El (Los) sur : campos de lo imaginario. Mi Norte es el Sur
Le(s) Sud(s) : champs de l'imaginaire.
Le Sud c'est notre Nord
Mabel Franzone, Alejandro Ruidrejo (dir.)
M@gm@ vol.8 n.3 Septembre-Décembre 2010
RÉPONDRE AUX SUDS : IMAGINAIRES ET DÉFIS GÉOPOLITIQUES AUX FRONTIÈRES DU NORD : CAS DU MAROC ET DU MEXIQUE
Philippe Sierra
phsierra@yahoo.com
Agrégé et docteur en Géographie
Université Paris 8.
Maroc et Mexique
sont deux Etats qui ont construit depuis une quinzaine d’années
un nouveau discours et de nouvelles politiques pour valoriser
leur proximité au « Nord ». Alena et Mexamérique d’un côté,
quasi intégration au marché européen et péninsule tingitane
de l’autre, sont devenues des lignes majeures des discours
gouvernementaux.
Ce faisant, dans le cadre de politiques valorisant, au nom
de l’inévitable « globalisation », les régions du nord en
tant que zones d’ancrage au « Nord » développé, les Etats
ont dû réinventer des messages pour signifier à leurs régions
méridionales qu’elles ne sont pas abandonnées. Ce processus
a donné lieu à une véritable rhétorique du sud, aux sens géographiques
et économiques, révélatrice des représentations géopolitiques
anciennes et des nouveaux débats sur le développement. Au
Mexique, le « Président de l’alternance », V. Fox, proche
des Etats-Unis a ainsi lancé un vaste « Plan Puebla Panama
», supranational, au nom d’une sorte de « sud global », en
retard mais riche de promesses, incarné à travers la reformulation
du concept de Mésoamérique. Il s’agissait également de répondre
à un conflit bien établi, celui du Chiapas. Au Maroc, sur
le modèle de ce qui avait été lancé pour les « provinces du
nord », une « Agence du Sud » a été mise en place avec la
volonté d’apporter une nouvelle approche du développement
elle-même capable de dépasser le conflit non résolu du Sahara
occidental annexé de fait depuis plus de 30 ans. Mais, ces
nouveaux regards sur le Sud, ces nouveaux discours de développement
se trouvent confrontés à des mouvements d’opposition de Suds
porteurs de leurs propres identités et revendiquant une certaine
émancipation.
Aux frontières du Nord : entre construction régionale
et frontérisation accentuée
Les processus de convergence
Maroc et Mexique sont deux Etats dissemblables, que ce soit
en termes de structure socio économique ou d’histoire. Néanmoins,
leur situation au contact du Nord économique, conduit à observer
de véritables convergences allant dans le sens de la construction
de « régions économiques Nord-Sud » (Beckouche P., 2008).
Figure 1 : Les inégalités de développement |
Le processus est ancien au Mexique, et remonte
à la décision de créer des zones au statut spécial à l’origine
des maquiladoras. De fait, en quarante ans, la population
et la richesse des espaces situés au contact du puissant voisin
ont conduit à modifier les équilibres territoriaux. Le passage
de l’autre côté de la frontière a également produit la constitution
d’une aire culturelle transfrontalière et nommé avec succès
Mexamérique en 1981 par le journaliste J. Garreau [1].
Néanmoins, l’observation de la chronologie montre que c’est
dans les vingt dernières années que les transformations les
plus profondes ont eu lieu. De fait, la mise en route en 1994
de l’ALENA (Accord de Libre Echange Nord Américain) a conduit
à un branchement encore accentué de l’économie mexicaine sur
celle des Etats-Unis, ce qui s’est traduit démographiquement
et économiquement par une croissance accélérée des villes
frontalières. Cette croissance alimentée par l’immigration
a véritablement reposé sur la construction d’un nouvel imaginaire
du territoire, représentant le nord du pays, comme l’espace
des possibles, où l’emploi est plus accessible et mieux rémunéré
et d’où peut se réaliser le passage de l’autre côté de la
frontière. Progressivement, alors que les analyses du Mexique
avaient longtemps été focalisées sur une vision catastrophiste
d’un México tentaculaire, elles se concentrent de plus en
plus sur les succès des nords, comme par exemple les succès
de Monterrey, la ville des entrepreneurs.
Au Maroc, le processus est plus récent et demeure encore limité.
Néanmoins, c’est une vision radicalement nouvelle du territoire
qui s’est construite. Le nord, longtemps appréhendé par l’Etat
comme une périphérie dangereuse (le Rif en révolte) et marginalisée
est devenu une région d’avenir. Le processus est frappant
pour qui reconsidère des discours vieux d’à peine 15 ans.
