Les études ici réunies vont nous permettre d’examiner différentes
genres d’écritures et typologies d’écrivains (poétique et épistolaire,
roman autobiographique et autofiction, narratif et témoignage),
explorant un corpus considérable (œuvres littéraires et littératures
personnelles) et des pratiques significatives (activités narratives
et autobiographiques). Le thème proposé, les écritures de soi en
souffrance, se dénoue sollicitant une réflexion sur les rapports
entre les œuvres et les différents contextes sociaux et historiques.
Nous pouvons envisager et saisir l’ensemble du corpus et des pratiques
considérées en tant que texte social vivant, inscrivant l’expérience
de l’existence et du monde dans la pratique de l’écriture. (...)
Nous allons solliciter et proposer une lecture sociologique et anthropologique
de l’ensemble des études proposés au sein du numéro monographique,
privilégiant une analyse de la matrice du discours social structurant
la conscience individuelle et collective.
APOLLO CALLIOPE ERATO: TRASCENDENZA E IMMANENZA
NELL’INTIMITÀ DEGLI ESSERI AL MONDO
Atteint d’un mal qu’il désigne plus loin comme la lèpre, Jean Bodel
prend congé des arrageois et établit ainsi un genre poétique qui,
au début du XIIIe siècle, représente la première manifestation en
littérature française de la perspective ironique du poète envers
lui-même. Les Congés de Bodel semblent se fonder sur un «jeu de
la souffrance et de la honte, du ‘dire’ et de ‘se cacher’» et, par
une variante du thème de la chantepleure, ils anticipent la poésie
lyrique du XVe siècle. (...) La souffrance constitue ainsi le leurre
d’un sens qui serait séditieux et qui dépasse pourtant la sphère
du social ou de l’idéologique, car il se résout dans la maîtrise
de la parole. L’étalage d’habileté poétique, art d’un discours où
les significations s’effritent, séduit le lecteur d’aujourd’hui,
tout comme le public d’alors, appelés tous les deux à chercher les
multiples visages du poète.
A' la fin de la Renaissance, la valorisation d’une certaine “privauté”
favorise la mise en discours des choses du corps et le récit de
soi. Au lendemain des guerres de religion, la paix civile promue
par l’Édit de Nantes trace de nouvelles frontières entre privé et
public, fracture qui rend possible l’existence d’un espace décroché
de tout bien public, où chacun est incité à cultiver des vertus
privées. (...) Dans l’exploration de cette correspondance, nous
voyons donc comment, à la fin de la Renaissance, discourir de sa
douleur constitue pour l’individu particulier une alternative au
discours dévot majoritaire, dans la mesure où cette écriture de
la douleur favorise une exploration du moi privé dans la singularité
et l’irréductible évidence de ses sensations de plaisirs et de douleur.
La poésie baudelairienne remplace le paradigme d’imitation par une
poétique du surnaturel centrée sur la sensation. A priori, la souffrance
du réel apparaît comme un concept antagoniste de l’idéal d’un art
pur. Mais par l’imagination créatrice, Baudelaire parvient à établir
des ponts entre le sensible et l’intelligible, et ainsi à transformer
la douleur. Soumise à une ‘alchimie’ poétique, celle-ci devient
finalement le moyen d’une révélation du surnaturel à l’intérieur
de l’immanence esthétique.
Plus d’un siècle après sa mort, Oscar Wilde continue de susciter
l’intérêt tant pour son œuvre que pour sa vie. Dandy toute sa vie,
d’une taille hors du commun, ce n’est pas seulement l’artiste mais
aussi l’homme qui a marqué son siècle et continue d’enthousiasmer
le lecteur du vingt-et-unième siècle. (...) L’écriture de soi en
souffrance, comme nous le voyons à travers De Profundis, aboutit
à la preuve que son génie artistique est intact. (...) L’écriture
combat la souffrance de l’isolation et de la déchéance, mais dans
le cas de Wilde, c’est également le moyen de se reconstruire en
tant qu’homme et en tant qu’artiste: il n’a plus de nom, plus de
reconnaissance par les hommes, mais le texte, que Wilde l’ai pensé
ou non, est une nouvelle œuvre d’art qui montre la capacité et la
force de l’esprit en condition d’oppression.
L’écriture est l'élaboration d’un agencement. Elle est le mouvement
du labeur qui fait de l'oeuvre une construction, qui invente l'espace
et le discours lui donnant corps. Pour Hans Henny Jahnn, l’écriture
fut une souffrance, elle fut aussi l’objet illimité de sa quête
spirituelle. Si la souffrance peut être définie comme un agencement
particulier du désir au sens où Deleuze et Guattari entendaient
que désirer était construire un agencement, la question de l’écriture
de la souffrance de soi pourrait être ainsi posée: quelle sont les
rapports et quelle est la nature des rapports entre eux pour qu'ils
deviennent et disent la souffrance? Notre article tentera de dégager
chez Jahnn des agencements de souffrance et de désir.
La souffrance nérudienne, fondamentale dans la trajectoire poétique
du poète chilien, est la traduction et l’entreprise improbable d’une
survie poétique: de cette même douleur naîtra un chant poétique
sonore et total. Paradoxe ultime, le dialogue avec les morts de
la Guerre civile espagnole (1936-1939), eux aussi souffrants, puis
avec les voix disparues des anciens indiens (dans le Chant général)
permettra au sujet nérudien d’accepter la part mortelle qui est
en lui, mais également d’aller plus avant dans le son et la transparence.
Source de création poétique et de révolution esthétique, la souffrance
conduit à la création d’une voix et d’une langue poétiques nouvelles
pour dire toute la vie et toutes les morts de l’homme universel.
