El (Los) sur : campos de lo imaginario. Mi Norte es el Sur
Le(s) Sud(s) : champs de l'imaginaire. Le Sud c'est notre Nord
Mabel Franzone, Alejandro Ruidrejo (dir.)
M@gm@ vol.8 n.3 Settembre-Dicembre 2010
LE PARTI DE LA SUBVERSION : INNOVATION OU STEREOTYPE ? POSTULATION DE L’ANTICONFORMISME ET RECONSTRUCTION DU TOPIQUE NEGRE DANS LE ROMAN SUBSAHARIEN POST-COLONIAL
Ludovic Obiang
fepeli@yahoo.fr
Maître de Recherche, Institut
de Recherche en Sciences Humaines (Libreville-Gabon).
On croit innover
? On ignore qu’on imite un classique ou un illustre inconnu.
Boniface Mongo-Mboussa, Désir d’Afrique, 2000
Introduction
Orienté dès sa naissance sur la dénonciation du système colonial
et soumis concomitamment à un « classicisme » formel, le roman
francophone subsaharien opère, dès les années 60, une rupture
tranchée, sous le mode d’un désenchantement qui se veut l’écho
des turpitudes des états nouvellement indépendants. La crise
s’accentuant, les générations successives systématiseront
ce caractère de déréliction, au point que le roman contemporain
africain rime avec délabrement social et dislocation de l’écriture.
Il s’exprimera principalement selon une tonalité irrévérencieuse,
transgressive, déclinée en autant d’avatars métonymiques (sordide,
obscène, morbide, absurde, ubuesque, scabreux, etc.). Toutefois,
le recours généralisé au subversif, et le fait qu’il se rattache
aux courants avant-gardistes de la littérature occidentale,
atténuent la volonté de rupture affichée par les auteurs.
Ce modèle prédominant n’établit-il pas un nouvel exotisme
africain, d’autant plus insidieux qu’il véhicule, au contraire
de l’ancienne négritude, une image particulièrement négative
de l’Afrique ? Notre recherche examinera l’inscription de
la subversion dans les textes, dans le double intérêt d’en
inférer une systématique générale et de comprendre quelles
tendances elle sous-tend des rapports tumultueux entre l’Occident
(Le Nord) et l’Afrique (le Sud).
I. Du devoir d’intercession à la tentation de l’obscène
: l’ambiguïté d’être nègre
I.1. « Nous montrer tels que nous sommes »
On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être
très sage, ait mis une âme, surtout une bonne âme, dans un
corps tout noir [1].
Cette allégation qui concentre en elle la justification des
futures exactions esclavagistes et coloniales, allait aussi
constituer le promoteur des premiers essais de littérature
originale nègre. Non pas rejeter l’anathème du monstre contrefait
et imbécile, ou du nécromant pervers et maléfique, mais atténuer
les rigueurs du portrait en ayant bien garde de ne jamais
contrarier le maître. Les premières plumes africaines, Bakary
Diallo, Félix Couchoro et plus tard Ousmane Socé ou David
Ananou, s’attachent à montrer leur univers familier, à peindre
les africains « tels qu’ils sont », porteurs de tares qui
ne sont pas irrémédiables, dès lors qu’ils se laisseront dégrossir
par l’humanisme colonial. S’ébranle ainsi l’errance tragique
de l’Africain vers une altérité d’autant plus fuyante qu’elle
porte les germes de sa propre destruction :
« […] si le Noir d’Afrique était connu tel qu’il est, [..],
il est fort probable que l’on excuserait ses travers et que
l’on serait plus indulgent à son endroit, ne serait-ce que
par égard pour l’humanité qui est en lui » (Le fils du fétiche,
p. 9) [2].
Même l’indignation de René Maran à l’encontre des « errements
» coloniaux, n’échappera pas à ce retour de bâton. Ecrire
un « véritable roman nègre », c’est montrer le noir dans sa
nature spécifique, usager de mœurs « désuètes » qui - paradoxalement
- le figent dans une identité caricaturale et irréversible
[3]. Malgré la réserve
affichée ensuite à l’encontre de ses émules, René Maran aura
ouvert la voie aux romans de la négritude, romans au sein
desquels la « cause » anti-coloniale cohabite avec une affirmation
de soi à double tranchant, aussi pernicieuse qu’elle semble
euphorique.
II.2. « La bouche des malheurs qui n’ont pas de bouche
»
Or, il semble bien, à parcourir les romans de la lutte anti-coloniale,
que leurs auteurs ne se doutent pas du poison qui en imprègne
les feuillets. Œuvres de circonstances, cris du cœur, textes
militants, ces romans se doivent de restituer les mensonges
du système colonial, les incidences du contact des cultures
et les ravages du conflit des générations. Œuvres de dénonciation,
les textes décrivent avec force détails, les scènes de spoliation
et d’humiliation dans les « cercles » coloniaux concentrationnaires
ou sur les chemins épineux d’Europe (Climbié, Le vieux nègre
et la médaille, Ville cruelle, Maïmouna, L’aventure ambiguë,
etc.). Œuvre de sensibilisation enfin, les romans matérialisent
les thèses et les idéaux glanés au cours de cheminements intellectuels
ou spirituels éclectiques. La fiction littéraire devient le
cadre de reconstructions historiques (Les bouts de bois de
Dieu) ou d’utopies allégoriques (Le chant du lac) qui affirment
la vocation pédagogique de l’écrivain de même qu’elles en
traduisent le projet social. Peu en importe le simplisme,
le versus nègre spolié/colon blanc s’avère l’arme idoine pour
hâter les « soleils » des indépendances :
« C’était le même soleil depuis des millénaires, et pourtant,
ce jour-là, nous avons cru apercevoir une lueur dont nous
avions perdu jusqu’au souvenir : la lueur de l’espoir. » (Une
aube incertaine, p. 198).