En effet, en 1996, le Maroc mettait en place une « agence
de développement des provinces du nord » chargée de la mise
en œuvre de politiques permettant d’assurer le développement
et la mise à niveau du nord du Maroc. Derrière les objectifs
affichés, il y en avait en fait un autre, clairement signifié
aux autorités européennes : celui de lutter contre la culture
du cannabis dont le rif marocain est l’une des principales
zones de production mondiale. Le début des années 2000 montre
au contraire que le nord apparaît comme un espace de tous
les projets. Il est ainsi frappant de lire le Schéma National
d’Aménagement du territoire, publié en 2003 au terme de trois
années de réflexion, qui classe ainsi parmi les pôles de croissance
l’espace de Tanger-Tétouan, en synergie avec l’espace européen.
De fait, la péninsule de Tanger, « angle vif » du Maroc pour
reprendre l’expression de Jean François Troin [2],
apparaît comme la nouvelle zone d’avenir du Maroc, celle qui
voit une multiplication d’installations d’entreprises et dans
laquelle le projet phare de création du port de Tanger Med,
semble être le plus grand chantier du Royaume.
La question frontière
Ce basculement des territoires vers le nord traduit aussi
un autre effet conjoint qui est dans tous les imaginaires,
celui de la dissymétrie frontalière et en particulier de l’effet
forteresse lié au renforcement des politiques de contrôle
du passage entre Sud et Nord. La limite Nord/Sud des manuels
scolaires français n’est pas une simple discontinuité socioéconomique
mais bien une frontière politique, vécue comme telle de part
et d’autre, ayant valeur ethno-économique c'est-à-dire dont
l’intérêt est avant tout de protéger d’une menace migrante
porteuse d’une pauvreté indigeste (« on ne peut pas accueillir
toute la misère du monde ») et/ou d’une menace pour les identités
(voir les discours sur l’identité nationale [3]).
Cette valeur donnée à la frontière, explique qu’elle a réorienté
les politiques du Nord, aux Etats-Unis comme dans l’Union
européenne, vers sa consolidation. Un indice est flagrant
: quand l’Union européenne est parvenue à construire des politiques
sécuritaires communes en matière de lutte contre l’immigration,
elle n’a pas encore su élaborer une politique commune du droit
d’asile.
Figure 2 : L’intégration européenne et les enjeux de voisinage |
Les frontières méridionales de l’Union européenne
et des Etats-Unis se sont ainsi trouvées considérablement
renforcées, selon un processus juridique qui a par ailleurs
tendu à complexifier la frontière, à dépasser cette ligne
érigée en repère. Faut-il parler, comme certains anglo-saxons,
de fusy border, « frontière floue » ? En effet, la frontière
pour les migrations se joue en plusieurs lieux qui ne s’emboîtent
pas aisément. A travers « les papiers », c'est-à-dire essentiellement
le visa, la vraie frontière est vécue dans les consulats,
ambassades ou préfectures. Mais le non passage de cette première
barrière, à laquelle tout le monde ne se soumet pas forcément,
nécessite de passer les autres obstacles. Or, les politiques
tant européennes qu’américaines ont conduit à constituer un
véritable glacis de protection, faisant se démultiplier la
frontière en une série d’enveloppes complexes. Du côté nord
américain, la collaboration s’est engagée à partir des années
2000. Les mexicains espéraient que la contrepartie de cette
coopération serait, à défaut d’un « ALENA plus » intégrant
le libre mouvement des travailleurs sur le modèle européen
[4], un accord migratoire
global. Celui-ci aurait dû alors permettre une régularisation
massive des nationaux en situation irrégulière présents sur
le sol du puissant voisin. Elle a conduit à une sécurisation
de la frontière sud du Mexique, qui devient une première barrière
aux migrations clandestines continentales issues d’Amérique
centrale. Le 11 septembre 2001 a totalement remis en cause
toute possibilité d’un accord, en accentuant définitivement
le point de vue sécuritaire et en 2002, ce sont les trois
pays de l’ALENA qui s’entendent sur la construction d’une
frontière commune à l’Amérique du Nord, le « périmètre de
sécurité nord-américain ».
En Europe, la politique de bon voisinage s’est également assortie
d’une impulsion en termes de contrôle frontalier. Conséquence
défendue comme logique de l’espace de libre circulation des
personnes institué par les accords de Schengen, ce contrôle
s’est d’ailleurs institutionnalisé à travers le programme
frontex spécifiquement dédié à la surveillance des frontière.
Elle se note aussi à travers les financements alloués dans
le cadre du partenariat euro-méditerranéen engagé avec la
Conférence de Barcelone. Meda, qui correspond à l’instrument
financier pour la mise en œuvre de ce partenariat, intègre
ainsi en 2002 dans son programme indicatif national un chapitre
« contrôle frontalier » mais aussi un chapitre « Provinces
du Nord ». Or, cette zone apparaît en tant que tel comme espace
à aider parce que les autorités espagnoles ont noté la prééminence
de ces régions dans l’alimentation de l’immigration illégale
du sud de l’Espagne. La coopération du Maroc avec l’Union
européenne, si elle a été limitée avec le refus de l’établissement
de camps de rétention, s’est clairement établie dans le cadre
de la surveillance des migrations de transit et du littoral.
