir d’une tradition orale et la littérature écrite. Elle est celle qui peut donner, ou rendre, ses lettres de noblesse à la fantasy puisque, selon l’auteure, la résurgence de la fée et de l’univers des contes constitue une évolution de la fantasyvers des récits « moins formatés [24] ».

    *
    * *

    La fantasysilholienne apparaît sans conteste comme une fiction mythopoétique, dont l’histoire des fées, commencée dans le passé et se perpétuant dans le présent, constitue le cœur. Pour rappel, la Mythopoeic Society définit la littérature mythopoétique comme suit : Nous définissons ceci comme de la littérature qui crée une mythologie nouvelle et transformatrice, ou qui incorpore et transforme du matériel mythologique existant. La transformation est le point clé – une simple référence statique à des éléments mythologiques, inventés ou préexistants, n’est pas suffisante. Les éléments mythologiques doivent être d’une importance suffisante dans l’œuvre pour influencer la vie spirituelle, morale et/ou créative des personnages, et doivent refléter et soutenir les thèmes sous-jacents de l’auteur. Ce type d’œuvre, à son meilleur, devrait conduire le lecteur à examiner l’importance de la mythologie dans son propre développement spirituel, moral et créatif [25].

    Il ne fait aucun doute que l’œuvre de Léa Silhol correspond pleinement à cette définition.

    Notes

    [1] Nous empruntons le terme à Anne Besson, D’Asimov à Tolkien, Cycles et séries en littérature de genre, Paris, CNRS éditions, 2004. Un méta-cycle est un ensemble de cycles reliés les uns aux autres.

    [2] Montpellier, L’Oxymore, 2002.

    [3] La Glace et la Nuit. Opus un – Nigredo, Lyon, Les Moutons électriques, 2007.

    [4] Montpellier, L’Oxymore, 2004.

    [5] Montpellier, L’Oxymore, 2000.

    [6] Montpellier, L’Oxymore, 2002.

    [7] Montpellier, L’Oxymore, 2004.

    [8] Léa Silhol, « Fées et fantasy, un mariage heureux ? », p.30-43, in Léa Silhol et Estelle Valls de Gomis (dir.), Fantastique, fantasy, science-fiction, mondes imaginaires, étranges réalités, Paris, Autrement, « Mutations » n°239, 2005.

    [9] La première version, publiée chez Nestivqnen, date de 2000. Une deuxième version, censée être plus conforme aux souhaits de l’auteure, avec réorganisation de l’ordre des récits et substitution des trois dernières nouvelles par la novella « Le Vent dans l’ouvroir », est parue en 2004 sous le titre La Tisseuse, Contes de fées, contes de failles. En 2015, Léa Silhol a réédité Les Contes de la Tisseuse sous son titre original en deux versions concurrentes chez Nitchevo Factory, la nouvelle structure éditoriale qu’elle a créée.

    [10] Léa Silhol, La Glace et la Nuit, op.cit. p.167-181.

    [11] Léa Silhol et Estelle Valls de Gomis (dir.), Fantastique, fantasy, science-fiction, mondes imaginaires, étranges réalités, op.cit., p. 31.

    [12] Id. p. 43.

    [13] Barde féerique.

    [14] Léa Silhol, La Glace et la Nuit, op.cit., p. 8.

    [15] Nitchevo Factory, 2015.

    [16] Lyon, Les Moutons électriques, 2008.

    [17] Léa Silhol et Estelle Valls de Gomis (dir.), Fantastique, fantasy, science-fiction, mondes imaginaires, étranges réalités, op.cit., p. 14.

    [18] Ce cycle a été traduit en français sous le titre L’Arcane des épées.

    [19] Voir Guy Gavriel Kay, La Tapisserie de Fionavar (trilogie en trois tomes : L’Arbre de l’été, Le Feu vagabond, La Voie obscure [1984-1986]),traduction d’Élisabeth Vonarburg, Paris, Pygmalion, 1996-1997.

    [20] Léa Silhol, La Glace et la Nuit, op.cit., p. 331.

    [21] Auch, Le Calepin Jaune, 2008.

    [22] Léa Silhol, « Fées et fantasy : un mariage heureux ? », art.cit., p. 32.

    [23] Id. p. 38.

    [24] Id. p. 31.

    [25] « We define this as literature that creates a new and transformative mythology, or incorporates and transforms existing mythological material. Transformation is the key — mere static reference to mythological elements, invented or pre-existing, is not enough. The mythological elements must be of sufficient importance in the work to influence the spiritual, moral, and/or creative lives of the characters, and must reflect and support the author’s underlying themes. This type of work, at its best, should also inspire the reader to examine the importance of mythology in his or her own spiritual, moral, and creative development. » (www.mythsoc.org [consulté le 25/03/2016]).

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