I.3. Les « soleils » des indépendances
Mais du fait même de cette lecture partiale, les indépendances
tant attendues ne tiendront pas leurs promesses de félicité,
travesties par ceux-là mêmes qui les auront arrachées. Aux
détestables colonisateurs, se sont substitués leurs anciens
collaborants (interprètes, miliciens, instituteurs, etc.),
déguisés en « libérateurs » héroïques [4].
Au lendemain des liesses populaires, le réveil est brutal
parmi le martèlement des bottes et le cliquetis des armes
: à la faveur des ténèbres, les anciennes colonies se sont
transformées en de sordides dictatures où la vie d’un homme
pèse moins qu’un « duvet d’anus de poule » (Les soleils des
indépendances, p. 138)! Aux « sages » des premiers romans
vont se substituer les illuminés des temps moderne, prophètes
de malheur, « fous » désopilants, extralucides désabusés,
et les héros occasionnels se chercheront dans les professions
libérales, médecins, avocats, instituteurs, contraints de
soutenir à eux seuls la voûte d’un monde qui s’effondre :
« Et qui suis-je, moi, pour vouloir prendre à mon compte et
à mon âge la misère de ce pays ? » (Saint Monsieur Baly, p.
55).
Aux « villes africaines » de la coloniale, réservoirs inépuisables
de la main d’œuvre indigène, se sont substitués les bidonvilles
urbains, déversoirs nauséabonds des désillusions citadines
:
« Petite Venise là, […] un quartier dans un creux, sans horizon,
où s’agglutinaient dans le désordre des constructions de fortune
faites de matériaux hétéroclites. » (Au bout du silence, p.
62)
Voici Embényolo. Comme je te comprends. Il n’est pas possible
de vivre ici. C’est sur la terre et c’est en dessous de tout.
C’est noir de monde, et il n’y a pas un millimètre carré de
terrain qui ne soit pris d’assaut par les ordures (Contours
d’un jour qui vient, p. 128).
Malheur à celui qui aura le front de s’opposer. La répression
sera brutale : « le peuple, tout le peuple ne tardera pas
à lui infliger la juste sanction qu’il mérite » (Les crapauds-brousse,
p. 115). L’imaginaire est là, certes, mais l’invention est
bien loin, la fiction étant bien souvent en deçà de la réalité
! L’écriture s’adapte donc à la réalité « bâtarde » qui l’inspire.
Non seulement au niveau du référent ou de la tonalité, mais
au niveau même de la langue, qui de relativement « classique
» d’abord, se transforme peu à peu en un idiome à part, hybride
de français et de « parlers » vernaculaires ou populaires.
Mais les « indépendances », c’est aussi l’avènement d’une
écriture féminine « émancipée », irrévérencieuse, qui ne ménage
pas sa critique à l’encontre de certains usages traditionnels.
Les Sénégalaises Aminata sow Fall, Mariama Ba, et bientôt
Ken Bugul prêtent leur voix à une couche de la population
qui s’était résignée jusque là aux vertus du silence, ouvrant
ainsi des perspectives nouvelles sur le monde anciennement
fermé des harems, des désirs refoulés, des haines réprimées,
des mariages arrangés, etc.
Les « indépendances », c’est encore l’occasion de transferts
plutôt réussis d’un cadre générique à un autre. Le poète Tchikaya
U’Tamsi, le dramaturge Sony Labou Tansi, adoptent le roman
et le nourrissent de leur expérience particulière/ancrage
respectif. Le deuxième, surtout, y transpose sa verve rocambolesque
et son dialogue avec d’autres sphères culturelles (Amérique
du Sud), parvenant ainsi à créer un univers à part, un monde
estampillé du génie de son auteur, quand d’autres préfèrent
se ressourcer aux infusions balsamiques de la forêt (Les exilés
de la forêt verte, Le silence de la forêt). Voici l’écrivain
au seuil de la découverte majeure de la fin du siècle, découverte
d’un nouveau monde, celui de l’écriture.