Après le contrôle du détroit, la surveillance de la côte du
sud ouest marocain, point de départ vers les îles Canaries
est l’objet d’une coopération étroite. Le contact du Maroc
et du Mexique avec le Nord économique a donc produit une double
convergence. D’abord en termes de stratégie de développement,
celle-ci étant de plus en plus fondée sur les atouts de la
proximité avec les pays du Nord, ce qui dénote une régionalisation
de l’économie mondiale. Ensuite en termes de contrepartie,
avec une coopération plus ou moins admise dans le contrôle
des flux migratoires à destination du Nord.
Les nouveaux regards sur le territoire
La convergence vers le Nord, la focalisation utilitariste
des politiques de développement territorial, les choix des
investisseurs, permettent de concevoir ces espaces supposés
gagnants comme participant d’une même logique.
Pourtant, inévitablement, doit se poser la question des espaces
éloignés. Le vieux schéma Centre-Périphérie se trouve reformulé
sous celui contact/lien-éloignement. A ces titres suds mexicains
et suds marocains participent d’une même logique en termes
de configuration géographique. C'est-à-dire que les terres
du tropique humide et celles du Sahara, la révolte néo-zapatiste
du Chiapas mexicain et le mouvement indépendantiste sahraoui
du Sahara occidental, en dépit du hiatus qui les sépare, voient
leur position redéfinie par rapport au nord et à leur difficile
insertion dans la Mondialisation et non plus par rapport au
centre traditionnel. Leur situation en position d’éloignement
des nouvelles régions gagnantes, la focalisation sur les thématiques
économiques, leur donne sens en tant qu’espaces d’un sud éloigné.
Ce faisant, c’est bien à une reformulation du regard sur ces
suds que l’on assiste, dans laquelle des imaginaires d’un
sud qui du fait de sa situation géographique serait inévitablement
différent.
Mexique : le basculement des regards vers le sud
C’est au Mexique que la transformation du regard sur le territoire
s’est exprimée le plus tôt et avec le plus de clarté. L’abandon
d’une vision égalitariste du territoire national a été la
conséquence du tournant libéral pris par le pays à partir
des années quatre-vingt. Les politiques d’aménagement du territoire
n’ont plus consisté à répartir au mieux les activités sur
l’ensemble du pays et à délester Mexico mais à réfléchir au
devenir des territoires dans le cadre de la Mondialisation.
Les élections de l’alternance de 2000, ont donné la victoire
au PAN, le parti libéral, dominé par des entrepreneurs du
nord. La figure même du vainqueur était symbolique : Vicente
FOX, entrepreneur proche des Etats Unis, dirigeant d’une grande
firme multinationale. Cela pouvait être lu comme une victoire
du nord. Or, l’un des premiers actes forts de Fox, qui avait
promis de régler le problème du Chiapas en « un quart d’heure
» fut justement d’accepter une partie des demandes des néo
zapatistes et de les sortir ainsi d’une illégalité. Il annonce
rapidement la mise en place d’un vaste plan de développement
du sud du pays en réponse à la coupure entre deux Mexique.
Ce « Plan Puebla Panama », officiellement lancé lors de sa
tournée en Amérique centrale en septembre 2001, largement
préparé sous l’administration précédente, apparaît comme une
réponse globale aux retards du sud. Ce faisant, il s’affirme
comme radicalement nouveau et constitue un révélateur marquant
de l’imaginaire d’une sorte de « sud global », économiquement
pauvre mais culturellement riche, rappel politique fort que
le « sud existe aussi » [5].
La définition géographique de l’espace d’intervention est
en soi particulièrement intéressante à rappeler. Les sept
Etats du sud-est mexicain (Yucatan, Tabasco, Chiapas, Oaxaca,
Veracruz, Campeche, Quintana Roo, Puebla) sont ainsi englobés
dans un même ensemble. On y trouve donc aussi bien les régions
les plus pauvres du Chiapas et de Oaxaca que des espaces extrêmement
dynamiques comme Cancún. C’est un regroupement nouveau, car
jusqu’alors on opposait plutôt les espaces du Pacifique sud,
globalement en retard de développement de ceux du golfe du
Mexique, ayant profité des installations pétrochimiques et
du tourisme.
Pourtant, ce n’est pas là le plus important : car l’espace
d’action se veut en fait supranational et inclue les pays
d’Amérique centrale. Il s’agit de présenter un plan à l’échelle
de tout le « Sud Sud-Est », c’est à dire de toute la « Mésoamérique
». La logique est alors claire : le Mexique semble être coupé
en deux. A la « Mexamérique » intégrée à l’ALENA et donc au
Nord économique, s’opposerait une partie du Mexique, « mésoaméricaine
» et donc en retard de développement. Le sud-est au sens géographique
devient Sud au sens économique voire métaphorique. Ce faisant,
l’Etat mexicain noie la question de la rébellion néozapatiste
du Chiapas dans un champ plus vaste, et la raccroche aux spécificités
de ce vaste ensemble mésoaméricain qui prend l’image d’un
véritable « sud global ». Il faut dès lors « favoriser la
richesse humaine et écologique dans le cadre d’un développement
durable qui respecte la diversité culturelle et ethnique »
[6] .
