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    Maria Immacolata Macioti - Orazio Maria Valastro (a cura di)

    M@gm@ vol.10 n.2 Maggio-Agosto 2012

    ÉCRITURES AUTOBIOGRAPHIQUES, REMÉMORATION ET MISE EN REPRÉSENTATION DE SOI


    Christine Plasse Bouteyre

    c.plasse@wanadoo.fr
    Docteur en sociologie, Maître de conférences en sociologie, Université Catholique de Lyon, Chargée de cours Université Lumière-Lyon II.

    Une pratique d’écriture aussi liée que le « genre autobiographique » à la remémoration, à la construction et à la formalisation de l’identité personnelle, comme image de soi pour autrui et à la question essentielle de l’individualité dans la modernité ne saurait rester étrangère au questionnement sur le pourquoi et le comment de tels récits. Cette interrogation ne va pas sans quelques difficultés à la fois théoriques et méthodologiques.

    Tout au long des XIXème et XXème siècles, les professeurs français des différents ordres d’enseignement ont été amenés à rédiger des mémoires ou des souvenirs professionnels. Si certains de ces récits ont pu devenir célèbres ou passer à la postérité du fait de la notoriété de leurs auteurs, il semble bien que la quasi-totalité de la production littéraire produite par les différentes catégories d’enseignants soit tombée dans un impressionnant oubli. Pour comprendre la réalité de ces pratiques nous avons été conduit à étudier les différents aspects des récits autobiographiques rédigés par quelques professeurs de lettres de la Sorbonne entre 1880 et 1940.

    Nous aborderons dans ces quelques pages quatre autobiographies [1] rédigées par des professeurs de lettres de la Sorbonne entre 1880 et 1940 [2]. Nous avons voulu rendre compte des caractéristiques culturelles et des conditions de production et de réception de ces écritures « autoréférencées » (Hébrard, 1991 : 283). Nous nous donnons pour objectif de comprendre, malgré les limites liées à un échantillon réduit de textes, les dimensions symboliques et les effets socio-politiques de ces écritures autobiographiques. Pour cela, nous aborderons des récits rédigés, sous la Troisième République, à des périodes différentes et renvoyant à des itinéraires professionnels inscrits dans des contextes historiques variés [3].

    Ce que nous voulons mettre à jour ce sont les « déterminations » qui pèsent sur l’acte de se remémorer, sur la fonction de l’écriture personnelle dans la prise de conscience de soi et dans la reconstruction identitaire qu’elle peut favoriser chez certains et aussi sur les effets symboliques que peuvent produire ces écrits pour tous ceux qui les reçoivent. Nous voulons aussi montrer que ce travail de construction et de représentation d’une vie qui se fait par l’intermédiaire de mises en forme rhétoriques particulières aboutit à renforcer la légitimité et la visibilité sociale des auteurs et du corps professoral plus généralement. Nous pouvons voir dans les écritures autobiographiques comme stratégies de mise en visibilité autant d’efforts de la part des narrateurs pour attester de leur légitimité sociale et crédibilité professionnelle et pour préparer aussi une forme de survie posthume. Il convient donc de s’interroger sur ce qu’il en est de la genèse d’un travail de remémoration et des effets symboliques que cette « commémoration » peut engendrer. On peut donc envisager les écritures autobiographiques comme des formes essentielles de mobilisation de soi à la fois dans une perspective de retour méthodique sur un parcours personnel et dans l’optique de stratégies d’accumulation et de gestion d’un capital symbolique. L’intérêt sociologique d’une étude de ces écritures autobiographiques réside dès lors dans cette économie des pratiques symboliques qu’il convient de dévoiler.