I.4. Les nouveaux horizons littéraires
Refroidi par l’hostilité extérieure, l’écrivain se replie
sur lui-même, sur le seul monde où sa créativité peut s’exprimer
sans limites. En résulte surtout une distanciation prise par
rapport au réel immédiat et un cheminement autocentré qui
trouvera sa cristallisation dans l’avènement de la « migritude
», un foyer d’écriture « black » au bord de la Seine parisienne
[5]. Les fils d’immigrés
ou les exilés de longue date revendiquent un métissage qui
leur autorise une distance plus grande par rapport à la situation
africaine et donc une plus grande liberté aussi bien dans
le choix des thèmes que dans leur traitement scriptural. Leur
monde à eux, c’est celui de l’immigration (L’impasse, Bleu-blanc-rouge),
c’est celui des arrondissements ostracisés (Le petit prince
de Belleville, Place des Fêtes), c’est celui du cosmopolitisme
sans frontières (La polka). Les romanciers assument peu à
peu leurs préférences, leurs envies, leurs amours. L’écriture
s’ouvre à de nouveaux genres (polar, fantastique). On explore
pêle-mêle les bas-fonds de la déchéance humaine (Yaba Terminus,
Temps de chien, Moi l’interdite), les sentiers de l’enfance
(Le briseur de jeux), les méandres du surnaturel (L’enfant
des Masques, Mémoires de porc-épic), etc. Mais surtout, on
fait exploser les tabous les plus rigides, tels la vénération
de la mère (Une noire dans le blanche, L’impasse, Contours
du jour qui vient, La fabrique des cérémonies, Place des Fêtes),
la polyandrie, l’excision, l’inceste, le respect dû aux morts
(L’homme dit fou et la mauvaise foi des hommes, Place des
fêtes). L’heure est désormais à la tentation de l’obscène,
du sordide, de la déréliction la plus totale.
II. Le pari du vandalisme : Ouologuem plutôt que Senghor
La constatation de Jean Thibaudet qui place toute la littérature
française, depuis le XVIIIe siècle, sous le signe d’une lutte
à mort entre littérature de l’écart et littérature d’idées
[6], pourrait être aisément
appliquée à la littérature africaine, partagée depuis sa naissance
entre les « élégies » incantatoires de Senghor, la grandiloquence
de Césaire et les esbroufes de Damas. À la différence que,
si la littérature d’idées semble l’emporter chez l’ancien
colonisateur, les anciens colonisés manifestent, sur le plan
du roman, une préférence nette pour l’agressivité de ton et
la verve provocatrice. Amorcée avec la dénonciation des atrocités
coloniales, cette littérature de l’irrévérence va prendre
une tournure particulièrement radicale et même obsessionnelle
avec le détournement des « indépendances », au point de constituer
aujourd’hui l’expression par excellence de la littérature
africaine. Observateur privilégié des premiers pas de la littérature
africaine, Jacques Chevrier est bien placé pour en reconnaître
la marche unie et les ruptures majeures :
Après la mise à mort des modèles classiques (qui n’affecte
d’ailleurs pas l’ensemble de la production), il semble que
l’on ait abordé une nouvelle phase de radicalisation du discours
romanesque marquée par un dérèglement délibéré des procédures
narratives, au cœur desquelles sont simultanément et paradoxalement
convoquées les figures du Carnaval et de l’Apocalypse [7].
À l’opposé d’une simple mode ou d’un caprice passager, cette
tendance se manifeste selon des modalités tellement récurrentes
qu’elles en traduisent à la fois la portée esthétique et l’ancrage
mythologique [8]. Il est
donc « licite », en dépit des précautions du même Jacques
Chevrier, de parler d’une « poétique de l’obscène » [9],
qui ne serait elle-même qu’une expression métonymique d’une
poétique générale de l’irrévérence ou de la décadence, susceptible
de se diffracter en de multiples déclinaisons : l’absurde
et l’ubuesque, le sordide et le morbide, l’obscène et le scabreux,
etc.
II.1. L’absurde et l’ubuesque
Attendues comme les messies des temps nouveaux, les « Indépendances
» n’auront pas tenu leurs promesses de réhabilitation et de
prospérité. Au contraire, les nouveaux pouvoirs, confisqués
par une minorité d’autochtones, entendront régner sans concessions
et sans partage. Aux anciennes possessions coloniales feront
place les « Etats sauvages » [10]
ou « Etats honteux » [11],
dirigés par des dictatures ubuesques, d’autant plus dévastatrices
qu’elles paraissent comiques et caricaturales.
Au sein des cités-bidonvilles, ersatz pitoyables des métropoles
occidentales le « zéhéros » romanesque erre d’un point à un
autre, sans repères et sans buts certains [12].
Son « ghetto », son « matitis », « ses pauvres univers en
contre-plaqué, en planche et en tôle » [13],
s’apparente très vite à une arène hantée par des puissances
malveillantes et impitoyables. D’où la tentation de la folie,
de la perte salvatrice des sens et de la réflexion. À l’errance
spatiale correspond bientôt une forme de schizophrénie furieuse
ou douce qui est censée détruire les derniers restes d’humanité
chez ses victimes. Le fou intervient ainsi comme un des personnages-clés
du roman post-indépendance, volant souvent la vedette au protagoniste
principal ou se confondant avec celui-ci. Il s’affirme alors
comme le familier d’un monde chaotique, constitué de ruines
aux façades replâtrées. Il représente le cicérone idéal pour
un voyage romanesque jusqu’au bout du scabreux, dans la cité
« labyrinthe où se perdent les âmes » [14].
De même, si tous les protagonistes ne s’enfoncent pas dans
les méandres d’une errance géographique, toutes leurs « aventures
» doivent consister en une incitation insidieuse à la déchéance,
au reniement de soi, un encouragement à la « mue ». Ainsi
Joseph « Kala » (le charbon) s’imposera de prendre « une trentaine
de kilos » et tentera de se « décolorer la peau » pour se
« normaliser » aux yeux du plus grand nombre. « A cause, dira-t-il,
de Laustel et d’autres, je décide me raser la barbe. Pour
les cheveux, j’hésite entre le défrisage et la teinture. En
blond que je manque de me teindre. » (L’impasse, p. 268).