A ce propos, l’emploi du terme « Mésoamérique » est tout à
fait révélateur de la manière dont ce sud est imaginé. L’expression
n’est pas nouvelle, elle remonte à un article de l’archéologue
Paul Kirchhof publié en 1943 [7],
et désignait l’aire culturelle des civilisations anciennes
mayas et náhuatls. Le terme n’est sorti du champ de l’anthropologie
historique qu’à la fin des années quatre-vingt dix avec le
projet de création d’un « corridor biologique mésoaméricain
» [8]. Et ce n’est qu’en 2000, lors du quatrième
sommet de Tuxtla [9], que
l’idée de région mésoaméricaine apparaît, reprise rapidement
pour désigner l’espace d’action du PPP. Ce ne sont donc pas
seulement des régions méridionales, mais bien un ensemble
qui aurait une unité culturelle fondée sur un héritage historique
commun. En insistant sur les richesses culturelles et naturelles,
le plan ne fait que repousser l’idée largement ancrée dans
les représentations communes de la population d’un sud à la
traîne et couteux en aides de l’Etat. La promesse qui est
faite est, somme toute, d’attirer, grâce à de nouvelles infrastructures,
les investissements nécessaires au décollage économique de
cet espace. A lire le plan et les discours qui l’ont accompagné,
il s’agit de sortir de l’image d’un espace éclaté uniquement
marginal entièrement assisté par le centre, en lui donnant
les moyens de s’insérer dans la mondialisation. La diversité
des suds est donc noyée dans une vision globalisante faisant
de leur interconnexion la solution aux problèmes de développement.
Maroc : la rhétorique de l’Agence du Sud
Au Maroc, les années 2000 correspondent également à un nouveau
discours globalisant sur le sud. Hassan II avait construit
l’union sacrée de la nation autour de son roi sur la « récupération
» des territoires sahariens colonisés par les Espagnols. La
Marche Verte de 1975 - au cours de laquelle trois cent cinquante
mille marocains armés d’un Coran avaient symboliquement pris
possession du Sahara occidental - est un événement sacré et
célébré chaque année. Depuis 1975, les territoires sahariens
sont au cœur des préoccupations de l’Etat marocain. A l’extérieur,
puisque l’annexion n’est pas reconnue de droit et demeure
un objet de litige international. A l’intérieur, puisque le
Maroc s’est trouvé en conflit avec le mouvement du front polisario
qui considère les marocains comme des colonisateurs et a décrété
en 1976 la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD).
Le Sahara est donc devenu à la fois un territoire de guerre
durant 15 ans, jusqu’au cessez le feu de 1991, et l’objet
de toutes les attentions de façon à le « réintégrer » à la
nation. Equipements routiers, stations de dessalement de l’eau
de mer, développement des villes, création d’importants ports
de pêche : autant d’investissements lourds effectués par le
Royaume qui y encourage l’installation humaine et le développement
économique grâce à des mesures fiscales et sociales. La frontière
séparant le Maroc et le territoire contesté est ignorée des
cartes et découpages administratifs et une politique basée
sur la promotion des ralliements des « séparatistes » est
menée dès l’enclenchement du conflit.
L’échec de la MINURSO, mission de l’ONU chargée de l’organisation
d’un référendum d’autodétermination dont les listes électorales
achevées en 1999 ne sont pas reconnues par les deux parties,
conduit le Maroc à un nouveau discours. Mohamed VI, intronisé
en 1999, incarne la transition politique, se déplaçant symboliquement
dans les marges du Royaume, que ce soient celles du Nord (le
Rif), de l’Oriental ou du Sahara. La décentralisation est
à l’ordre du jour, et le Roi, qui privilégie l’expression
de « Provinces du Sud » à celle de « Provinces sahariennes
», amorce le choix de l’autonomie des régions sahariennes.
En 2002, il annonce ainsi la création d’une « Agence du Sud
» [10], chargée du développement
de ces régions. Créée sur le modèle de celle des Provinces
du Nord mise en place quinze ans plus tôt, elle dénote clairement
une nouvelle considération du problème saharien. Ce n’est
plus le Sahara à intégrer au reste du pays par des investissements
massifs. Contrairement au nord ou à l’oriental, la question
des infrastructures n’est pas ainsi la plus mise en avant.
Le discours est au contraire celui d’un véritable sponsoring
territorial, insistant sur la richesse culturelle de ces espaces,
selon un regard patrimonialisant. La problématique générale
affirme ses préoccupations sociales, indiquant que « l’éradication
de l’habitat insalubre, le développement des villages de pêche,
le renforcement des infrastructures de base et l’appui aux
projets sociaux et de proximité constituent les objectifs
majeurs ». Il s’agit, toujours selon l’Agence, de « répondre
aux aspirations des habitants » [11]
dans le cadre d’un véritable plan de développement intégré.