Erigeant le texte en véritable objet thérapeutique transférentiel,
la souffrance acquiert une réelle valeur artistique faisant du malheur
le vecteur, sinon le moteur, de tout «roman du moi» dont la narration
nécessite l’impulsion des maux pour que s’accomplisse la mise à
nu qu’est l’auto-bio-graphie. L’écriture de soi serait donc ce stade
intermédiaire où la mise en mots se fait aboutissement et suspens
avec pour centre gravitationnel la souffrance sublimée. La littérature
y naît d’une blessure fondatrice, d’une cicatrice originaire qu’il
convient non pas de suturer mais d’exprimer (au double sens du terme)
afin que se dresse le texte comme spéculum face auquel se forgerait
l’identité du «sujet pensant» désormais posé comme sujet «narré».
La question que j’ai cherché à poser dans tous mes articles critiques
sur Sarraute est bien celle du projet scriptural comme projet existentiel
(...). Le «projet existentiel» sarrautien consiste à affirmer une
identité indicible, qui se manifeste seulement par sa pratique:
l’invention et l’écriture des tropismes. L’écriture est déclarée
«neutre»: toute position sexuée étant vécue dans l’écriture (à l’instar
de toutes les autres identités) comme superficielle et provisoire.
Notre article se donne comme objectif de considérer l'écriture comme
médium thérapeutique et expression privilégiée de la souffrance
en analysant les aspects suivants. L’écrivain allemand Christa Wolf,
née en 1929, a entrepris une écriture autobiographique dans son
roman Christa T. (1968), où elle relate son amitié avec Christa
Tappert, leurs années d'études en Allemagne de l'Est, puis le calvaire
de la maladie de Christa T., atteinte de leucémie. Pour Christa
Wolf, l'écriture permet de surmonter le travail de deuil de son
amie. L’écrivain français Serge Doubrovsky, né à Paris en 1928,
considère aussi l’écriture comme medium de la souffrance, comme
acte thérapeutique, écriture post-analytique après les séances chez
son psychanalyste. Dans le cas de publics spécifiques (apprenants
étrangers, publics hospitalisés - Programme Culture à l'hôpital
-), l'écriture constitue un médium bénéfique pour libérer la souffrance
lors d’ateliers d'écriture.
Pour explorer les profondeurs inconscientes de son intimité, Serge
Doubrovsky a inventé en 1977 pour son ouvrage Fils un néologisme
et a nommé un genre: l’autofiction. Le concept d’autofiction permet
aux écrivains qui s’en réclament de distinguer leur stratégie narrative
à la fois de celle de l’autobiographie et de celle du roman. L’autofiction
relève en effet des deux formes puisqu’elle mobilise en même temps
l’écriture autobiographique, référentielle, et la «fonction poétique
du langage» qui problématise la référence. Postulant un phénomène
de double réception, à la fois autobiographique et romanesque, ce
genre littéraire associe deux contrats de lecture a priori antinomiques,
et en fait un genre intrinsèquement paradoxal.
Cet article traite du rôle de l’écriture autobiografique dans la
vie de Maura Lopes Cançado. Maura a écrit un livre, l´Hospice c´est
Dieu, espèce de journal intime autobiographique publiée en 1965
au Brésil. Maura commence sa carrière en écrivant des contes pour
le Jornal do Brasil, en 1958, dans le supplément littéraire. Son
désir pour être reconnue donne lieu à des crises de nerfs, le conduisant
à s´interner en hopitaux psychiatriques. Son livre est le fruit
de ses nombreux internements, il fournit un portrait de sa condition:
la patiente qui subit les pratiques d´une institution psychiatrique
violente et décadente; l´individu qui puise dans l´écriture autobiographique
son lien le plus profond avec la vie, son fil d´Ariane, qui le tire
du labyrinthe. Cette écriture marquée par la souffrance, sert de
pont entre Maura et le monde. Si écrire est le fil qui le relie
à la vie, à l’autre, à la société, à mesure que Maura s´éloigne
de l´écriture, son histoire devient tragique. Le je et l’autre s´éloignent.
Cet article analyse le «roman» écrit par Simone et André Schwarz-Bart,
publié par le Seuil en 1967. Texte plutôt que roman, il présente
une certaine réalité: la vieillesse d’une femme âgée et noire dans
un asile à Paris, vers les années 1950. Mais surtout, il ouvre un
espace d’écriture où les oppositions, les paradoxes règnent, se
fécondent et ouvrent l’aventure de se dire par les mots. L’écrivain/e
devient celle qui nous parle et aussi déparle, porté/e par les mots
dont elle/il n’a pas la maîtrise mais la jouissance. Une approche
semio-narrative met en place les vecteurs pulsionnels (amour/haîne)
qui tissent la trame de ce texte et permettent de dire la souffrance
et la malédiction dues au fait d’être une enfant noire, née dans
une Caraíbe pauvre.
Quel sens donner à l’écriture de soi en poésie? Figure du poète,
représentation sociale, personne physique, et jeu narratif, le sujet
de l’écriture se présente comme une entité complexe. L’œuvre poétique
cependant se nourrit de ces différentes individualités, en quelque
sorte, qui parviennent, entre union et tension, à produire une unité
de sens. Quelle serait dès lors la place d’un auteur singulier dont
l’œuvre s’envisage en souffrance? (...) Écriture de soi ou écrire
malgré soi, le poète compose ainsi avec sa psyché propre, il se
dévoile de façon plus ou moins explicite mais imprègne l’œuvre de
sa subjectivité. L’écriture de soi, finalement, consiste peut-être
en ce qui reste de l’émotion lorsque forme et style ne déstabilisent
plus notre lecture du poème.