Or, si ce même Joseph réclame à son psychiatre une « méthode
plus rapide, plus efficace, plus radicale pour […] effacer
la mémoire» (ibidem, 327), c’est parce qu’il est bien conscient
que sa « mutation » n’est qu’une façon détournée ou retardée
de mourir. Quel que soit le terme de l’alternative, que l’on
résiste ou que l’on cède, c’est la mort qui gagne toujours.
Désormais « déterritorialisation » et déshumanisation vont
de pair. Etre sans être, voici la solution.
II.2. Le sordide et le morbide
Autant les romans de la négritude avaient établi comme un
horizon de dépassement, malgré les flottements de leurs protagonistes,
autant les romans qui vont suivre, en particulier ceux de
la migritude, se complaisent dans l’enfermement absolu, dans
le marasme total, dans un état de conscience ( ?) définitivement
désespéré [15]. Ces romans
« normalisent » le sordide et le vice, comme d’une crasse
malsaine qui ferait désormais corps avec la peau. Ainsi Léonora
Miano n’hésite pas à camper une unité de « rebelles » contraignant
une communauté villageoise à « manger » l’un des leurs (L’intérieur
de la nuit) de même qu’elle dépeint une mère décidée à brûler
vive sa propre fille ou la population de la rue se nourrissant
« fines lamelles » de chiens errants (Contours du jour qui
vient). De même, de nombreux romanciers vont-ils explorer
les sites des génocides, autant par « devoir de mémoire »
que pour nourrir leur soif d’anéantissement :
Quelques yeux dûment accompagnés de leurs cadavres mafflus
dérivaient en suivant le courant. [...] Tout dérivait alentour,
des placentas dorés, des fœtus de sept jours, les seins d’ossuaire
d’une nomade qui semblait vouloir noyer son rejeton dans le
glacier mobile (...). (Wabéri, 1994, 14-16)
À cette attraction de l’horreur correspond forcément une écriture
appropriée. De par leur disposition au morbide, les romanciers
de la migritude poursuivront plus avant les expériences abordées
par leurs prédécesseurs. Plus que jamais « écritures de la
violence », elles donneront à voir la dislocation des consciences
et des choses. En découle ainsi une écriture hallucinée, disloquée,
fragmentée, dialogique, qui aura en haine toute prétention
à la cohérence et à la vraisemblance.
Cette irrévérence s’étendra à la conception du genre romanesque
en lui-même, impropre dans son classicisme à restituer la
crise dans sa totalité. Alioum Fantouré proposera avec Le
récit du cirque de la vallée de la mort un roman inclassable
qui associe différents modes d’expression (cinéma, théâtre,
récit, etc.) pour rendre toutes les dimensions du drame vécu.
Un autre signe de cette mutation est la disparition de l’histoire,
du contenu narratif, trop lié à des impératifs de cohérence,
de divertissement ou simplement de vraisemblance. « Chez Ndong
Mbeng, dira son introducteur, pas d’histoire, car nous sommes
dans l’Histoire » [16].
Quant à Georges Ngal, il avoue : « le rêve d’un roman sur
le modèle du conte. D’un roman où l’opposition entre diachronie
et synchronie s’estompe : où coexistent des éléments d’âges
différents. […] Cette fécondation du roman par l’oralité que
depuis deux ans je m’efforce de réaliser » (Giambatista Viko,
p. 13). Projet de « fécondation » que Kourouma réalisera pour
sa part, en basant sa critique politique sur une métaphore
animalière qui était déjà l’apanage du conte oral. Il rétablit
ainsi, avec Sony Labou Tansi (La vie et demie) et de nombreux
jeunes auteurs (Patrice Nganang, Ananda Devi, Alain Mabanckou),
une animalisation du monde qui semble augurer d’un retour
de l’homme aux pulsions et aux instincts les plus carnassiers
et les plus primaires.
Nous vivons les premières heures de la bête : nous sommes
entrés dans la conscience zéro de l’homme » (Les yeux du volcan,
p. 89)
II.3. L’obscène et le scabreux
Si les modalités présentées plus haut fusionnent dans la réalité
des textes, au point qu’il soit difficile de les isoler les
unes des autres, il faut bien admettre que l’une d’entre elles,
soit par la focalisation des critiques, soit par l’emphase
des romanciers, impose comme une sorte de mise en relief qui
la détache du corps entier de l’écriture, c’est la modalité
de l’obscène.
Cette prégnance est certainement due au fait que de tous les
tabous auxquels les romanciers veulent rompre, le sexe est
certainement le plus tenace, le plus détesté et le plus contrasté.
Promouvoir le sexe, c’est se faire valoir aux yeux d’une intelligentsia
occidentale pour qui le sexe reste insidieusement l’antonyme
de l’esprit, « l’origine et la cause du péché de chair » [17].