L’Agence du Sud participe donc d’un message fort, qui s’adresse
à toute la nation, et veut signifier que le Roi n’oublie pas
ses marges. Les régions sahariennes ne sont plus tant ces
espaces à construire et à intégrer à l’espace national mais
des espaces dans lesquels pourraient être mis en avant les
nouveaux modèles du royaume mis en exergue au début des années
deux mille : nouveau concept de l’autorité, décentralisation
et réforme régionale. Somme toute, le processus d’analyse
des difficultés géopolitiques apparaît similaire à celui mené
au Mexique. La difficulté incarnée par les populations d’un
espace est noyée dans un ensemble plus vaste. Comme la révolte
néo-zapatiste qui s’expliquerait par les difficultés socio
économiques d’un vaste sud au Mexique, les émeutes « séparatistes
» de Laayoune et des villes sahariennes seraient le produit
des difficultés socioéconomique et de la mauvaise reconnaissance
des différences culturelles. Dans les deux cas, le nouveau
discours, qui ne met pas en avant ces problèmes politiques
majeurs, conduit à les faire croire comme secondaires au regard
des aspects socioéconomiques et culturels.
Les suds rebelles
Des plans de développement qui accentuent la révolte
Le Sud au Maroc et au Mexique est donc imaginé par les élites
administratives et étatiques comme un ensemble en retard de
développement et à repenser dans le cadre de la Mondialisation.
Ces nouvelles visions comme ces plans d développement avaient
une réelle signification géopolitique. Au Mexique, il s’agissait
de marginaliser la révolte néo-zapatiste du Chiapas, en montrant
que cette partie du Mexique était partie prenante d’un plus
vaste espace en voie de marginalisation. Au Maroc, insister
sur le vocable de provinces du sud, dans le cadre d’une refondation
des discours de développement participait de la nouvelle stratégie
mise en place à l’égard des « séparatistes » sahraouis : montrer
que les autorités ont pour soucis de répondre aux spécificités
culturelles et économiques d’un sud et non plus de l’intégrer
au reste du Maroc.
Ces plans de développement sont en soi parfaitement révélateurs
des nouvelles représentations que se donnent nations et gouvernements
de leur territoire. Mais les représentations géopolitiques
ainsi formalisées et ces messages de non abandon n’ont pas
eu pour effet de calmer les inquiétudes. En mettant sur la
scène publique les problèmes généraux de ces espaces, ce sont
en fait l’ensemble des inquiétudes qui ont pu se réélaborer
et y répondre.
Le cas est particulièrement flagrant au Mexique. Le Plan Puebla
Panama lancé en grande pompe a peu à peu perdu de sa superbe
médiatique face aux assauts d’organisations altermondialistes
particulièrement efficaces. En fait, le Plan de développement
a donné l’occasion à des mouvements très différents de s’unir.
En effet, à travers le concept d’une Mésoamérique globalement
en retard de développement et à mettre à niveau par rapport
à la Mexamérique, c’est le combat d’une autre vision du développement
qui va se cristalliser. Au Maroc, les nouveaux discours sur
le Sahara à travers les offres mises en avant pour les Provinces
du Sud ne mettent pas fin aux révoltes avec de nouvelles émeutes
à Laayoune en 2005 et surtout l’expression d’un nouveau foyer
de contestation à Sidi Ifni, en limite extérieure de ce vaste
sud, qui va porter de nouvelles interrogations.
Des contre visions construites d’en bas
Dans les deux cas, la forte impulsion donnée à ces plans a
conduit à la construction d’un imaginaire du sud qui n’était
que peu présent et qui s’est reformulé à travers une véritable
contre vision des schémas proposés.
Au Mexique, la contestation sociale déjà très présente dans
ces régions du sud-est a en effet trouvé dans le Plan Puebla
Panama (PPP) un moyen de s’unir malgré sa diversité d’origine.
De fait, des mouvements sociaux ou citoyens portant initialement
sur des intérêts parfois contradictoires (mouvements paysans,
mouvements indiens, pétroliers, écologistes) ont assez rapidement
intégré le PPP comme une menace. Entrant dans la sphère altermondialiste,
ces mouvements altermondialistes ont ainsi été capable de
proposer une véritable contre expertise. En effet, à travers
des forums, véritables contre-sommets dans lesquels des délégués
d’associations contestatrices démontent point par point les
programmes du Plan Puebbla Panama, le rôle de la contre expertise
est mis systématiquement en avant. L’usage d’internet permet
de diffuser les contre-analyses.
Au projet de développement supra national, « mésoaméricain
», lancé par le pouvoir mexicain, s’oppose ainsi la construction
d’une « alliance sociale mésoaméricaine » réunie lors de forums
de Xelajú (Guatemala) en novembre 2001 et Managua en juillet
2002. Le double objectif est affiché : informer les populations
concernées des « méfaits » du PPP et proposer une alternative.