Suite à la mort de sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer -
événement qui a aussi été élaboré plus tard dans le journal intime
Je ne suis pas sortie de ma nuit, publié en 1999 - Annie Ernaux
éprouve le besoin d’écrire Une femme. Publié en 1987, ce récit est
une manière de faire le deuil de sa mère. À travers un projet de
dévoilement de sa vie, ce récit expose comment sa mort est vécue
comme une rupture incompréhensible. (...) Pourtant, c’est à partir
de cette incompréhension, en passant par l’écriture, qu’Ernaux prétend
saisir le sens de sa mort.
PROMETEO PANDORA EPIMETEO: L’ESPERIENZA DELLA
VITA E DELLA TRAGEDIA UMANA
L’archétype de la femme écrivain s’inscrit dans le projet boudjedrien
de reconquérir le pouvoir par une écriture profondément humaine
et féminine. Ainsi, la mystique du corps de la femme vient s’inscrire
dans une entreprise de déstructuration de mythes dépassés aux valeurs
morales rétrogrades. Cette même mystique renoue avec une tradition
qui valorise la femme en tant que sujet séducteur et détenteur du
verbe poétique et actualise son rôle dans l’histoire et le devenir
de son peuple. Cette étude comportera une réflexion portant sur
l’évolution et l’importance grandissante de l’instance narrative
féminine chez Rachid Boudjedra dans une démarche comparative dans
trois de ses romans (La Répudiation, Le Démantèlement, et La Pluie)
où la femme en tant que personnage et narratrice est omniprésente
et occupe une place prépondérante.
Il romanzo di Erri De Luca, studiato in quest’articolo, mette in
scena un narratore che mobilita tutte le strategie del discorso
politico per guadagnare l’adesione del suo pubblico: costruzione
di un auditorio omogeneo, messa in azione di un’etica e presa in
considerazione della dottrina comune o della doxa. Il narratore,
in questo modo, svolge il ruolo dell’osservatore che mostra, riporta,
cita, dettaglia e commuove.
L’auteur nous livre le mal dont il est atteint, à savoir le sida.
Il prit, d’ailleurs, ce terrible virus pour modèle dans «son projet
de dévoilement de soi et de l’énoncé de l’indicible». Désireux de
contrôler sa maladie et ses manifestations, l’auteur ne nous épargne
nul détail quant à l’évolution de son mal. Ce souci viscéral de
«tout dire» a guidé toute son œuvre, par ailleurs. (...) Le roman,
Le Paradis, publié posthumément en 1992, a été écrit durant l’été
1991, quelques mois avant sa mort. L’auteur était à bout de souffle.
Le recours à la fiction face à l’inexorable fin qui s’annonçait
lui a permis de rêver à d’autres possibilités par le biais de l’écriture
fictionnelle.
La fiction du monde contemporain, selon Charles Newman, s’interroge
sur la culture établie, souvent autobiographique, elle relève d’un
néo-réalisme qui postule l’existence de nouvelles informations qui
sont tues par les médias. Notre perspective s’inscrit sur la problématique
suivante: pouvons nous lire le roman de Azouz Begag comme un roman
autobiographique et un Bildungsroman beur (roman d’apprentissage)?
Pour Azouz Begag, l’écriture représente le topos de l’apprentissage
et s’incarne en une force créatrice, essentielle et existentielle.
Connu par son obtention en 2005 du prix littéraire le plus prestigieux
de la Chine pour son roman Chen'ai luoding (la poussière tombe)
qui pourtant mit du temps à s’imposer, le romancier d’expression
chinoise A Lai, né en 1959, est l’un de ces auteurs tibétains sinophones
par obligation. Il puise toujours son inspiration dans une souffrance
qui l’accompagne depuis son enfance. En effet deux courts romans,
respectivement publiés en 1987 et en 1988, et un long poème édité
en 1989 témoignent d’un parcours douloureux jusqu’à la trentaine.
L’expérience de A Lai est exceptionnelle dans la littérature d’expression
chinoise, peu habituée à ce type d’auto-thérapie littéraire manifeste
dans son œuvre romanesque et son œuvre poétique complémentaires
et dont la dimension personnelle n’exclut pas l’intérêt d’un témoignage
social.
Il racconto breve Sessizlik (Il silenzio, 1980) fa parte del libro
Kötü bir yaratik di Zeynep Avci Karabey, scrittrice e giornalista
turca. In Sessizlik è affrontata la tematica dell’ordine domestico
come dovere della donna nella dimensione quotidiana dello spazio
privato. Dal patriarcato nasce una visione del mondo e delle cose
che presenta come naturali usi e tradizioni che non lo sono affatto,
ma che sono soltanto il frutto di sistemi filosofici, politici e
sociali. L’ordine sociale agisce sugli uomini e sulle donne con
effetti durevoli, cioè uomini e donne reagiscono alle situazioni
in modo apparentemente spontaneo, ma che riflette schemi fissi.
L’ordine non è sempre garantito con forme di violenza fisica o psicologica,
ma con forme più sottili di violenza simbolica.
Née au japon, Amélie Nothomb y passe les cinq premières années de
sa vie, dont elle restera profondément marquée linguistiquement
et culturellement. (...) De sa vie à Bruxelles, et de son cursus
universitaire, elle ne cache nullement ses douloureux souvenirs
d’être incompris et rejeté, se retrouvant toujours confronté à une
mentalité qui lui était inconnue. Toute cette civilisation occidentale
à laquelle elle est censée appartenir, et l’orientale, berceau de
son enfance et abreuvoir de son adolescence. Ce fut la collision
des deux civilisations diamétralement opposées; elle dira à propos
de ce choc socioculturel et civilisationnel.