Promouvoir le sexe, c’est se marginaliser d’une société africaine
passée au moule de la colonisation au point d’avoir endossé
des valeurs de pudibonderies qui lui étaient étrangères. Mais
promouvoir le sexe, c’est aussi démythifier une société traditionnelle
que la négritude avait dépeinte comme idéale, ne retenant
du sexe que ce qui devait assurer son équilibre naturel. En
un mot, promouvoir le sexe, c’est concentrer tout le projet
de contemption et de refus initié par l’anti-négritude ; c’est
affirmer l’Autre Afrique.
Pour conforter cette hypothèse, il convient de remonter à
« l’ancêtre » de cette ligne réfractaire, le mythique Devoir
de violence, brûlot d’une rare violence mais aussi d’une lucidité
telle que, aujourd’hui encore, la critique hésite à l’attribuer
à son auteur officiel, le malien Yambo Ouologouem. Et pour
cause, en plein cœur de la Négritude, alors que triomphent
les invocations d’une Afrique hiératique et mystique, une
voix n’hésite pas à révéler les « dessous » de l’irrésistible
ascension aux « indépendances ». Le roman ne recule pas à
présenter des scènes insoutenables d’un protagoniste (M. Chevalier)
qui accouple des Africaines avec son chien, ou du « héros
» africain, ancien fils d’esclave et futur « libérateur »,
Spartacus Kassoumi, se livrant à l’homosexualité pour pouvoir
achever ses études parisiennes. Le sexe s’avère, à la lumière
impitoyable du récit, le moteur et le mobile des intentions
nobles qui sont affirmées au grand jour. Même si les romans
de Kourouma se prévalent de la même joyeuse impudence, le
recours au sexe chez ce dernier ramènera le roman africain
à la paillardise salubre et cathartique propre à la tradition
orale. Il faut attendre Sony Labou pour retrouver l’obscène
comme strate mythologique et principale composante poétique
du roman.
Associé dans une forme de délire carnavalesque à la scatologie
la plus triviale, le sexe domine toute l’œuvre de Sony au
point d’en paraître tout à la fois le sujet et le matériau
principal. On y voit, les protagonistes miniaturisés à leurs
organes charnels, en particulier leur sexe, de sorte que les
femmes assimilées à un « trou » ou à un « cul essentiel et
envoûtant » et les hommes réduits à leur phallus, leur « braguette
» ou leur « hernie », s’adonnent à un coït impitoyable d’où
ne sortiront que la discorde et la gabegie.
Se révèle ainsi un décalage vertigineux entre la hauteur des
prétentions sociales ou politiques (le Président, le Colonel,
le Maire, etc.) et la réalité des actes avoués ou dissimulés,
tel « ce caca saignant plein de tiges et de fruits rouges
» sur le lit de « Mon Colonel Martini Lopez (L’Etat honteux).
De par leur caractère obsessionnel, le sexe et ses succédanés
fonctionnels (la sécrétion, l’excrétion, la défécation, la
succion, etc.) traduisent ainsi l’incapacité chronique des
Africains à dépasser le stade de la trivialité animale pour
accéder à l’élévation de l’Esprit.
Se prévalant de la même acrimonie carnavalesque, de nombreux
épigones vont « s’engouffrer » – littéralement - dans la brèche
agrandie par Sony Labou Tansi. Ils prendront ainsi prétexte
de l’écriture pour illustrer leur refus de la pseudo altérité
nègre, l’Africain étant à leurs yeux, « un homme pareil aux
autres » [18], affecté
des mêmes tares et possédé par les mêmes démons. On voit ainsi
Sami Tchak mêler dans sa production romanesque, aussi bien
la démythification de l’Afrique (ancienne ou moderne), que
celle des parents (père ou mère) et la soumission de l’Africain
à la frénésie du sexe tous azimuts, ne reculant devant aucune
expérience ou aucun tabou (inceste, homosexualité, partouze,
échangisme, zoophilie, etc.).
Au moment où papa disait cela, l’une de mes frangines, celle
que j’avais moi-même baisée, […], ma cadette de deux ans,
qui n’avait alors que treize ans, se faisait sauter dans notre
immeuble par une bande de jeunes noirs et de jeunes Arabes
(Place des Fêtes, p. 26).
Lui, il disait de sa maman qu’elle était ce que la morale
avait fait de mieux. Mais non, sa maman s’offrait des partouzes,
mine de rien (Ibidem, 114).
Alors, maman ouvrit ses rondeurs intimes et me laissa pénétrer
librement dans sa vie chaude. Elle me dit que c’est à l’âge
de huit ans qu’elle avait commencé à enfourner des serpents
gluants en Afrique (Ibidem, p. 74).
Parti sur de telles bases, plus rien ne peut empêcher l’écrivain
de franchir les dernières barrières morales qui séparaient
l’homme de l’animal. Le romancier Florent Couao Zotti en sera
l’exemple-type, mêlant dans une narration qu’il veut cocasse
et pittoresque, aussi bien le viol des cadavres (L’homme dit
fou…) que l’accouplement entre un homme et une bête (Le préservatif
de l’éléphant) :
Une chienne se trouve à Missèbo, dans le marché aux fripes,
releva-t-il. En ce moment, elle est en chaleur et provoque
l’arrivée de la meute tous les matins. Si tu veux recouvrer
ton muscle, rends-toi là-bas de bonne heure et fais-lui ça.
» (Le préservatif de l’éléphant, p. 30).