    L’analyse des autobiographies pose, selon nous, un intéressant problème aux sciences sociales. Elle donne à voir, en effet, un certain nombre de questions d’ordre général : d’une part, l’étude de certaines pratiques symboliques et de leur efficacité, d’autre part, plus précisément, le rapport des agents aux pratiques de remémoration. Il s’agit dès lors de réfléchir aux liens entre structures cognitives et expériences sociales. L’intérêt du matériau autobiographique résiderait dans le fait, en effet, qu’il est un vecteur efficace pour comprendre le passé intériorisé des individus. Nous pensons qu’écrire sur soi engage des actes de construction, de catégorisation, de mise en forme mettant en jeu des dispositions mentales issues d’expériences socialisatrices dans les différents champs sociaux que l’on a pu traverser tout au long de sa trajectoire personnelle et sociale. Ce matériau aidant à comprendre les «histoires sociales individuelles » (Muel-Dreyfus, 1983 : 10). On peut montrer que les contenus de ces productions littéraires sont l’expression de l’intériorisation, par les auteurs, des dispositions mentales associées aux trajectoires et aux positions sociales. Ce matériau est dès lors intéressant parce qu’il pourrait nous donner à voir la complexité des trajectoires sociales et les effets que cela peut avoir quant à la perception de soi notamment lorsqu’on à affaire à des individus confrontés lors de leurs parcours passé à des influences socialisatrices hétérogènes. Au-delà de ces considérations, on ne doit pas omettre de prendre en considération le rapport scriptural à soi très particulier qu’engage l’écriture autobiographique, qu’engage également ces professionnels de la culture savante. Rapport reposant sur la construction d’un lien distancié et objectivant au langage et au monde.

    Mise en visibilité et effets de vérité

    En mêlant évocations, épisodes biographiques, anecdotes diverses et jugements de valeur, et ce, dans une cohérence chronologique dès plus explicite, il se dégage immanquablement de ce genre de production littéraire, une publicisation de la singularité et de l’exemplarité de toute vie. Ainsi, les professeurs se représentent en tant qu’êtres insolites, particuliers et incomparables. Les auteurs nous présentant une image magnifiée, emblématisée et édifiante de leur parcours. Par une mise en récit et en forme de leur vie très particulière, par la mobilisation de faits, d’épisodes, d’événements, de personnages, de sentences dans une grammaire didactique efficace qui va de l’enfance à l’âge adulte….les universitaires arrivent à faire reconnaître au lecteur la dimension exceptionnelle et charismatique d’une destinée personnelle qui ne pouvait que faire advenir des potentialités inscrites dès l’origine.

    On peut donc voir en quoi la capacité de rendre public un récit de soi représente pour les autobiographes un formidable instrument de pouvoir intellectuel : celui de se voir identifier avec la représentation qu’ils donnent d’eux-mêmes, renforçant ainsi leur légitimité et leur capital symbolique.

    Pour donner à voir plus précisément ces tendances, arrêtons-nous sur le récit autobiographique rédigés par l’un des deux boursiers exemplaires retenus dans notre étude qu’est Ernest Lavisse.

    Ernest Lavisse, personnage emblématique de la Troisième République, est né le 17 décembre 1842 dans l’Aisne d’une famille de petits commerçants de nouveautés. Il meurt le 18 août 1922 à Paris. Il intègre l’École Normale Supérieure en 1862 et devient agrégé d’histoire trois ans plus tard. C’est dans le prolongement de la défaite de 1870 qu’Ernest Lavisse décide de quitter la France pour étudier en l’Allemagne où il restera trois ans. Docteur es lettres en 1875, maître de conférences à l’École Normale Supérieure en 1876, professeur d’histoire moderne à la Sorbonne en 1888, directeur de l’Ecole Normale Supérieure en 1904, sa carrière fut celle d’un ardent représentant et défenseur de la cause universitaire. Ernest Lavisse s’est, en effet, engagé activement dans les réformes de l’enseignement, tout ordre confondu. Mais cette reconnaissance institutionnelle dépasse largement le cadre de la seule Université. Élu à l’Académie Française en 1892, rédacteur en chef de la Revue de Paris de 1894 à sa mort, figure phare et emblématique du quai d’Orsay et des salons parisiens les plus en vus, Ernest Lavisse est un personnage dès plus important. De plus, il détient une position incomparable dans le champ éditorial. Auteur, en 1884, d’une célèbre Histoire de France qui enseigne cette discipline à plusieurs générations de jeunes français, directeur de publication d’une Histoire de France depuis les origines jusqu’à la Révolution (auteur du tome sur Louis XIV) et d’une Histoire de la France contemporaine mais aussi codirecteur avec Alfred Rambaud de la collection Histoire générale du IVème siècle à nos jours, il influençait bien des sphères. Si Ernest Lavisse s’est vu reconnu dans la mémoire collective comme une figure symbolique importante du panthéon républicain et comme une incarnation de la génération qui travailla avec Gambetta et Jules Ferry à la refonte de l’esprit national après la défaite de 1870 et à l’enracinement dans la société des institutions républicaines, il faut admettre que cette image républicaine d’un savant tout entier voué au service de la nation est en partie à relativiser. Il convient de rappeler qu’il fut longtemps un fidèle de la restauration bonapartiste et un républicain tardivement rallié. On peut supposer que les écrits biographiques rédigés par Ernest Lavisse ont largement contribué à produire cette figure consensuelle du républicanisme français.