MNEMOSINE MAIA ERMES: DAL DISCORSO DI SE AL
DISCORSO DELL’ALTRO
Tous les récits sur la guerre de 1870 font état de la souffrance
vécue dans l’occupation allemande. Ils n’ont jamais été analysés
alors qu’ils présentent l’intérêt de montrer une mentalité française
chez les civils. Entre sentiment de solitude, d’étrangeté, de dégoût,
la souffrance est libérée sur le papier, des thèmes communs apparaissent;
chacun raconte l’occupation de son point de vue, identique partout
en région parisienne, mêmes brutalités, mêmes vexations. Traumatisés
par la guerre, les auteurs trouvent le chemin de la reconstruction
de soi par l’écriture de leurs souffrances. Ainsi le lecteur découvre
un pan méconnu de l’histoire franco-allemande, une guerre plus violente
que ce que la mémoire collective en a retenu.
Aujourd’hui la Mémoire de la Shoah est un thème récurrent de notre
société. C’est une écriture qui est devenue universelle pour dire
le malheur, l’horreur des guerres et des génocides. L’écriture de
cette souffrance, les témoignages sont aujourd’hui nombreux et pluriels.
Mais quelles sont les enjeux et les raisons de cette ferveur de
l’écriture? En outre, l’écriture de la souffrance fut-elle un élément
libérateur ou aliénateur pour ces témoins? Par nos recherches nous
apprenons qu’il est de coutume pour la «communauté» juive de se
souvenir par les livres, par l’écriture. Toutefois cette écriture
ne reçut pas tout de suite l’accueil escompté. Après le procès Eichmann,
les témoins et leurs récits commencèrent réellement à être entendus.
La Mémoire de la Shoah devient alors un élément identitaire européen,
permettant aux témoins par l’écriture en souffrance, qu’il s’agisse
de romans, de poésies ou de bandes dessinées, de trouver une place
dans nos sociétés.
Facilitée par les forums ou les outils de blogging, l’expression des
malades est structurée, du fait des caractéristiques des techniques
employées, par le classement chronologique (du plus récent au plus
ancien): elle donne la primauté au temps présent (en se centrant sur
le corps, sur la sensation et le sentiment) mais permet la lecture
d’une «antéchronique» de la souffrance et du traitement (avec l’essentielle
question de la durée de vie). La spécificité de ce récit de soi en
souffrance pourrait tenir à la «co-construction» du discours par les
lecteurs via leurs commentaires. La prise en compte de l’autre parfois
déjà connu (un autre malade, un thérapeute ou un membre de la famille)
parfois nouveau car issu du web débouche sur une écriture «extime»
(plutôt qu’intime) de la souffrance. Souvent, le lecteur est lui-même
un être en souffrance à la recherche de soi dans le discours de l’autre,
de modes d’échange plus adaptés à sa nouvelle condition révélée de
malade, de mots capables de dire son propre mal.
Dans cette contribution, j’entendrai l’écriture de soi au sens de
la subjectivité, c’est-à-dire un rapport à soi nécessairement recomposé
et remis en cause dans le champ carcéral, cadre décontenançant par
la force des choses et source d’une souffrance originale dans la
vie d’un homme. Et j’entendrai l’écriture de soi dans ses rapports
à l’écriture en tant que technique, pratique de l’intime pour approcher,
saisir, questionner l’autre écriture, celle de soi. Ainsi j’interrogerai
la prison lorsqu’elle touche au fondement de l’être, de celui qui
est enfermé et j’interrogerai les rapports et les conditions de
l’écriture en prison entretenues pour les détenus et leur environnement.
La narrazione di sé e la pratica autobiografica rappresentano quindi
oltre ad un momento destinato alla autoriflessione e alla ricomposizione
della trama della propria esistenza, la possibilità di riprogettarsi
e ripensarsi non solo 'oltre' le parole con cui si viene descritti,
ma spesso anche in opposizione ai termini degli altri. Si racconta
la propria storia per ribadire la propria esistenza non solo come
detenuto ma anche come individuo. Si contrappone all'etichetta di
'criminale' la complessità del proprio vissuto, si concede una valvola
di sfogo per narrare la propria sofferenza esistenziale rischiando
forse anche di auto-indulgere in un sentimento di vittimismo che rischia
di prendere il sopravvento.
Far da sé il proprio ritratto
biografico significa, in rapporto a queste alienazioni, sfidare
i demoni della compiacenza e della connivenza con l’altro,
quindi porre il rifiuto, l’opposizione e quindi il vuoto,
il nulla, l’assenza come base sulla quale veder apparire le
proprie scene e le proprie passioni. Solo se non devo rispondere
di me stesso a nessun altro che a me stesso, io sono nella
condizione di cogliermi nella mia delusione fondamentale,
nell’opposizione frontale che ho verso il mondo o verso i
valori recepiti, nella mia protesta di riscatto dalla soggezione,
nelle mie istanze di vendetta, di cui avverto insieme la violenza
apocalittica e la colpa morale, quindi posso valutare quanto
sono trascinato da passioni, reso nemico agli altri e a me
stesso, e quanto posso riequilibrare il mio essere sulla base
di una valutazione intima, sentita, ponderata di ogni lato
contrapposto della mia identità.
L’autobiografia è una tipologia di scrittura di sé che si può definire come costruzione narrativa di sé che una persona sviluppa sulle vicende del proprio passato (ma che può riguardare anche il presente ed il futuro) e nella quale il narratore e il protagonista coincidono. E’ una costruzione longitudinale del sé che tiene conto delle trasformazioni identitarie verificatesi nel tempo. Tutto ciò in un’autobiografia viene descritto da sé; il soggetto narrante diventa il personaggio del suo racconto, il protagonista definisce i confini della propria storia. Il mondo della migrazione, così come l’alterità esotica, è sempre stato descritto da chi intendeva prendere la parola per capire meglio, per indagare fenomeni e per comprendere le culture. I protagonisti, i soggetti sottoposti all’analisi, hanno difficilmente avuto la possibilità di descriversi da sé. La proposta dialogica consiste nel rovesciamento di questa prospettiva: il dialogo include l’osservatore, lo fa diventare uno dei soggetti presenti nel contesto. L’altro ha il diritto di definirsi, il diritto all’autobiografia.