Incontestablement, l’outrance et l’opprobre se partagent les
restes de la « vieille négritude », enserrant d’un halo d’asticots
le vieux rêve d’une Afrique « debout ». Mais l’assassinat
d’une reine, suppose toujours la l’ascension d’une autre,
d’autant plus désignée qu’elle est souvent la commanditaire
du crime. Les « contours du jour qui vient » n’annoncent-ils
pas l’avènement d’une nouvelle négritude, celle de l’apatride
et de la perversion ?
III. L’anti-négritude comme fondement d’un nouvel
exotisme
III.1. Les Interprètes du monde néo-colonial
Autant les délires de Yambo Oulogouem, de Kourouma ou de Labou
Tansi nous semblaient procéder d’une indignation ou d’un fantaisie
sincères, autant les hyperboles de leurs successeurs nous
paraissent artificielles, caricaturales, façonnées au du goût
du jour et conformes à la demande générale en matière de sensationnel
et de scandale. À lire un Sami Tchak ou un Coua-Zotti, on
ne peut s’empêcher de penser à cette déclaration de Geneviève
Serreau relative au « nouveau théâtre » et son avant-garde
:
Ce qui était invention originale, découverte de rivages neufs,
refus de conventions, a vite fait de se transformer, manié
par de médiocres épigones, en un autre type de convention
[19].
Et c’est bien le danger qui guette aujourd’hui la nouvelle
génération africaine [20],
celui de se scléroser à son insu, au beau milieu de son ascension,
au point de passer sans transition du front de la révolte
au confort de la réaction. Et ce risque est d’autant plus
élevé qu’elle nous semble prédisposée à l’affaissement, reposant
non pas sur une passion sincère, mais sur des intéressements
ponctuels qui pourraient se dérober une fois qu’ils se verraient
satisfaits.
En effet, ces générations ajoutent à leur talent ou leur vocation,
les contraintes d’un environnement qui influence insidieusement
leurs manières de penser et d’écrire. La plupart ayant fui
l’Afrique (ou s’apprêtant à le faire), ils accusent la particularité
d’être « écrivains africains » quand, pour des raisons de
confort ou de survie, ils ont déjà adopté la nationalité -
et bientôt les positions - de l’ancien colonisateur. Vivant
aux crochets de ce dernier, ils le payent en retour en endossant
le discours de déculpabilisation qui l’exonérera du « sanglot
colonial ». « Interprètes » d’un mode nouveau, ils se tiennent
comme leurs glorieux précurseurs entre le peuple et l’ancien
colonisateur, de façon à détourner l’éventuelle vindicte sur
eux, en même temps que, par leurs livres et leurs discours,
ils contribuent à ensemencer les valeurs exogènes qui asseyent
la domination blanche.
C’est en cela qu’ils se prêtent aux contraintes des éditeurs
occidentaux et aux attentes de leurs publics, même s’il faut
cracher pour cela sur leurs derniers restes de principes.
Qu’importe, du moment qu’on peut espérer obtenir un prix prestigieux,
faveur qui accentuera la faiblesse des institutions littéraires
africaines et donnera à leur exil le halo d’héroïsme qui lui
manquait. Ils pourraient dès lors revendiquer la statut d’écrivain
tout court, et non plus celui « d’africain », du moment qu’ils
seraient en phase avec les tendances occidentales les plus
modernes en matière d’écriture, celles qui oblige tout romancier
moderne du « soupçon », à se mettre à quête de nouveau rivages
esthétiques, plutôt qu’à la recherche désespérée d’une Afrique
« fantôme ».
III.2. L’anti-négritude comme affirmation de la négritude
Autant la négritude avait voulu rompre avec un ordre de vexations,
autant elle proposait à la place un système de valeurs et
un corpus de savoirs. Les propositions de Senghor ou de Cheikh
Anta Diop, concernant « ce que l’homme noir apporte », « l’unité
culturelle de l’Afrique », restent les plus généreuses et
les mieux charpentées de la pensée africaine. Au contraire
de leurs successeurs qui se plaisent et se cantonnent dans
la diatribe et l’auto-dérision. Ce décalage est d’autant plus
manifeste que la vérité des textes et le cheminement collectif
des « nouveaux romanciers » laissent entrevoir une parenté
inaliénable entre les deux générations.
Etablissant la poétique de la « nouvelle génération », Papa
Samba Diop note que « les discordances d’avec les précurseurs,
peuvent n’être que formelles et les restaurations simplement
langagières. [Pour beaucoup d’écrivains] les points d’ancrage
au continent restent les mêmes » [21].
Et nous ajoutions que, pour les deux générations d’écrivains,
« le rapport à l’écriture repose sur un imaginaire ou une
mythologie qui s’enracinent dans le patrimoine culturel africain»
[22]. On peut ainsi souligner
avec Mongo Mboussa la parenté séquentielle et thématique de
L’aventure ambiguë (1960) avec des textes récents comme L’impasse
(1997) et Bleu, blanc, rouge (1998). C’est, au-delà des spécifications,
le même cycle de déracinement, le dialogue malaisé des cultures
et l’impossible synthèse.
