Écritures de soi en souffrance
Orazio Maria Valastro (sous la direction de)
M@gm@ vol.8 n.1 Janvier-Avril 2010
ÉCRITURES DE SOI EN SOUFFRANCE: UNE LECTURE DES RÉGIMES STRUCTURANT L'IMAGINAIRE DU TEXTE SOCIAL VIVANT
Orazio Maria Valastro
valastro@analisiqualitativa.com
Président Observatoire Processus
Communication, Association Culturelle Scientifique (www.analisiqualitativa.com);
Doctorant IRSA-CRI (Institut de Recherches Sociologiques et
Anthropologiques - Centre de Recherche sur l'Imaginaire) Université
"Paul Valéry" Montpellier; Maîtrise en Sociologie, Académie
de Paris "Sorbonne", Université René Descartes Paris V; Fondateur,
Directeur Editorial et Responsable de la revue électronique
en sciences humaines et sociales "m@gm@", spécialisée dans
les méthodes et les approches qualitatives; Collaborateur
et membre du Comité Scientifique de la "Revue Algérienne des
Etudes Sociologiques", Université de Jijel-Algérie; Sociologue
et Libre Professionnel, Cabinet de Sociologie Professionnelle
(Catania-Italie).
«Ainsi la notion
de souffrir, ou de chercher, ou de produire un mal pour en
fuir un autre, ou l’éviter, fonde religion et société, obéissance,
croyance - aux dieux, au peuple, au roi, à la médecine, à
l’économie, à la sagesse, etc. et une foule de sacrifices
de l’actuel au futur, du sensible au probable, du probable
à l’excitant…»
(Paul Valéry, «Le chapitre des tyrans», Les principes d’an-archie
pure et appliquée, p. 53)
Introduction: le soubassement mythique d’un corpus
d’œuvres littéraires et de littératures personnelles
Les études ici réunies vont nous permettre d’examiner différentes
genres d’écritures et typologies d’écrivains (poétique et
épistolaire, roman autobiographique et autofiction, narratif
et témoignage), explorant un corpus considérable (œuvres littéraires
et littératures personnelles) et des pratiques significatives
(activités narratives et autobiographiques). Le thème proposé,
les écritures de soi en souffrance, se dénoue sollicitant
une réflexion sur les rapports entre les œuvres et les différents
contextes sociaux et historiques. Nous pouvons envisager et
saisir l’ensemble du corpus et des pratiques considérées en
tant que texte social vivant, inscrivant l’expérience de l’existence
et du monde dans la pratique de l’écriture. Les écrivains
et les sujets devenant des écrivains de soi, nous révèlent
des individus pénétrés par la souffrance expérimentant les
facultés de l’écriture. L’écriture, medium de la souffrance,
leur permet de rechercher une forme esthétique pour transformer
la vie en œuvre d’art, pour accéder au statut de sujet au
sein d’un cadre social et historique instituant leur subjectivité
dans une nouvelle distance à soi et à la souffrance, sollicitant
une recherche de sens pour resignifier la relation avec eux-mêmes,
les autres et le monde.
Nous allons solliciter et proposer une lecture sociologique
et anthropologique de l’ensemble des études proposés au sein
du numéro monographique, privilégiant une analyse de la matrice
du discours social structurant la conscience individuelle
et collective. Les schématismes figuratifs des écritures de
soi [1], les régimes diurnes
et nocturnes structurant l’imaginaire et le soubassement mythique
d’une période historique et d’une société donnée, vont nous
permettre de découvrir le destin d’une société dans les courants
mythologiques participant au processus de transformation de
l’imaginaire en place. Le rapprochement du mythique à une
sociologie de la littérature ébauche une relation épistémologique
d’élucidation (Brigitte Munier, 2001), étalant le procédé
de remythisation vécu par notre civilisation (Gilbert Durand,
1964, p. 123) dans la survivance des mythes et de l’imaginaire,
éléments constitutifs de l’homo sapiens. Le mythe étant inaliénable
est une chance pour l’esprit de l’humanité, autrement aliénée
à l’espérance (Gilbert Durand, 1964), et incarne les espoirs
d’une société éveillée à elle-même et à sa souffrance.