Orazio Maria Valastro
Les études ici réunies vont nous permettre d’examiner différentes genres d’écritures et typologies d’écrivains (poétique et épistolaire, roman autobiographique et autofiction, narratif et témoignage), explorant un corpus considérable (œuvres littéraires et littératures personnelles) et des pratiques significatives (activités narratives et autobiographiques). Le thème proposé, les écritures de soi en souffrance, se dénoue sollicitant une réflexion sur les rapports entre les œuvres et les différents contextes sociaux et historiques. Nous pouvons envisager et saisir l’ensemble du corpus et des pratiques considérées en tant que texte social vivant, inscrivant l’expérience de l’existence et du monde dans la pratique de l’écriture. (...) Nous allons solliciter et proposer une lecture sociologique et anthropologique de l’ensemble des études proposés au sein du numéro monographique, privilégiant une analyse de la matrice du discours social structurant la conscience individuelle et collective.
Gabriela Tanase
Atteint d’un mal qu’il désigne plus loin comme la lèpre, Jean Bodel prend congé des arrageois et établit ainsi un genre poétique qui, au début du XIIIe siècle, représente la première manifestation en littérature française de la perspective ironique du poète envers lui-même. Les Congés de Bodel semblent se fonder sur un «jeu de la souffrance et de la honte, du ‘dire’ et de ‘se cacher’» et, par une variante du thème de la chantepleure, ils anticipent la poésie lyrique du XVe siècle. (...) La souffrance constitue ainsi le leurre d’un sens qui serait séditieux et qui dépasse pourtant la sphère du social ou de l’idéologique, car il se résout dans la maîtrise de la parole. L’étalage d’habileté poétique, art d’un discours où les significations s’effritent, séduit le lecteur d’aujourd’hui, tout comme le public d’alors, appelés tous les deux à chercher les multiples visages du poète.
Antoinette Gimaret
A' la fin de la Renaissance, la valorisation d’une certaine “privauté” favorise la mise en discours des choses du corps et le récit de soi. Au lendemain des guerres de religion, la paix civile promue par l’Édit de Nantes trace de nouvelles frontières entre privé et public, fracture qui rend possible l’existence d’un espace décroché de tout bien public, où chacun est incité à cultiver des vertus privées. (...) Dans l’exploration de cette correspondance, nous voyons donc comment, à la fin de la Renaissance, discourir de sa douleur constitue pour l’individu particulier une alternative au discours dévot majoritaire, dans la mesure où cette écriture de la douleur favorise une exploration du moi privé dans la singularité et l’irréductible évidence de ses sensations de plaisirs et de douleur.
Christoph Groß
La poésie baudelairienne remplace le paradigme d’imitation par une poétique du surnaturel centrée sur la sensation. A priori, la souffrance du réel apparaît comme un concept antagoniste de l’idéal d’un art pur. Mais par l’imagination créatrice, Baudelaire parvient à établir des ponts entre le sensible et l’intelligible, et ainsi à transformer la douleur. Soumise à une ‘alchimie’ poétique, celle-ci devient finalement le moyen d’une révélation du surnaturel à l’intérieur de l’immanence esthétique.
Agathe Brun
Plus d’un siècle après sa mort, Oscar Wilde continue de susciter l’intérêt tant pour son œuvre que pour sa vie. Dandy toute sa vie, d’une taille hors du commun, ce n’est pas seulement l’artiste mais aussi l’homme qui a marqué son siècle et continue d’enthousiasmer le lecteur du vingt-et-unième siècle. (...) L’écriture de soi en souffrance, comme nous le voyons à travers De Profundis, aboutit à la preuve que son génie artistique est intact. (...) L’écriture combat la souffrance de l’isolation et de la déchéance, mais dans le cas de Wilde, c’est également le moyen de se reconstruire en tant qu’homme et en tant qu’artiste: il n’a plus de nom, plus de reconnaissance par les hommes, mais le texte, que Wilde l’ai pensé ou non, est une nouvelle œuvre d’art qui montre la capacité et la force de l’esprit en condition d’oppression.
Barbara Jovino
L’écriture est l'élaboration d’un agencement. Elle est le mouvement du labeur qui fait de l'oeuvre une construction, qui invente l'espace et le discours lui donnant corps. Pour Hans Henny Jahnn, l’écriture fut une souffrance, elle fut aussi l’objet illimité de sa quête spirituelle. Si la souffrance peut être définie comme un agencement particulier du désir au sens où Deleuze et Guattari entendaient que désirer était construire un agencement, la question de l’écriture de la souffrance de soi pourrait être ainsi posée: quelle sont les rapports et quelle est la nature des rapports entre eux pour qu'ils deviennent et disent la souffrance? Notre article tentera de dégager chez Jahnn des agencements de souffrance et de désir.
Dominique Casimiro
La souffrance nérudienne, fondamentale dans la trajectoire poétique du poète chilien, est la traduction et l’entreprise improbable d’une survie poétique: de cette même douleur naîtra un chant poétique sonore et total. Paradoxe ultime, le dialogue avec les morts de la Guerre civile espagnole (1936-1939), eux aussi souffrants, puis avec les voix disparues des anciens indiens (dans le Chant général) permettra au sujet nérudien d’accepter la part mortelle qui est en lui, mais également d’aller plus avant dans le son et la transparence. Source de création poétique et de révolution esthétique, la souffrance conduit à la création d’une voix et d’une langue poétiques nouvelles pour dire toute la vie et toutes les morts de l’homme universel.