Mais « nouvelle négritude », la génération de la migritude
l’est aussi par une assomption identitaire qui répète inconsciemment
le processus de la négritude. Se parer de sa faiblesse présumée
comme d’une force, comme d’un bien inaliénable. À la différence
notable que là où les tenants de la négritude retournaient
à leur patrimoine ancestral, les écrivains de la migritude
se caractérisent par leur volonté de rupture. Homme tout simplement,
déchargé de toute responsabilité collective ou universelle.
Son leitmotiv obsessionnel, en finir, rompre avec...
Mais se dire « un homme comme les autres » alors que l’ordre
colonial, pour être désormais invisible, n’en resserre pas
moins son étau, n’est-ce pas renier sa liberté et inviter
la masse à s’incliner ? On pourrait dès lors retourner à la
migritude l’observation ironique que V.Y Mudimbé avait adressée
naguère aux tenants de la négritude :
Pour l’Afrique, échapper réellement à l’Occident suppose d’apprécier
exactement ce qu’il en coûte de se détacher de lui ; cela
suppose de savoir jusqu’où l’Occident, insidieusement peut-être,
s’est approché de nous ; cela suppose de savoir, dans ce qui
nous permet de penser contre l’Occident, ce qui est encore
occidental ; et de mesurer en quoi, notre recours contre lui
est encore peut-être une ruse qu’il nous oppose et au terme
de la quelle il nous attend, immobile et ailleurs [23].
Notes
1] Montesquieu, Esprit des
Lois, 1747.
2] Compte tenu des nombreux
romans cités, nous nous limiterons pour chaque extrait à fournir
le titre et la page. Pour les références complètes, le lecteur
est prié de consulter la bibliographie en annexe.
3] Cf. René Maran, Batouala,
véritable roman nègre, Paris, Albin Michel, 1921.
4] Cette nuance établie par
Henri Brunschwig et reprise par Boniface Mongo Mboussa, ne
constitue en fait qu’une gradation dans la collaboration.
Le collaborant ne renie pas tout à fait sa communauté d’origine,
mais il prête son concours à des fins propres, au risque de
sombrer dans une forme de schizophrénie consécutive à un inévitable
mal-être.
Cf. Boniface Mongo-Mboussa, « Tirailleur tiraillé, une figure
littéraire ambiguë » in https://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=1221
.
5] Jacques Chevrier désigne
par « écrivains de la migritude » une nouvelle génération
d’Africains installé en France, dont l’écriture et la pensée
reflètent une volonté d’assumer leur hybridation : « Inscrivant
leur démarche dans un nouvel espace identitaire (Afrique(s)-sur-Seine),
à équidistance entre l’africanité et la francité, ils puisent
leur inspiration dans leur hybridité et leur décentrement
» (Jacques Chevrier, « Afrique(s)-sur-Seine : autour de la
notion de ‘migritude’ », in Notre Librairie n° 155-156, Identités
littéraires, juillet-décembre 2004).
6] Albert Thibaudet, « La
place des ‘Essais’ », « Préface » à Montaigne, Essais, Paris,
Gallimard, Coll. « Folio », 1962, pp. 7-8.
7] Jacques Chevrier, “Une
radicalisation du discours romanesque africain, ou de l’obscène
comme catégorie littéraire”, in Notre Librairie, n° 142, Actualité
littéraire 1999-2000, p. 34.
8] Au sens où l’entend la
théorie littéraire, d’une strate de l’intellect humain où
se fixent les principaux référents selon lesquels s’élabore
la création langagière ou spécifiquement littéraire.
9] Jacques Chevrier, « Une
radicalisation du discours romanesque africain... », op. cit.,
p. 35.
10] Paraphrase de l’ouvrage
de Georges Conchon, L’Etat sauvage, Paris, Albin Michel/Livre
de poche, 1964. Soulignant les travers et les aberrations
du passage d’un ordre colonial répressif à des « indépendances
» hâtives, Georges Conchon annonce les turpitudes et les atrocités
des prochains états africains. L’Etat sauvage recevra le prix
Goncourt, comme Batouala, 43 ans plus tôt.
11] Inspiré de Sony Labou
Tansi, L’Etat honteux, Paris, Seuil, 1981.
12] Cf. William Sassine,
Le zéhéros n’est pas n’importe qui, Paris, Présence Africaine.
13] Hubert-Freddy Ndong
Mbeng, Les Matitis, mes pauvres univers en contreplaqué, en
planche et en tôle, Paris, Sépia, 1992.
14] Claire Dehon, Le réalisme
africain, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 184.
15] On pourrait m’objecter
qu’une romancière comme Léonora Miano tente d’apporter une
lueur d’espoir dans l’épaisseur des ténèbres, en particulier
dans le roman Contours d’un jour qui vient. Mais elle y établit
une telle disproportion entre le mal et son éventuel antidote,
que le plus important aura été fait, à savoir conforter le
Blanc dans sa déculpabilisation et rendre l’Africain principal
responsable de sa déréliction. C’est ce qui explique certainement,
du moins en partie, le succès rencontré par cette romancière
en France.
16] Yves de la Croix, Texte
de la quatrième de couverture pour Hubert-Freddy Ndong Mbeng,
Les Matitis, op. cit.
17] Jacques Chevrier, «
Une radicalisation du discours romanesque… », op. cit., p.
45.