Le désir pour l’écriture de soi, la poétique de soi révélée
par les écrivains et les personnes ordinaires faisant l’objet
des contributions publiées, nous interroge et questionne une
esthétique décloisonnant la coupure technè / poïésis analysée
par Roger Bastide (Roger Bastide, 1965, p. 252) et réexaminé
avec Michel Maffesoli (Michel Maffesoli, 1996, p.38) en tant
que manifestation d’une rationalisation transcendante dépossédée
de sa puissance, la création. Pénétrer le fond symbolique
et mythique d’un discours ouvert sur un ensemble hétérogène
de souffrances sociales [2],
animé d’instances individuelles et collectives et façonné
par les structures socioculturelles organisatrices du régime
multiforme de l’angoisse de la condition de l’humain (Gilbert
Durand, 1960), nous convie à approfondir l’expérience esthétique
de l’écriture de soi. La production d’une œuvre d’art (Georges
Gusdorf, 1990), faire devenir sa vie une œuvre d’art, prélude
d’un acte de création esthétique convoquant une auto conscience
réflexive, révèle une nouvelle éthique de l’esthétique (Michel
Maffesoli, 1990) dans les manifestations poétiques de soi,
les narrations et les écritures de soi devenant l’expression
d’une poétique postmoderne conciliant les souffrances humaines.
1. Apollon Calliope Érato: transcendance et immanence
de l’intimité des êtres au monde
Apollon, dieu de la musique et de la poésie, de l’éloquence
et de la médecine, des augures et des arts, exilé du ciel
et condamné à vivre sur la terre, préside aux concerts des
neuf Muse, chargé par Zeus de répandre la lumière dans l’univers.
Apollon, prototype de tous les héros (Gilbert Durand, 1960,
p. 181) par son attitude héroïque vis-à-vis du mal, incarne
le désir de transcendance, figure mythique des puissances
ouraniennes (Gilbert Durand, 1960, p. 167), et la faculté
de la lumière suprême, le soleil ascendant ou levant symbole
d’élévation. L’euphémisation du mal (Gilbert Durand, 1960,
p. 167), structurée par le régime diurne de l’imaginaire,
soutient une logique antithétique avançant par séparation
et écart des valeurs négatifs de l’existence et de la condition
humaine, et élévation dans les valeurs positifs, étayant le
règne de la transparence pour évincer l’angoisse des ténèbres.
Une quête de transcendance avançant par logiques de séparation
et exclusion est mitoyenne d’une immanence accueillant l’intimité
des êtres, itinéraire renouvelant la transcendance (Gilbert
Durand, 1996, p. 225) dans le désir d’une nouvelle présence
à soi même et au monde par la poétique de soi. Les Muses Calliope
et Érato, filles de Zeus et de Mnémosyne, figures de la poésie
héroïque et de la grande éloquence, présidant à la poésie
lyrique et anacréontique, représentent la poésie épique et
l’activité poétique et chorale, la célébration de l’ordre
communautaire et la présence de la communauté. Le mythique,
désignant la sacralité de l’espace et du temps au profit de
la collectivité, pénètre la poétique contemporaine consacrée
à dramatiser l’expérience de l’individu moderne (Anne Mounic,
2000, p. 6), soutenant une nouvelle quête de transcendance
par l’éveil de la conscience individuelle. La mission du mythe
et de la poésie vont rétablir une énergie anthropologique
du symbolique, la reconduction du sensible, le figuré en tant
que signifiant de l’indicible, au signifié (Gilbert Durand,
1996, p. 11): une transcendance vers l’invisible et l’ailleurs
(Maurice Merleau-Ponty, 1964). La poétique annonce un renouveau
mythique, une esthétique préludant à une conscience anthropologique
de l’intimité des êtres incarnant l’éveil de la société à
elle-même, un éveil sociétal [3]
à la manifestation du tragique humain.
Gabriela Tanase (Jean Bodel, 1167-1210); Antoinette
Gimaret (Etienne Pasquier, 1529-1615); Christoph Grob (Charles
Baudelaire, 1821-1867); Agathe Brun (Oscar Wilde, 1854-1900);
Barbara Jovino (Hans Henny Jahnn, 1894-1959); Dominique Casimiro
(Pablo Neruda, 1904-1973); Marie-Camille Tomasi (Henry Bauchau,
1913)
Le jeu du hasard, figure de la destinée humaine, nous situe
face au destin dépouillé de la présence de dieu, la recherche
du salut étant soumise aux hasards de la destinée humaine
(Christine Jacob-Hugon, 1998). Gabriela Tanase dans son étude
de Jean Bodel (1167-1210), considère le témoignage d’une souffrance
morale générée par la condition physique de l’écrivain atteint
par la lèpre. La souffrance, une douleur accablée par l’abjection
éprouvée dans l’atteinte du corps, est une épreuve et une
espérance de joie dans l’attente de la résurrection. Faire
l’expérience de l’abjection, témoignage de l’humilité devant
dieu, caractérise une écriture anhélant au salut de l’esprit.