Marie-Camille Tomasi
Erigeant le texte en véritable objet thérapeutique transférentiel, la souffrance acquiert une réelle valeur artistique faisant du malheur le vecteur, sinon le moteur, de tout «roman du moi» dont la narration nécessite l’impulsion des maux pour que s’accomplisse la mise à nu qu’est l’auto-bio-graphie. L’écriture de soi serait donc ce stade intermédiaire où la mise en mots se fait aboutissement et suspens avec pour centre gravitationnel la souffrance sublimée. La littérature y naît d’une blessure fondatrice, d’une cicatrice originaire qu’il convient non pas de suturer mais d’exprimer (au double sens du terme) afin que se dresse le texte comme spéculum face auquel se forgerait l’identité du «sujet pensant» désormais posé comme sujet «narré».
Nathalie Sarraute, autofiction et construction de soi: les yeux largement fermés
Pascale Fautrier
La question que j’ai cherché à poser dans tous mes articles critiques sur Sarraute est bien celle du projet scriptural comme projet existentiel (...). Le «projet existentiel» sarrautien consiste à affirmer une identité indicible, qui se manifeste seulement par sa pratique: l’invention et l’écriture des tropismes. L’écriture est déclarée «neutre»: toute position sexuée étant vécue dans l’écriture (à l’instar de toutes les autres identités) comme superficielle et provisoire.
Martine Schnell
Notre article se donne comme objectif de considérer l'écriture comme médium thérapeutique et expression privilégiée de la souffrance en analysant les aspects suivants. L’écrivain allemand Christa Wolf, née en 1929, a entrepris une écriture autobiographique dans son roman Christa T. (1968), où elle relate son amitié avec Christa Tappert, leurs années d'études en Allemagne de l'Est, puis le calvaire de la maladie de Christa T., atteinte de leucémie. Pour Christa Wolf, l'écriture permet de surmonter le travail de deuil de son amie. L’écrivain français Serge Doubrovsky, né à Paris en 1928, considère aussi l’écriture comme medium de la souffrance, comme acte thérapeutique, écriture post-analytique après les séances chez son psychanalyste. Dans le cas de publics spécifiques (apprenants étrangers, publics hospitalisés - Programme Culture à l'hôpital -), l'écriture constitue un médium bénéfique pour libérer la souffrance lors d’ateliers d'écriture.
Camille Renard
Pour explorer les profondeurs inconscientes de son intimité, Serge Doubrovsky a inventé en 1977 pour son ouvrage Fils un néologisme et a nommé un genre: l’autofiction. Le concept d’autofiction permet aux écrivains qui s’en réclament de distinguer leur stratégie narrative à la fois de celle de l’autobiographie et de celle du roman. L’autofiction relève en effet des deux formes puisqu’elle mobilise en même temps l’écriture autobiographique, référentielle, et la «fonction poétique du langage» qui problématise la référence. Postulant un phénomène de double réception, à la fois autobiographique et romanesque, ce genre littéraire associe deux contrats de lecture a priori antinomiques, et en fait un genre intrinsèquement paradoxal.
Maria Luisa Scaramella
Cet article traite du rôle de l’écriture autobiografique dans la vie de Maura Lopes Cançado. Maura a écrit un livre, l´Hospice c´est Dieu, espèce de journal intime autobiographique publiée en 1965 au Brésil. Maura commence sa carrière en écrivant des contes pour le Jornal do Brasil, en 1958, dans le supplément littéraire. Son désir pour être reconnue donne lieu à des crises de nerfs, le conduisant à s´interner en hopitaux psychiatriques. Son livre est le fruit de ses nombreux internements, il fournit un portrait de sa condition: la patiente qui subit les pratiques d´une institution psychiatrique violente et décadente; l´individu qui puise dans l´écriture autobiographique son lien le plus profond avec la vie, son fil d´Ariane, qui le tire du labyrinthe. Cette écriture marquée par la souffrance, sert de pont entre Maura et le monde. Si écrire est le fil qui le relie à la vie, à l’autre, à la société, à mesure que Maura s´éloigne de l´écriture, son histoire devient tragique. Le je et l’autre s´éloignent.
Lucienne J. Serrano
Cet article analyse le «roman» écrit par Simone et André Schwarz-Bart, publié par le Seuil en 1967. Texte plutôt que roman, il présente une certaine réalité: la vieillesse d’une femme âgée et noire dans un asile à Paris, vers les années 1950. Mais surtout, il ouvre un espace d’écriture où les oppositions, les paradoxes règnent, se fécondent et ouvrent l’aventure de se dire par les mots. L’écrivain/e devient celle qui nous parle et aussi déparle, porté/e par les mots dont elle/il n’a pas la maîtrise mais la jouissance. Une approche semio-narrative met en place les vecteurs pulsionnels (amour/haîne) qui tissent la trame de ce texte et permettent de dire la souffrance et la malédiction dues au fait d’être une enfant noire, née dans une Caraíbe pauvre.
Corinne Godmer
Quel sens donner à l’écriture de soi en poésie? Figure du poète, représentation sociale, personne physique, et jeu narratif, le sujet de l’écriture se présente comme une entité complexe. L’œuvre poétique cependant se nourrit de ces différentes individualités, en quelque sorte, qui parviennent, entre union et tension, à produire une unité de sens. Quelle serait dès lors la place d’un auteur singulier dont l’œuvre s’envisage en souffrance? (...) Écriture de soi ou écrire malgré soi, le poète compose ainsi avec sa psyché propre, il se dévoile de façon plus ou moins explicite mais imprègne l’œuvre de sa subjectivité. L’écriture de soi, finalement, consiste peut-être en ce qui reste de l’émotion lorsque forme et style ne déstabilisent plus notre lecture du poème.