Une multiplication d’initiatives se met en place : semaines
pour la diversité biologique et culturelle à San Cristobal
de las Casas et à Xelajú, rencontres mésoaméricaines à Tapachula
et Managua en mai et juillet 2002…Le Réseau Mexicain d’Action
contre le Libre Commerce (RMALC) et le centre de recherches
économiques et politiques d’action communautaire (CIEPAC [12])
mettent en place la première rencontre « mésoaméricaine »
contre le PPP à Tapachula et un rassemblement d’organisation
dans l’AMAP (Alianza Mexicana por la Autodeterminacion de
los pueblos) qui organise la lutte contre le PPP à partir
de juin 2002. Ce mois là, c’est à Jalapa que le mouvement
dans une réunion intitulée « Parce que le Peuple est Premier,
non au Plan Puebla-Panamá » [13],
décrète le rejet immédiat du plan et les propositions alternatives.
Celles-ci, conformément aux vues d’Armando Bartra [14]
qui cite les expériences antérieures dans l’exploitation du
café, font état d’une conception autogestionnaire des communautés.
En particulier réapparaît l’expression de « souveraineté alimentaire
» [15], qui devient centrale
lors des deuxièmes rencontres mésoaméricaines [16]
de Managua au Nicaragua, qui affirment encore la demande d’une
réforme agraire intégrale et du choix des petites et moyennes
exploitations dans le respect des traditions locales. Selon
les organisateurs, plus de mille délégués des ONG des différents
Etats concernés et d’autres associations altermondialistes
nord américaines et européennes.
On peut remarquer que ces forces d’opposition admettent ainsi
le présupposé, pourtant appuyé sur les conceptions libérales
proches de celles défendues par les Etats Unis, qui veut que
la création d’infrastructures implique rapidement l’installation
d’entreprises et d’activités économiques autres que les activités
primaires. Les illustrations d’un petit ouvrage d‘opposition
intitulé « l’ABC del PPP » [17]
sont tout à fait révélatrices. Elles montrent une prolifération
d’usines de type maquiladoras en Amérique centrale dans lesquelles
les pauvres indiens sont exploités. Par rapport aux plans
de développement touristique, elles évoquent la multiplication
d’hôtels où les populations doivent s’engager pour travailler.
Bref, pour ces mouvements anti-PPP, le danger du Plan Puebla-Panamá
ce n’est pas tant qu’il s’agisse d’un plan de plus, mais qu’il
apporte réellement une croissance économique –ce qu’il affirme
!- néfaste pour les populations et l’environnement, les deux
étant étroitement associées, et qu’il menace la souveraineté
de la région en la mettant sous la coupe des intérêts des
investisseurs internationaux, au premier rang desquels les
Etats-Unis. C’est donc le modèle de la croissance économique
telle qu’elle s’est incarnée dans le nord du Mexique ou dans
le succès touristique de Cancún qui est contesté. Ainsi, ce
qui est notable, c’est que l’expression de cette contestation
n’est pas tant une dénonciation des promesses, une mise en
évidence de la vacuité des plans de développement ou une contestation
des représentations qu’ils portent. Ainsi, les prérequis de
l’analyse néolibérale ne sont pas remis en question. On ne
met pas en doute le fait que la réalisation d’infrastructures
de transports va amener des investisseurs et des usines. On
ne remet pas en cause le concept de Mésoamérique. On ne nie
pas le discours flatteur de la richesse naturelle de la zone.
Bref, ce n’est pas l’efficacité du Plan qui est contestée,
mais bien le modèle de développement au sens large. Ces oppositions,
même si elles ne s’en réclament pas, se situent alors dans
une certaine continuité du « révélateur chiapanèque », pour
reprendre l’expression de H.Favre : l’identification des interventions
de l’Etat comme une menace [18],
et, dans le même temps, le rejet du libéralisme économique.
Ce faisant, le nouveau regard lancé par le pouvoir est véritablement
utilisé par ces mouvements sociaux pour se donner une identité
collective qui dépasse l’identification politique commune
(l’altermondialisme) pour proclamer une véritable solidarité
culturelle sur une base géographique large énoncée par les
plus hautes autorités. A travers la contestation du programme
de développement, le vaste sud mésoaméricain prend vie et
reconstruit un imaginaire résistant et modèle.
La résistance est aussi le caractère central des mouvements
observés dans le sud marocain. La force de ce sentiment est,
comme le note M. Keith [19]
« deprived of the teleological certainties of revolutionnary
socialism, « resistance » has that omnibus quality that vicarious
celebration of bloodlettings of other places and a smug reassurance
of the gravitas of everydaylife and the political import of
the transgressions of the jaywalker ».
Sidi Ifni, la revendication du sud ?