Questionnant ce désir de transcendance dans l’écriture poétique
et la perspective ironique du poète envers lui-même, la conscience
de la destinée humaine découle de la soumission au jeu du
hasard nous orientant à examiner l’éveil d’une conscience
anthropologique du tragique humain.
L’écriture épistolaire de la souffrance manifeste l’éloignement
du discours de soi religieux et pieux pour accéder à l’intimité
de soi. Antoinette Gimaret dans son étude d’Etienne Pasquier
(1529-1615), analyse le genre épistolaire étayant l’introspection
et l’exploration de l’intimité. Examinant la souffrance comme
centre de l’exploration de l’écriture de soi, l’écrivain parvient
à une conscience éveillée par l’expérience de la souffrance
découlant de l’individu et de son histoire. L’apprentissage
de la souffrance par la narration de la maladie et des souffrances
du corps, valorise une expérience et un savoir personnel.
L’écrivain ne parvient pas à l’écriture sollicité par une
pensée et une conscience anticipée de son existence, il accède
à une conscience de soi inédite faisant l’expérience de l’écriture
de soi. La transcendance dans les valeurs et dans la morale
du sujet est remplacée par l’expérience produisant un savoir
et une sagesse, constituant une conscience de la condition
naturelle du vivant dans la reconnaissance de la fragilité
humaine soumise à la destinée du hasard et à notre condition
humaine.
L’intimité des êtres devenant œuvre d’art nous révèle l’expérience
de la souffrance et de la douleur humaine transfigurant notre
relation avec nous-mêmes et le monde. L’expérience créatrice
de l’écriture de soi et la dramatisation de notre existence
sollicitent un langage poétique inédit pour exprimer les valeurs
universaux qui nous traversent, confiant l’intimité des êtres
à une conscience renouvelée. Il s’agit d’un parcours d’éclaircissement
que nous pouvons esquisser dans les études de cette première
section.
Christoph Grob dans son étude de Charles Baudelaire (1821-1867),
examinant l’écriture poétique et la transformation du monde
et de la douleur, nous aide à saisir l’intimité en tant qu’œuvre
d’art: la transformation en œuvre d’art par l’esthétique de
soi. L’écriture traversée par le monde, par la nature et la
douleur, transforme la vie en œuvre d’art, nourrissant un
espace d’espérance contentant la présence traumatique du réel.
Agathe Brun dans son étude d’Oscar Wilde (1854-1900), analyse
l’écriture de l’écrivain se reconstruisant en tant qu’homme
et artiste dans l’expérience de la souffrance et de la douleur:
l’expérience de la prison et de l’exclusion sociale de l’écrivain.
Une écriture devenant quête de l’écrivain lui-même, se ressource
dans la souffrance engendrant un nouvel écrivain, un artiste
transfiguré par la connaissance et la compréhension de la
vie dans la souffrance.
Barbara Jovino dans son étude d’Hans Henny Jahnn (1894-1959)
observe un élan analogue, la recherche intérieure de l’intimité
de l’être, du corps sensible et de la totalité de l’expérience
de la souffrance. La souffrance c’est la douleur de faire
l’expérience de la condition humaine et mortelle de notre
corps biologique, des limites du corps, désignant un processus
subjectif de relations: le rapport du corps avec la vie et
la mort, avec le monde. L’expérience créatrice de l’écriture
de soi se révèle dans la dramatisation et la sublimation de
soi, forme d’assimilation de la douleur dévoilée par un mouvement
circulaire reliant transcendance et immanence de soi, parvenant
à une conscience inédite de notre relation avec nous-mêmes,
les autres et le monde.
Dominique Casimiro dans son étude de Pablo Neruda (1904-1973)
nous permet de revenir sur la souffrance comme facteur de
création. Les souffrances infligées par l’exil, souffrances
atroces et mort lente, caractérisent la voix poématique de
l’écrivain étayant une souffrance insoutenable. L’écrivain
se déshumanise dans une expérience nous renvoyant un sujet
devenu errant et sans repères, reconquérant par la création
d’une voix et d’une langue poétiques nouvelles des valeurs
universaux.