    La dynamique qui est au centre de la narration rédigée par ce transfuge est essentiellement structurée par une thématique centrale, à savoir, celle de la formation scolaire et intellectuelle. L’auteur se contentant de parler quasi exclusivement de son passage dans l’enseignement primaire et secondaire. Tout est fait, dans les mises en forme diverses qui passent le plus souvent par l’évocation d’épisodes douloureux, de difficultés économiques, de ruptures avec des parents laborieux et consciencieux attachés à leur seule survie, d’éloignements culturels irrévocables… à nous faire ressortir la venue à soi et la conquête de la maturité d’un individu en devenir. Ce roman de formation à forte conviction méritocratique contribue à légitimer et à faire admettre comme vérité à la fois sociale et politique la figure du boursier méritant qui a su échapper au poids de sa destinée, aux handicaps d’un milieu d’origine modeste et laborieux et faire de sa vie en quelque sorte une affaire personnelle.

    On voit dès lors que ce récit doit viser à la fois à se remémorer mais aussi à édifier, instruire et enseigner avec tous les gains symboliques que l’on peut gagner de cette magistrature morale. C’est bien un certain roman national, une forme de pédagogie de la démocratie, une idéalisation de la méritocratie qui est aussi portée par les souvenirs de ce transfuge. Cette biographie assez modélisée (renvoyant à des modèles universitaires et sociaux d’autodiscipline, de prudence, de contrôle de soi et de discrétion) représente donc une belle histoire de salut, un récit civique, un roman d’exemplarité, un livre d’instruction visant à édifier le lecteur. Elle balance entre réalisme, apologie et merveilleux.

    En dévoilant les conditions de sa réussite (d’où un besoin de retour sur les origines) et en incarnant une morale sociale et républicaine ayant pour référents essentiels le mérite, la discipline, la souffrance, le labeur, la culture, l’ordre et la vertu, l’autobiographe accorde un statut démonstratif à son texte. Les souvenirs qui traduisent, pour cet auteur, boursier d’excellence, le parcours méritocratique d’un adolescent, à travers les arcanes du système d’enseignement français et ses diverses expériences, douloureuses, de rupture et d’acculturation, produisent des effets positifs sur le lecteur (image d’un fort volontarisme, d’un sens du sacrifice, d’une abnégation de soi) et visent à nous faire adhérer à l’illusion libératrice, propre à une élite culturelle consacrée qui doit tout son destin social à l’école, que tout est possible.

    Parce que ces récits ont été rédigés par des membres reconnus du champ universitaire, nous devons les envisager, dans certaines de leurs formulations et mises en forme, comme des textes impersonnels ou comme des discours d’institution. En faisant référence aux aléas d’une enfance prometteuse, aux dons révélés de l’apprenti intellectuel immanquablement attiré par les choses de l’esprit, aux effets libérateurs de la culture, aux marques indélébiles laissées par quelques enseignants charismatiques, aux vertus toutes positives d’une saine morale faite d’abnégation, du sens du sacrifice, de l’intérêt général, de la modestie et de la tempérance, ces indicateurs fonctionnent comme de véritables facteurs de légitimation pour l’ensemble de la profession en rehaussant l’image de l’universitaire à l’extérieur des enceintes enseignantes. Cette action étant d’autant plus performante que les narrateurs sont des personnes consacrées, concentrant entre leurs mains un capital de reconnaissance intellectuelle.