Il est toujours difficile de mesurer au Maroc les réponses
de la population aux politiques concernant ses régions sahariennes
compte tenu de l’importance prise par l’annexion de facto
des anciennes colonies espagnoles du Sahara occidental. Identifiée
comme une réintégration à la Mère patrie, dans un Etat en
quête du « parachèvement de l’intégrité territoriale », la
diversité même du Sahara est mal connue, à commencer par les
délimitations dudit Sahara occidental qui ne correspond qu’à
une petite partie des « Provinces du Sud ».
Pourtant, c’est à la périphérie immédiate de cet espace que
va se jouer l’une des réponses les plus évidentes à la politique
saharienne du Royaume. En effet, un mouvement d’une force
inédite s’est exprimé à Sidi Ifni, une ancienne petite enclave
littorale espagnole, rétrocédée au Maroc en 1969 et incorporée
à la Province de Tiznit dont elle forme la limite occidentale
méridionale avec la Province saharienne de Guelmim. Petit
pays en déprise, dont l’ancienne ville coloniale de ce casernement
militaire espagnol n’a fait que vieillir, Ifni est néanmoins
connu dans tout le pays comme étant le territoire des Aït
Ba Amrane, la tribu résistante, qui de 1958 à 1969 a lutté
pour se libérer de la tutelle espagnole et rejoindre le Royaume
indépendant depuis 1956. Chaque année sa rétrocession est
célébrée comme une étape essentielle de l’histoire du Maroc
indépendant.
Figure 3 : Les Provinces du Sud : limites administratives et problèmes territoriaux |
Or, depuis 2005, cette petite ville est agitée
par un mouvement social auquel une très large part de la population
prend part. Dans un pays marqué par la multiplication des
mouvements protestatifs et/ou revendicatifs, le mouvement
d’Ifni aurait pu apparaître comme un mouvement parmi d’autres.
Ses revendications, au nombre de cinq procèdent du développement
social et territorial et s’intègrent dans le sentiment d’une
partie de la population marocaine d’avoir été abandonnée.
Il s’agit de l’achèvement du port de pêche afin de créer des
emplois, de l’équipement de l’hôpital, de la distribution
de cartes d’entraide nationale et de la construction d'une
route côtière la reliant à Tan Tan. Mais à ces demandes d’ordre
social ou économique, s’ajoute une revendication territoriale,
qui est de plus constitue la revendication mise au premier
rang : l’érection d’Ifni au rang de province rattachée à la
Région de Guelmim-Es Semara, la région saharienne voisine
[20]. Cette revendication
relève certes de la demande de reconnaissance pour une population
incarnant la résistance et qui, largement frappée par le chômage,
vit dans le lustre passé de ce qui fut la capitale de l'Afrique
Occidentale Espagnole (1946-1958) s'offre sans cesse au regard
: aéroport international désaffecté, cinéma, théâtre et zoo
abandonnés rappellent le « bon temps » d'un âge idéalisé.
Mais elle incarne aussi la volonté de se rapprocher du modèle
de développement saharien impulsé par l’Etat, et largement
basé sur une assistance spécifique aux populations. Appartenir
à l’espace saharien est vécu comme permettant de bénéficier
à la fois des investissements économiques et des aides données
aux familles et aux jeunes en particulier. Si cette revendication
a des fondements géopolitiques locaux en modifiant les découpages
électoraux au bénéfice de certains notables locaux, son enjeu
est d’une portée nationale et relève exclusivement du Roi.
En juin 2008, la répression brutale du mouvement suite au
blocus du port en fait un événement national où se trouvent
pêle-mêle posées la question de la nature de la transition
mais aussi celles de la politique saharienne et de la tournure
de la contestation dite séparatiste. Les accusations de séparatisme
portées alors à l’encontre de la population d’Ifni, qui n’a
jamais soutenu le Polisario, au lieu de la discréditer ont
renforcé un sentiment de défiance à l’égard des autorités
tout en activant, au niveau des associations d’émigrés les
représentant à l’étranger de nouvelles solidarités des populations
sahraouies et des interrogations sur le modèle de développement
saharien. Une interrogation en filigranes pour l’Etat étant
de savoir si les promesses de décentralisation et d’autonomie
régionales ne risquait pas, sur fonds de difficultés sociales,
de provoquer une extension de la contestation à travers des
solidarités inédites à une échelle régionale plus vaste.
Si, compte tenu des spécificités politiques des suds marocains
avec la question majeure du Sahara occidental, on ne peut
donc parler d’une véritable reconstruction globale de l’imaginaire
du sud, force est de constater que les nouveaux discours n’ont
pas seulement été perçus comme un message à forte teneur géopolitique
pour promouvoir la « solution autonomiste » promue par le
Maroc, mais aussi comme une justification à des revendications
locales, participant d’une reconstruction identitaire.
Conclusions
Mondialisation et dynamisme des mouvements identitaires participent
à la reconsidération des territoires. L’impulsion donnée à
l’insertion des nords mexicains et marocains dans l’économie
mondiale du fait de leur proximité aux Etats-Unis et à l’Union
européenne, dans le cadre d’une intégration en progression,
a conduit à une reconsidération des suds de ces deux pays.