Marie-Camille Tomasi dans son étude d’Henry Bauchau (1913)
reprend le thème de la souffrance, présentée en tant qu’expérience
suprême et tremplin pour une sublimation esthétique de soi
par une mise au monde scripturale. Focalisant une écriture
vouée à explorer et exploser, devenant autre dans la découverte
d’une altérité régénératrice, nous accompagne dans l’examen
du statut d’une parole et d’une écriture profondément symboliques.
La recherche et la réunification des deux pôles égarés du
symbolon éclaté, retrouve cette herméneutique instaurative
(Gilbert Durand, 1964, p. 110) des signifiés vécus dont il
est chargé toute manifestation humaine. L’image symbolique
étant radicalement sémantique n’est pas dissocié de sa signification,
de son contenu et de son message (Gilbert Durand, 1960, p.
457), envisageant ainsi une syntaxe poétique récusant l’éloignement
et la dissimulation à la conscience de sa signification.
La découverte d’une altérité régénératrice de significations,
engendrée par l’expérience de la souffrance, souligne ce changement
d’état d’esprit impliquant un retour sur nous-mêmes, évoquant
la métanoïa de l’expérience religieuse de la conversion (Marie
Bastin, 2003): un changement de pensée et un repentir avec
mutation (Michele Pellegrino, 1956, p.9-10). Une définition
sociologique du la notion de métanoïa, découvrant le sentiment
des rites de la communauté pour transcender les clôtures mentales
dans les états d’âmes [4],
nous permet de postuler un décloisonnement de ces mêmes clôtures
par la descente dans l’intimité des êtres. Une conversion
découlant de la reconnaissance du besoin anthropologique (Gilbert
Durand, 1996, p. 64) de nous découvrir dans le mouvement de
l’existence dans le monde, transforme les consciences éveillées
et convoquées par les valeurs et les signifiés vécus par les
femmes et les hommes.
2. Cronos Hadès Athéna: mélancolie sociale et recherche
du sens de l’existence
Cronos le Temps, le dieu qui dévore ses enfants, le Temps
vorace consumant les années qui s’écoulent, dieu du temps
néfaste (Gilbert Durand, 1960, p. 354), est la figure double
du thème de la mort et de l’aventure temporelle et périlleuse
(Gilbert Durand, 1960, p. 96) de la destinée humaine. Hadès,
dieu des Enfers, maître du royaume des morts avec sa peau
de loup par vêtement (Gilbert Durand, 1960, p. 96), représente
les visages du temps révélés par les symboles thériomorphes
de l’animalité, le symbolisme se rattachant à l’animalité,
l’animé inquiétant et terrifiant. Athéna, Zeus lui avait accordé
plusieurs de ses prérogatives suprêmes, est la déesse de la
sagesse, de la guerre, des sciences et des arts. Déesse armée,
figure du régime diurne de l’imaginaire, un imaginaire armé
et pourvu des techniques de contrôle ayant pour objet la vie
et le vivant, préfigure avec son bouclier l’ambivalence des
enveloppes protectrices séparant de l’extérieur et inclines
aux visions de l’intimité (Gilbert Durand, 1960, p. 189).
Athéna mélancolique, appuyée sur sa lance dans une attitude
rêveuse, décèle l’union synthétique et dramatique intégrant
les valeurs positives et négatives de la condition humaine.
L’angoisse existentielle devant les visages du temps devient
disposition mélancolique, volonté d’union et vocation à l’intimité
des êtres. La volonté du régime nocturne nous rend des poètes,
éclairant un état d’esprit mélancolique et poétique (Marcel
Proust, 1993), cet esprit poétique proche du faire poïétique
de Paul Valéry (Paul Valéry, 1937) caractérisant les œuvres
de l’esprit pénétrées par la souffrance. L’esprit poétique
devient acte créateur, poïésis, acte génératif pour soutenir
la fatigue de l’être à l’ombre du tragique. La fiction qui
soigne par la poïésis de l’écriture de soi et de l’imagination
étaye ce moi incapable de retrouver soi même, déployant une
stratégie manifestant le besoin d’une conscience postmoderne
appelée à l’éveil de la conscience individuelle. Les malaises
de l’individu sollicitent une écriture autobiographique post
analytique (Serge Doubrovsky, 1977) en mesure de faire l’expérience
d’un espace générateur d’une auto conscience reliant la syntaxe
du moi et de l’inconscient individuel et collectif. L’intériorité
êtres, devenant cet espace au sein duquel vont pouvoir dialoguer
conscience et auto conscience (Duccio Demetrio, 2000), convoque
une auto conscience assumant le rôle de medium aux dimensions
profondes du ça anthropologique (Gilbert Durand, 1995, p.