Eftihia Mihelakis
Suite à la mort de sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer - événement qui a aussi été élaboré plus tard dans le journal intime Je ne suis pas sortie de ma nuit, publié en 1999 - Annie Ernaux éprouve le besoin d’écrire Une femme. Publié en 1987, ce récit est une manière de faire le deuil de sa mère. À travers un projet de dévoilement de sa vie, ce récit expose comment sa mort est vécue comme une rupture incompréhensible. (...) Pourtant, c’est à partir de cette incompréhension, en passant par l’écriture, qu’Ernaux prétend saisir le sens de sa mort.
Yassin Karim Ben Khamsa
L’archétype de la femme écrivain s’inscrit dans le projet boudjedrien de reconquérir le pouvoir par une écriture profondément humaine et féminine. Ainsi, la mystique du corps de la femme vient s’inscrire dans une entreprise de déstructuration de mythes dépassés aux valeurs morales rétrogrades. Cette même mystique renoue avec une tradition qui valorise la femme en tant que sujet séducteur et détenteur du verbe poétique et actualise son rôle dans l’histoire et le devenir de son peuple. Cette étude comportera une réflexion portant sur l’évolution et l’importance grandissante de l’instance narrative féminine chez Rachid Boudjedra dans une démarche comparative dans trois de ses romans (La Répudiation, Le Démantèlement, et La Pluie) où la femme en tant que personnage et narratrice est omniprésente et occupe une place prépondérante.
Madjid Touzouirt
Il romanzo di Erri De Luca, studiato in quest’articolo, mette in scena un narratore che mobilita tutte le strategie del discorso politico per guadagnare l’adesione del suo pubblico: costruzione di un auditorio omogeneo, messa in azione di un’etica e presa in considerazione della dottrina comune o della doxa. Il narratore, in questo modo, svolge il ruolo dell’osservatore che mostra, riporta, cita, dettaglia e commuove.
Sabah Sellah
L’auteur nous livre le mal dont il est atteint, à savoir le sida. Il prit, d’ailleurs, ce terrible virus pour modèle dans «son projet de dévoilement de soi et de l’énoncé de l’indicible». Désireux de contrôler sa maladie et ses manifestations, l’auteur ne nous épargne nul détail quant à l’évolution de son mal. Ce souci viscéral de «tout dire» a guidé toute son œuvre, par ailleurs. (...) Le roman, Le Paradis, publié posthumément en 1992, a été écrit durant l’été 1991, quelques mois avant sa mort. L’auteur était à bout de souffle. Le recours à la fiction face à l’inexorable fin qui s’annonçait lui a permis de rêver à d’autres possibilités par le biais de l’écriture fictionnelle.
Benamar Nadjat - Benamar Mohamed Abdellatif
La fiction du monde contemporain, selon Charles Newman, s’interroge sur la culture établie, souvent autobiographique, elle relève d’un néo-réalisme qui postule l’existence de nouvelles informations qui sont tues par les médias. Notre perspective s’inscrit sur la problématique suivante: pouvons nous lire le roman de Azouz Begag comme un roman autobiographique et un Bildungsroman beur (roman d’apprentissage)? Pour Azouz Begag, l’écriture représente le topos de l’apprentissage et s’incarne en une force créatrice, essentielle et existentielle.
Yue Yue
Connu par son obtention en 2005 du prix littéraire le plus prestigieux de la Chine pour son roman Chen'ai luoding (la poussière tombe) qui pourtant mit du temps à s’imposer, le romancier d’expression chinoise A Lai, né en 1959, est l’un de ces auteurs tibétains sinophones par obligation. Il puise toujours son inspiration dans une souffrance qui l’accompagne depuis son enfance. En effet deux courts romans, respectivement publiés en 1987 et en 1988, et un long poème édité en 1989 témoignent d’un parcours douloureux jusqu’à la trentaine. L’expérience de A Lai est exceptionnelle dans la littérature d’expression chinoise, peu habituée à ce type d’auto-thérapie littéraire manifeste dans son œuvre romanesque et son œuvre poétique complémentaires et dont la dimension personnelle n’exclut pas l’intérêt d’un témoignage social.
Lucia C. Antonazzo
Il racconto breve Sessizlik (Il silenzio, 1980) fa parte del libro Kötü bir yaratik di Zeynep Avci Karabey, scrittrice e giornalista turca. In Sessizlik è affrontata la tematica dell’ordine domestico come dovere della donna nella dimensione quotidiana dello spazio privato. Dal patriarcato nasce una visione del mondo e delle cose che presenta come naturali usi e tradizioni che non lo sono affatto, ma che sono soltanto il frutto di sistemi filosofici, politici e sociali. L’ordine sociale agisce sugli uomini e sulle donne con effetti durevoli, cioè uomini e donne reagiscono alle situazioni in modo apparentemente spontaneo, ma che riflette schemi fissi. L’ordine non è sempre garantito con forme di violenza fisica o psicologica, ma con forme più sottili di violenza simbolica.
Benali Souâd
Née au japon, Amélie Nothomb y passe les cinq premières années de sa vie, dont elle restera profondément marquée linguistiquement et culturellement. (...) De sa vie à Bruxelles, et de son cursus universitaire, elle ne cache nullement ses douloureux souvenirs d’être incompris et rejeté, se retrouvant toujours confronté à une mentalité qui lui était inconnue. Toute cette civilisation occidentale à laquelle elle est censée appartenir, et l’orientale, berceau de son enfance et abreuvoir de son adolescence. Ce fut la collision des deux civilisations diamétralement opposées; elle dira à propos de ce choc socioculturel et civilisationnel.
Expérience vécue de la souffrance dans les récits de la guerre de 1870 en Île-de-France
Olivier Berger
Tous les récits sur la guerre de 1870 font état de la souffrance vécue dans l’occupation allemande. Ils n’ont jamais été analysés alors qu’ils présentent l’intérêt de montrer une mentalité française chez les civils. Entre sentiment de solitude, d’étrangeté, de dégoût, la souffrance est libérée sur le papier, des thèmes communs apparaissent; chacun raconte l’occupation de son point de vue, identique partout en région parisienne, mêmes brutalités, mêmes vexations. Traumatisés par la guerre, les auteurs trouvent le chemin de la reconstruction de soi par l’écriture de leurs souffrances. Ainsi le lecteur découvre un pan méconnu de l’histoire franco-allemande, une guerre plus violente que ce que la mémoire collective en a retenu.