18] Titre d’un roman de
René Maran, par lequel il semble se détourner des orientations
raciales de ses épigones de la négritude.
19] Geneviève Serreau, Histoire
du nouveau théâtre, Paris, Gallimard, Coll. « Idées », 1966,
p. 147.
20] Pour Notre Librairie,
il faut entendre par « Nouvelle génération », un collectif
non institutionnalisé d’écrivains qui, s’ils se recoupent
principalement par la périodisation chronologique (grosso
modo de 1990 à nos jours), se caractérisent aussi par une
certaine continuité et de réelles convergences dans la pensée
et la conception de l’écriture. C’est ainsi qu’on y retrouve,
aussi bien des romancières affirmées comme Ken Bugul ou Calixte
Beyala que des toutes jeunes pointures comme Natacha Appanah.
21] Papa Samba Diop, « Littérature
francophone subsaharienne : une nouvelle génération ? », in
Notre Librairie, n° 146, Nouvelle Génération, 2001, pp 12-17.
22] Ludovic Obiang, « Sans
père mais non sans espoir, la figure de l’orphelin dans les
écritures de la guerre », in Notre Librairie, n° 148, Penser
la violence, 2002, p.32.
23] V.Y. Mudimbé, L’odeur
du père, essai sur les limites de la science et de la vie
en Afrique noire, Paris, Présence Africaine, Coll. « Situations
et Perspectives », 1982, pp. 12-13.
Bibliographie
1/ Romans
Exclusivement ceux dont nous avons cités des extraits. Pour
les autres, nous renvoyons le lecteur aux principales bases
de données consacrées à la littérature africaine subsaharienne
(ADELF, APELA, ADPF, etc.).
ANANOU (David), Le fils du fétiche, Paris, Nouvelles Editions
Latines, 1971.
BIYAOULA (Daniel), L’impasse, Paris, Présence Africaine, 1997.
COUAO-ZOTTI (Florent), L’homme dit fou et la mauvaise foi
des hommes, Paris, Le Serpent à plumes, Coll. « Fiction française
», 2000.
- « Le préservatif de l’éléphant » in Kangni Alem (textes
réunis par) Le huitième péché, Paris, Ndzé, 2006, pp. 15-35.
EFFOUI (Kossi), La polka, Paris, Seuil, 1998.
MARAN (René), Batouala, véritable roman nègre, Paris, Albin
Michel, 1921.
KONATE (Moussa), Une aube incertaine, Paris, Présence Africaine,
1985.
KOUROUMA (Ahmadou), Les soleils des indépendances, Paris,
Seuil, 1970.
LABOU TANSI (Sony), La vie et demie, Paris, Seuil, 1979.
- L’Etat honteux, Paris, Seuil, 1981.
- Les yeux du volcan, Paris, Seuil, 1988.
OWONDO (Laurent), Au bout du silence, Paris, Hatier, Coll.
« Monde noir Poche », 1985.
MIANO (Léonora), Contours du jour qui vient, Paris, Plon/Pocket,
2006.
MONENEMBO (Tierno), Les crapauds-brousse, Paris, Seuil, 1979.
NGAL (Georges), Giambatista Viko, Paris, Hatier, Coll. “Monde
noir Poche”, 1984.
SASSINE (William), Saint Monsieur Baly, Paris, Présence Africaine,
1973.
- Le zéhéros n’est pas n’importe qui, Paris, Présence Africaine.
TCHAK (Sami), Place des Fêtes, Paris, Gallimard, Coll. « Continents
noirs », 2001.
2/ Textes théoriques
CHEVRIER (Jacques), « Une radicalisation du discours romanesque
africain, ou de l’obscène comme catégorie littéraire », in
Notre Librairie, n° 142, Actualité littéraire 1999-2000, pp.
34-45.
- « Afrique(s)-sur-Seine : autour de la notion de ‘migritude’
», in Notre Librairie n° 155-156, Identités littéraires, juillet-décembre
2004.
DEHON (Claire), Le réalisme africain, le roman francophone
en Afrique subsaharienne, Paris, L’Harmattan, 2002.
DIOP (Papa Samba), « Littérature francophone subsaharienne
: une nouvelle génération ? », in Notre Librairie, n° 146,
Nouvelle Génération, 2001, pp 12-17.
MUDIMBE (Valentin-Yves), L’odeur du père, essai sur les limites
de la science et de la vie en Afrique noire, Paris, Présence
Africaine, Coll. « Situations et Perspectives », 1982.
MONGO-MBOUSSA (Boniface), Désir d’Afrique, Paris, Gallimard,
Coll. « Continents noirs », 2001.
- « Tirailleur tiraillé, une figure littéraire ambiguë » in
https://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=1221
NGAL (Georges), Création et rupture en littérature africaine,
Paris, L’Harmattan, 1994.
OBIANG (Ludovic), « Sans père mais non sans espoir, la figure
de l’orphelin dans les écritures de la guerre », in Notre
Librairie, n° 148, Penser la violence, 2002, pp. 31-35.
SERREAU Geneviève, Histoire du nouveau théâtre, Paris, Gallimard,
Coll. « Idées », 1966.
THIBAUDET (Albert), « La place des ‘Essais’ », « Préface »
aux Essais, Tome II, Paris, Gallimard, Coll. « Folio », 1962.
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