135), l’inconscient collectif émergeant au niveau de la conscience
de l’humanité.
Pascale Fautrier (Nathalie Sarraute, 1900-1999); Martine
Schnell (Christa Wolf, 1929 et Serge Doubrovshy, 1928); Camille
Renard (Serge Doubrovshy, 1928); Maria Luisa Scaramella (Maura
Lopes Cançado, 1929); Lucienne J. Serrano (Simone et André
Schwarts-Bart, 1938); Corinne Godmer (Danielle Collobert,
1940-1978); Eftihia Mihelakis (Annie Ernaux, 1940)
Les contributions de Pascale Fautrier et son étude de Nathalie
Sarraute (1900-1999), celle de Martine Schnell et son étude
de Christa Wolf (1929) et Serge Doubrovshy (1928), ce dernier
faisant l’objet de l’article de Camille Renard, nous accompagnent
dans l’exploration de l’écriture autofictionnelle comme réponse
à la mélancolie et aux inquiétudes existentielles du sujet.
L’article de Pascale Fautrier analyse l’écriture de Nathalie
Sarraute étalant et dévoilant les multiples voix de soi. L’écriture
étaye les projets existentiels et les identités multiples
pour les rassembler sans pour autant pouvoir les unifier.
L’écriture comme médium de la souffrance et acte thérapeutique,
dans l’article de Martine Schnell et Camille Renard, interroge
l’écriture de soi en tant qu’écriture post analytique (Serge
Doubrovsky, 1979, p. 77). L’autofiction littéraire, support
d’un nouveau rapport de l’individu avec lui-même, est élaboration
consciente d’une écriture de l’inconscient en mesure de faire
l’expérience d’un espace générateur d’une nouvelle auto conscience.
Maria Luisa Scaramella dans son étude de Maura Lopes Cançado
(1929), analyse l’écriture de soi en tant que forme de résistance
à l’exclusion sociale, l’exclusion du corps individuel en
souffrance psychique: une écriture devenant écriture et désir
de liens avec le corps social. La mélancolie, source secrète
de l’écriture contraignant au silence et à l’écoute du silence
(Wanda Tommasi, 2004), est créativité poétique au creux de
la modernité. La névrose de l’individu contemporain, au sein
d’une structuration sociale de type individuel, demeure dans
l’incomplétude de pouvoir se retrouver et se relier à une
communauté (Stéphane Hampartzoumian, 2004). La mélancolie
individuelle devient ainsi ferment de l’effervescence collective
revivifiant périodiquement la vie sociale, étant aussi ferment
de l’écriture dans le sentiment d’incomplétude de soi. Il
s’agit d’une nouvelle donnée anthropologique (Michel Maffesoli,
1979), rupture ou séparation douloureuse, constituant la femme
et l’homme postmoderne par le trait marquant de la mélancolie
(Pierre Le Quéau, 2007, p. 144): une humanité consumé par
le désir de socialité et de lien social.
Lucienne J. Serrano dans son étude de Simone et André Schwarts-Bart
(1938), par l’examen d’une écriture ouverte au champ de l’infini,
les infinies modulations de la vie, nous montre un sujet n’étant
pas figée et pouvant ainsi naviguer en dehors de tout destin.
Le médium du langage n’arrivant pas à déceler et appréhender
pleinement les inquiétudes et la souffrance de notre existence
et de notre condition humaine, révèle cette impuissance sémiologique
devenant quête de sens à l’encontre de l’infini. Corinne Godmer
dans son étude de Danielle Collobert (1940-1978), remarque
le thème de la vision dans la poétique de soi nous permettant
d’envisager cette quête de soi à l’encontre de l’infini soumise
au caractère visuel de l’écriture: la verticalisation dominante
à laquelle se subordonne la vision (Gilbert Durand, 1960,
p. 139).
Les visages de Cronos, le Temps comme condition tragique de
l’humanité, entretiennent cette posture diaïrétique polarisant
les valeurs de la vie et de la mort autour d’antinomies puissantes.
L’écriture de soi, éprouvant toutefois l’intime expérience
de la souffrance, transforme les images du temps. Le récit
autobiographique parvient au régime nocturne (Gilbert Durand,
1961) métamorphosant les archétypes de la peur et de l’angoisse
tout en gardant le destin des choses (Gilbert Durand, 1960,
p. 232-233). Le sujet incapable de se saisir pleinement, fait
l’expérience du manque et de l’absence de supports et liens
communautaires, à l’encontre d’une transcendance infinie (Gilbert
Durand, 1964, p. 127) convoquant l’individu à s’auto constituer
pour faire l’expérience d’une syntaxe découvrant des présences
sémantiques transpersonnelles et transculturelles.