Aude Delsescaux
Aujourd’hui la Mémoire de la Shoah est un thème récurrent de notre société. C’est une écriture qui est devenue universelle pour dire le malheur, l’horreur des guerres et des génocides. L’écriture de cette souffrance, les témoignages sont aujourd’hui nombreux et pluriels. Mais quelles sont les enjeux et les raisons de cette ferveur de l’écriture? En outre, l’écriture de la souffrance fut-elle un élément libérateur ou aliénateur pour ces témoins? Par nos recherches nous apprenons qu’il est de coutume pour la «communauté» juive de se souvenir par les livres, par l’écriture. Toutefois cette écriture ne reçut pas tout de suite l’accueil escompté. Après le procès Eichmann, les témoins et leurs récits commencèrent réellement à être entendus. La Mémoire de la Shoah devient alors un élément identitaire européen, permettant aux témoins par l’écriture en souffrance, qu’il s’agisse de romans, de poésies ou de bandes dessinées, de trouver une place dans nos sociétés.
Karim Chibout - Martial Martin
Facilitée par les forums ou les outils de blogging, l’expression des malades est structurée, du fait des caractéristiques des techniques employées, par le classement chronologique (du plus récent au plus ancien): elle donne la primauté au temps présent (en se centrant sur le corps, sur la sensation et le sentiment) mais permet la lecture d’une «antéchronique» de la souffrance et du traitement (avec l’essentielle question de la durée de vie). La spécificité de ce récit de soi en souffrance pourrait tenir à la «co-construction» du discours par les lecteurs via leurs commentaires. La prise en compte de l’autre parfois déjà connu (un autre malade, un thérapeute ou un membre de la famille) parfois nouveau car issu du web débouche sur une écriture «extime» (plutôt qu’intime) de la souffrance. Souvent, le lecteur est lui-même un être en souffrance à la recherche de soi dans le discours de l’autre, de modes d’échange plus adaptés à sa nouvelle condition révélée de malade, de mots capables de dire son propre mal.
Lionel Rebout
Dans cette contribution, j’entendrai l’écriture de soi au sens de la subjectivité, c’est-à-dire un rapport à soi nécessairement recomposé et remis en cause dans le champ carcéral, cadre décontenançant par la force des choses et source d’une souffrance originale dans la vie d’un homme. Et j’entendrai l’écriture de soi dans ses rapports à l’écriture en tant que technique, pratique de l’intime pour approcher, saisir, questionner l’autre écriture, celle de soi. Ainsi j’interrogerai la prison lorsqu’elle touche au fondement de l’être, de celui qui est enfermé et j’interrogerai les rapports et les conditions de l’écriture en prison entretenues pour les détenus et leur environnement.
Maria Cecilia Averame
La narrazione di sé e la pratica autobiografica rappresentano quindi oltre ad un momento destinato alla autoriflessione e alla ricomposizione della trama della propria esistenza, la possibilità di riprogettarsi e ripensarsi non solo 'oltre' le parole con cui si viene descritti, ma spesso anche in opposizione ai termini degli altri. Si racconta la propria storia per ribadire la propria esistenza non solo come detenuto ma anche come individuo. Si contrappone all'etichetta di 'criminale' la complessità del proprio vissuto, si concede una valvola di sfogo per narrare la propria sofferenza esistenziale rischiando forse anche di auto-indulgere in un sentimento di vittimismo che rischia di prendere il sopravvento.
Nicola Ghezzani
Far da sé il proprio ritratto biografico significa, in rapporto a queste alienazioni, sfidare i demoni della compiacenza e della connivenza con l’altro, quindi porre il rifiuto, l’opposizione e quindi il vuoto, il nulla, l’assenza come base sulla quale veder apparire le proprie scene e le proprie passioni. Solo se non devo rispondere di me stesso a nessun altro che a me stesso, io sono nella condizione di cogliermi nella mia delusione fondamentale, nell’opposizione frontale che ho verso il mondo o verso i valori recepiti, nella mia protesta di riscatto dalla soggezione, nelle mie istanze di vendetta, di cui avverto insieme la violenza apocalittica e la colpa morale, quindi posso valutare quanto sono trascinato da passioni, reso nemico agli altri e a me stesso, e quanto posso riequilibrare il mio essere sulla base di una valutazione intima, sentita, ponderata di ogni lato contrapposto della mia identità.
Lucia Portis
L’autobiografia è una tipologia di scrittura di sé che si può definire come costruzione narrativa di sé che una persona sviluppa sulle vicende del proprio passato (ma che può riguardare anche il presente ed il futuro) e nella quale il narratore e il protagonista coincidono. E’ una costruzione longitudinale del sé che tiene conto delle trasformazioni identitarie verificatesi nel tempo. Tutto ciò in un’autobiografia viene descritto da sé; il soggetto narrante diventa il personaggio del suo racconto, il protagonista definisce i confini della propria storia. Il mondo della migrazione, così come l’alterità esotica, è sempre stato descritto da chi intendeva prendere la parola per capire meglio, per indagare fenomeni e per comprendere le culture. I protagonisti, i soggetti sottoposti all’analisi, hanno difficilmente avuto la possibilità di descriversi da sé. La proposta dialogica consiste nel rovesciamento di questa prospettiva: il dialogo include l’osservatore, lo fa diventare uno dei soggetti presenti nel contesto. L’altro ha il diritto di definirsi, il diritto all’autobiografia.