Zones de tension géopolitique, elles sont devenues au début
des années deux mille des espaces sur lesquels les gouvernements
ont mis en avant leurs nouveaux discours de développement,
conformes aux attentes internationales d’un développement
durable et intégré, respectueux des populations locales. Ce
faisant, en redéfinissant de larges ensembles, auquel l’Etat
signifie qu’ils ne sont pas abandonnés, c’est à la reconstruction
de visions d’un sud global que ces programmes de développement
participent. Un sud marqué par d’autres richesses qui seraient
ses atouts pour s’insérer dans la mondialisation. Mais, ces
nouveaux discours se heurtent à des mouvements sociaux qui,
loin de disparaître, proposent, en particulier dans le cas
du Mexique, un contre-modèle de développement mettant en avant
les solidarités héritées d’un sud porteur de valeurs.
Notes
1] Garreau J., 1981, the
nine nations of North America, H.M.C., Boston.
2] Troin J.F. (Dir.), 2002,
Maroc, régions, pays, territoire, Maisonneuve et Larose, Paris.
3] Voir en particulier Huntington
S., 2006, Qui sommes nous ? Gallimard, Paris.
4] A peine élu, Vicente Fox,
le président mexicain de l’alternance, évoque cette proposition
en août 2000.
5] Dávila, Enrique; Georgina
Kessel y Santiago Levy, 2000. El Sur también existe: un ensayo
sobre el desarrollo regional de México, México: Subsecretaría
de Hacienda y Crédito Público, Subsecretaría de Egresos, mimeo,
66 p., republié dans la revue Economia mexicana, vol. XI,
2002.
6] Plan Puebla Panamá, 2002
(alors consultable sur le site de la BID).
7] Kirchoff P., 1943, Mesoamérica,
sus límites geográficas, composición étnica y caracteres culturales,
Acta Americana, México, I (I), pp. 92-107.
8] Ce projet a été lancé
en 1997 lors du dix-neuvième sommet des présidents centraméricains.
9] Ces sommets correspondent
à des rencontres entre les chefs d’Etat d’Amérique centrale
et du Mexique.
10] Le nom complet est «
Agence pour la Promotion et le Développement Economique et
Social des Provinces du Sud du Royaume ».
11] Voir le site officiel
de l’Agence du Sud, et plus particulièrement cette page :
https://www.lagencedusud.gov.ma/problematique_generale.php.
12] Centro de Investigaciones
Economicas y Politicas de Acción Comunitaria. A publié un
opuscule très instructif: ciepac, 2002, el abc del plan puebla
panama, avec l’aide d’ONG internationales dont France liberté.
Chaque page reprend simplement le discours officiel puis en
montre les dangers. La couverture qui dit que un autre monde
est possible écrit : tout ce que tu dois savoir pour ne pas
te laisser avoir (todo lo que necesitas saber para que no
te atrape).
13] “Porque el Pueblo es
Primero no al Plan Puebla Panama.”
14] Cet intellectuel a tenu
un rôle important dans la contre-expertise systématique aux
projets de développement. On peut lire avec intérêt son article
: « Reinventando una identidad colectiva. Foros sociales y
encuentros campesinos en Mesoamérica”sur le site : https://osal.clacso.org/dev/article.php3?id_article=95.
Dans cet article, il donne sa version des tenants et aboutissants
des nombreux forums.
15] Rappelons que cette
expression avait eu grand succès au temps où des gouvernements
se revendiquaient du Tiers Monde.
16] II encuentro campesino
mesoamericano, 15 juillet 2002, poursuivi du 16 au 18 juillet
par le « Foro mesoamericano frente al PPP « globalicemos la
solidaridad ».
17] « El ABC del PPP ».
Réalisé par le CIEPAC centre de recherches économiques et
politiques d’action communautaire, une organisation altermondialiste
quiprésente également un grand nombre de contre-expertises.
Voir le site : www.ciepac.org.
18] Voir l’analyse de Zermeño
S.,1998, le soulèvement zapatiste : pouvoir central et identités
sociales, in Debuyst F. et Yépez del Castillo I., 1998. Dans
cette analyse, il montre bien comment l’Etat – alors dominé
par le PRI, le Parti Révolutionnaire institutionnalisé maître
du pouvoir pendant 70 ans- est représenté comme l’adversaire.
19] Dans la conclusion de
l'ouvrage qu'il a édité avec S. Pile: Keith M., in Pile S.,
Keith M., 1997, Geographies of resistance, Routledge, London
and New York.
20] Sierra P., 2009, Le
développement régional vu d’en bas : le mouvement social d’Ifni
(sud-ouest marocain), in Mager C. (coord.), 2009, Développement
territorial : jeux d’échelles et enjeux méthodologiques, U.N.L.,
Lausanne.
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