Eftihia Mihelakis dans son étude d’Annie Ernaux (1940), analysant
l’écriture de soi en tant que désir du lien entre l’individuel
et le collectif, nous permet d’envisager et retrouver la tâche
moderne de la poétique de soi dans la réactivation du lien
entre macrocosme et microcosme (Anne Mounic, 2000, p. 197)
par l’individuation du sujet au sein du cosmos. La quête initiatique
(Georges Bertin, 1997, 2006), formation au mystère religieux
et spirituel, devenant quête de soi, découvre le sens ultime
de cette quête dans la révélation des vérités subjectives
des femmes et des hommes dans le monde.
3. Prométhée Pandore Épiméthée: l’expérience de la
vie et de la tragédie humaine
Prométhée, dieu ingénieux et créateur procurant le feu aux
hommes, symbolise la révolte du héros diurne archétype mythique
de la liberté de l’esprit (Gilbert Durand, 1960, p. 179).
Pandore, crée par le vouloir de Zeus souhaitant se venger
de Prométhée, avait été chargée de remettre une boîte bien
close à ce dernier, une jarre mystérieuse contenant tout les
maux de l’humanité. Epiméthée, le frère de Prométhée, héros
décadent et figure mythique illustrant la tragédie humaine
(Pierre Le Quéau, 2007, p. 10), accepte le don de Pandore
se soumettant à la nécessité du mal pour accueillir la vie,
animé par des motivations moins élevées que celles de son
frère et par le désir de vivre, de faire l’expérience de la
vie.
Yassin Karim Ben Khamsa (Rachid Boudkedra, 1941);
Lucia C. Antonazzo (Zeynep Avci Karabey, 1947); Madjid Touzouirt
(Erri De Luca, 1950); Sabah Sellah (Hervé Guibert, 1955-1991);
Benamar Nadjat et Benamar Mohamed Abdellatif (Azouz Begag,
1957); Yue Yue (A Lai, 1959); Benali Souâd (Amélie Nothomb,
1967)
L’art du feu volé par Prométhée avec le savoir technique,
octroie aux hommes la possession du savoir qui concerne la
vie et le savoir politique. La parole, enjeux politique, et
l’écriture des femmes, modifiant le monopole du discours des
hommes, fait l’objet des contributions de Yassin Karim Ben
Khamsa avec son étude de Rachid Boudkedra (1941), et Lucia
C. Antonazzo avec son étude de Zeynep Avci Karabey (1947).
L’écriture n’étant pas une prérogative des hommes devient
pratique intellectuelle et découverte du monde par les femmes,
découverte d’une vie autre dans la rencontre du destin des
femmes avec l’histoire, renouant leur filiation avec le passé
et les autres femmes. Les personnages féminins sont investi
d’une mission, parcourir l’histoire de leur pays dans une
écriture et une parole au féminin. L’autonomie des sujets
questionne ainsi le monopole de la parole légitime (Cornelius
Castoriadis, 1990, p.150), la mise en récit de notre histoire
est avant tout prise de parole, enjeu politique désignant
les aboutissements de l’exercice de la parole humaine sur
la vie par l’ébranlement du monopole du significat valide
(Cornelius Castoriadis, 1990, p.150). Remettre ainsi en question
toute forme de monothéisme, de croyance de la légitimité (Max
Weber, 1922), fondée sur le triple monopole de violence-parole-signifié,
souscrit le droit d’une citoyenneté nouvelle, d’une ouverture
contemporaine à d’autres conceptions et conditions de notre
être dans le monde.
Les différences de genre s’estompent au sein d’une société
redoutant et exécrant intégralement le discours de soi en
tant que menace de l’ordre établit. L’exile de l’écriture
de soi aux lieux secrets des pratiques intimes ritualisés
ayant été révoqué, les écritures de soi devenant un phénomène
sociologique et anthropologique, la parole individuelle et
collective (Philippe Gasparini, 2004) parvient à étayer une
écriture romanesque et autobiographique. La traduction de
l’expérience personnelle de l’écrivain s’ouvre au registre
du langage romanesque, transforme le héros du texte en symbole
et métaphore, conviant le lecteur de l’œuvre à partager le
destin tragique du héros. L’universalité de l’œuvre convoque
le lecteur à témoin d’une souffrance à la fois intime et collective.