    Autobiographie, retour aux origines et gestion du devenir post-mortem

    Ce qui se joue dans ce travail de mémoire, c’est l’une des dimensions symboliques importantes du champ social, à savoir, la nécessité de se survivre. Ces narrations revêtent des significations complémentaires ou se mêlent, à la fois, la remémoration (souvent sélective), la référence à l’intimité de la mort et la dimension publique ou la vocation posthume du témoignage. Les quatre biographies étudiées résultent de la volonté des auteurs, au soir d’une vie bien menée, de se souvenir et de transmettre publiquement ce souvenir. L’écriture personnelle a cette particularité d’être une forme d’expression de la personne privée où le retour sur soi se voit dotée d’une sphère d’intérêt élargie. La mémoire de soi se veut ainsi acte de témoignage. L’autobiographie prenant corps quand cette mémoire mobilisée se dit utile pour la postérité. Et, uniquement, pour cette perspective. Au risque, a contrario, de présenter une image orgueilleuse de soi.

    L’écrit personnel en tant qu’outil de mis à plat (supposant un niveau élevé de distanciation par rapport à soi-même), de réconciliation avec le passé (surtout pour des autobiographes que le parcours scolaire a éloigné de leurs origines) doit être envisagé comme une manière de renouer avec son histoire et de l’actualiser, de fonder une possibilité de pardon, de quiétude face aux aléas de la vie mais aussi comme une façon de mettre symboliquement de l’ordre dans son vécu et dans l’image de soi face à la postérité.

    Ainsi, les récits rédigés par les boursiers paraissent d’autant plus pertinents qu’ils retracent à grands traits une expérience d’acculturation, qu’ils actualisent une mémoire douloureuse des origines. Ainsi, de par ce travail de mémoire, les auteurs rendent compte, à travers l’accès de ceux-ci au monde de la culture légitime, d’un lent et irréversible mouvement de séparation d’avec leur milieu d’origine. Ainsi, visualiser la position sociale qu’ils détiennent au terme de leur vie, se réapproprier le sens de celle-ci (questionnement d’autant plus essentiel qu’elle peut leur paraître manquer d’unité), se souvenir de l’origine de leur parcours, c’est revenir sur les fractures traumatisantes, sur les éloignements ou les reniements qu’ils ont vécus. Au bout d’une trajectoire sociale bien remplie, ils se doivent de faire retour sur les souvenirs les plus déterminants et ce sont ceux de l’enfance. L’écriture permet ainsi de dénouer certaines contradictions et de « frayer par un travail sur soi à la fois sociologique et auto-analytique le chemin difficile par où s’accomplit le retour du refoulé » (Passeron, 1981 : 25).

    On peut être tenté d’ébaucher le principe suivant, selon lequel, le travail remémoratif sous la forme d’écritures autobiographiques, constitue un outil capable de mettre de la cohérence là où il y a souvent de la dissonance. Trouver des assurances, reconsidérer de mémoire le chemin parcouru peut représenter l’ultime recours contre une image de soi ou un parcours problématique. En se faisant sujet de l’énonciation, l’examen biographique devient compréhension et interprétation de soi. Nous devons considérer ce type de récit, par la variété des questions qu’il engage, comme un outil essentiel de conscience et d’identité de soi qui jongle de manière complexe avec une dialectique de remémoration et d’oubli.

    Le récit autobiographique doit aussi être envisagé dans sa dimension testamentaire. Celui-ci a la vertu, pour les auteurs, de neutraliser l’angoisse de leur propre disparition en donnant, à l’avenir et pour l’avenir, une interprétation de soi et en fournissant les moyens de produire leur propre perception. Le rapport que les narrateurs peuvent entretenir à leur futur traduit, d’une certaine manière, l’attestation de soi et la qualité sociale qu’ils revendiquent. L’autobiographie, comme affirmation publique de l’estime de soi, est à la fois, une pratique de réappropriation de ses origines, de prise de conscience d’une mort prochaine, de préparation symbolique à sa propre fin mais aussi une manière de gérer l’honorabilité post mortem, d’assurer la pérennité de sa trace, de se sauver de l’oubli et de préserver son image des ravages du temps. En sa qualité de discours de survivant, ce type d’écriture, comme affirmation de la distinction personnelle, se met au service de l’inoubliable.