Le devenir d’une écriture de soi individuelle et collective
au sein du roman autobiographique, fait l’objet de la contribution
de Madjid Touzouirt dans son étude d’Erri De Luca (1950).
Le romanesque, abri et refuge de l’écrivain, il est analysé
par Sabah Sellah dans son étude d’Hervé Guibert (1955-1991),
envisageant l’écriture de soi entre autobiographique et fiction
comme récit de contingence, de la vie elle-même. L’écriture,
vécue en tant que modalité de réalisation d’un désir, étaye
un écrivain et sa condition de malade terminale parvenant
à se réconcilier avec un corps qu’il ne maîtrise pas. L’espoir
de transformer le soi souffrant en un soi triomphant, soutient
la métaphore du voyage pour échapper à la souffrance, nourrissant
un désir de renaissance. Le personnage-narrateur-auteur accomplit
un trajet aboutissant à l’intégration entre l’individu et
la société, la réconciliation avec un monde au départ hostile.
Benamar Nadjat et Benamar Mohamed Abdellatif avec leur étude
d’Azouz Begag (1957), prolongent une analyse du roman de formation
et d’apprentissage, envisageant ces formes romanesque de l’écriture
au sein de l’analogie du topo de l’apprentissage et évoquant
une force créatrice. L’écriture représente une force créatrice
essentielle et existentielle, acte littéraire des Beurs pour
cette étude, acte politique et identitaire. Yue Yue dans son
étude d’A Lai (1959), une œuvre romanesque et poétique de
la vie humiliée et courageuse des tibétains, évoque une situation
sociale particulièrement difficile à vivre. L’analyse d’une
souffrance intime et une écriture du présent, un quotidien
matériellement misérable devenant source d’une richesse morale,
étaye un individu pouvant se former par les valeurs d’un peuple.
Benali Souâd dans son étude d’Amélie Nothomb (1967) nous permet
de considérer une écriture atténuant les souffrances et déployant
cette identité romanesque entre l’écrivain, le héros et le
narrateur.
La parole romanesque, la recherche de sens dans l’histoire
devient recherche de sens dans la conscience de l’intimité
de l’être. Le sens du tragique oriente une conscience de la
fatalité et par la figure du héros-protagoniste romanesque,
rêvant et luttant pour une réalité idéale, traduit dans l’écriture
l’expérience humaine transformée en conscience de l’aventure
humaine. L’enchaînement du mécanisme mythique dans l’histoire
et la littérature (Victor-Laurent Tremblay, 1989), déploie
une vision cosmocentrique à la recherche du sens d’une société
se révélant dans la conscience et le langage. Le romanesque
surgit dans cette intériorité lyrique quittant le régime diurne
de l’imaginaire pour s’enfoncer dans la nuit des cœurs (Gilbert
Durand, 1961, p. 234), dans l’intimité des êtres.
4. Mnémosyne Maïa Hermès: du discours de soi au discours
de l’autre
Mnémosyne, personnification de la mémoire, déesse de la mythologie
grecque, fille de Gaia et Huranos, a générée avec Zeus les
neufs Muses de l’Olympe, cantatrices divines présidant la
pensée dans toutes ses expressions. Mnémosyne image de la
conscience, mère de l’historicité et de la méditation, savoir
ancestral et compréhension des significations profondes de
la vie et de l’existence, représente les racines archétypiques
de l’âme dans l’histoire clinique (James Hillman, 1983), sollicitant
la méditation de soi dans une perspective thérapeutique et
réparatrice. La traduction de la douleur du sujet par l’écriture
de soi, appréhendée en tant que support aux malaises et aux
souffrances sociales et existentielles, nécessite d’une maïeutique
pour se prendre soin de soi. Créer et enfanter des connaissances,
une maïeutique issue de la figure mythique de Maïa, aînée
des Pléiades et personnalisation féminine du principe créateur.
Maïa est aussi la mère d’Hermès, messager des dieux et accompagnateur
des âmes, liaison entre l’humanité et le monde infernal, divinité
proche des mortels. Le mythe d’Hermès (Gilbert Durand, 1992,
p. 351), traduction temporelle de la synthèse des contraires,
révèle un mouvement de transition dans l’union d’éléments
séparés assumant le risque de la descente dans le tragique
humain.