    Au travers de ces quelques propos, il nous a paru important de rappeler que ce qui est au cœur de la problématique autobiographique c’est le projet de mettre en ordre et de distribuer les souvenirs dans la perspective d’un bilan. Il se joue donc, dans cet usage particulier de la forme littéraire, une définition très complexe des relations liant transmission, reviviscence et rapport réflexif à soi. Ce travail de retour sur soi impliquant en effet objectivation, action de distanciation et posture réflexive.

    Notes

    1] Baldensperger (F.), Une vie parmi d’autres. Notes pour servir à la chronique de notre temps, Paris, Conard, 1940 ; Lavisse (E.), Souvenirs (1912), n. éd., Paris, Calmann-Lévy,1988 ; Marouzeau (J.), Une enfance, (1937), n. éd., Paris, Éd. Denoël, 1938 ; Mézières (A.), Au temps passé, Paris, Hachette, 1906.
    2] Ce travail est issu de notre thèse de doctorat intitulé « champ universitaire, champ littéraire : Les écritures autobiographiques chez les professeurs de la Sorbonne. 1880-1940 ». Thèse soutenue à l’Université Lumière-Lyon II, le 21 mars 2002.
    3] Il s’agit des souvenirs de Ferdinand Baldensperger, professeur de littérature moderne comparée ; d’Ernest Lavisse, professeur d’histoire ; de Jules Marouzeau, professeur de philologie latine ; d’Alfred Mézières, professeur de littérature étrangère. Arrêtons-nous sur la définition de notre échantillon de professeurs. L’enquête a laissé de côté le personnel des facultés professionnelles et scientifiques ainsi que celui relevant des facultés de province pour ne retenir que les professeurs titulaires de la faculté des lettres de la Sorbonne ayant publié, entre 1880 et 1940, leurs souvenirs. Ce choix prend en compte quatre faits essentiels, à savoir, premièrement, que la Sorbonne est une institution prédominante du champ universitaire français. Deuxièmement, que la catégorie professionnelle des professeurs titulaires est une importante marque distinctive. Troisièmement, notre préférence pour les lettres s'explique par le fait que le cadre traditionnel des facultés des lettres s’organise autour de quelques disciplines majeures dont la forte interdépendance, le faible niveau d’autonomisation, l’importante unité culturelle et la fonction idéologique et politique dans l’éducation d’une élite républicaine ont été manifestes très longtemps et ceci jusqu’à la période contemporaine. Quatrièmement, les limites historiques que nous privilégions se situent entre deux moments essentiels pour l’histoire du champ universitaire : d’une part, celui de la transformation et de la professionnalisation de l’enseignement supérieur français et, d’autre part, celui, dès le début des années 30, de l’expansion et de la diversification du public étudiant. Au terme de ce travail de délimitation, nous avons repéré un certain nombre d’auteurs d’écrits non strictement académiques. Du fait de nos hypothèses, nous avons privilégié une littérature de souvenirs présentant dans sa forme une relative unité et homogénéité. En fonction de nos objectifs, nous avions besoin, en effet, d’un outil cohérent et unifié qui rende compte d’un véritable projet autobiographique, mettant au centre de son propos, un témoignage sur une vie et une affirmation explicite de soi. Projet explicité comme tel, dans une publication, rendant compte d’un écrit unique, sous la forme d’un ouvrage, et destiné à paraître du vivant de son auteur. Dans cette optique, nous avons été amené à rejeter certains documents (recueils de correspondance ou de poésie, discours publiés, récits de guerre, biographies de collègues….) pour nous concentrer sur quatre documents.



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    M@gm@ ISSN 1721-9809
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