Olivier Berger (récits de guerre, 1870-1871); Aude
Delsescaux (la Shoah et les mémoriaux en Allemagne et en France
depuis 1945); Karim Chibout et Martial Martin (blogs et forums
de discussion en ligne utilisés par des sujets souffrants
d’une maladie); Nicola Ghezzani (la méthode autobiographique
en tant que thérapie du soi); Lionel Rebout et Maria Cecilia
Averame (les écritures de soi en prison); Lucia Portis (les
ateliers d’écriture de soi et les migrants)
Les écritures de la mémoire et du témoignage étudiées par
Olivier Berger, les récits de guerre autour des crimes pendant
l’occupation de la France par les Allemandes en 1870-1871,
et Aude Delsescaux, la Shoah et les mémoriaux en Allemagne
et en France depuis 1945, nous présentent une souffrance structurant
les récits de soi. Les témoignages en tant qu’écritures universelles
pour narrer la souffrance des guerres et des génocides, deviennent
des écritures témoignage exorcisant le mal et pourvoyant le
pouvoir de réparer le vivant. La fonction réparatrice de l’écriture
(Stefano Ferrari, 1994, 2003) évoque l’exigence de protection
pour élaborer des traumas et le sentiment de l’angoisse, de
la peur et de la douleur. Le processus de réparation soutient
la dynamique interne au processus d’écriture par le redoublement
d’un moi passif, endurant l’expérience traumatique, et un
moi actif, élaborant et vérifiant le trauma par le processus
de symbolisation de l’expérience. La fonction réparatrice
de l’écriture, l’écriture relevant du devenir psychique d’un
trauma (Jean-François Chiantaretto, 1998), se caractérise
ainsi par son action de témoignage et de support au trauma.
Karim Chibout et Martial Martin, dans leur étude des écritures
de soi sur internet, blogs et forums de discussion en ligne
utilisés par des sujets souffrants d’une maladie, vont nous
montrer un processus de résistance. Disséminant et partageant
des émotions positives sur les supports du web, les individus
façonnent une forme de résistance par immunisation affective,
la mise à distance de la dimension émotionnelle, soutenant
une recherche d’informations et la co-construction d’un savoir
parallèle au savoir savant et scientifique. Le souci de soin
s’enracine dans la gestion individuelle de la maladie et de
la souffrance, faisant l’expérience d’une rupture dans le
discours narratif du sujet. Ce processus de résistance ne
témoigne l’exigence de se détourner d’un mouvement de fermeture
en eux-mêmes? Le discours de l’autre devient ainsi élément
de médiation dans la recherche de soin (Orazio Maria Valastro,
2008), interrogeant cette forme de résistance en tant que
manifestation d’un désir de s’éduquer par l’écoute de l’autre.
Nicola Ghezzani dans son étude de la méthode autobiographique
en tant que thérapie de soi, nous aide à saisir la production
d’un discours, la narration d’une histoire pour soi, questionnant
l’instance de liberté des sujets. Par la maîtrise des émotions
et de l’histoire biologique et sociale de notre vie, le sujet
se découvre pour retrouver une histoire et un discours de
soi. Lionel Rebout et Maria Cecilia Averame dans leur étude
sur l’écriture en prison, vont examiner l’écriture de soi
et son pouvoir thérapeutique dans le domaine des pratiques
pédagogiques et la formation des adultes. L’activité autoréflexive
pour recomposer la trame de l’existence, retrouvant un discours
de soi dans la condition extrême du sujet éloigné du corps
social, est envisagée dans l’activité de l’écriture en groupe.
L’expérience des ateliers d’écriture de soi sont des pratiques
soutenant le dialogue entre l’individu et la société, le sujet
ne pouvant pas se reconstruire, se repenser et s’ordonner
en tant que parcours individuel. Le contexte carcéral nous
permet de saisir les carences et les problématiques d’un système
social, manifestant la nécessité des communautés de gérer
et prendre en charge ces problématiques réactivant le dialogue
entre les individus et la société.
Lucia Portis et sa contributions autour des pratiques de la
narration et de l’écriture de soi, nous permet de considérer
la portée de la rencontre de l’histoire de soi et de l’autre.
L’écriture migrante (Simon Harel, 2005) comme énonciation
du trauma postmoderne, le trajet dramatique d’un voyage qui
donne sens au parcours des êtres (Simon Harel, Mathieu-Alexandre
Jacques, 2003), sollicite une conscience de l’être réunifiant
le monde extérieur et intérieur. Les citoyens italiens et
étrangers faisant l’expérience de la lecture de l’autre, vont
pouvoir se confronter avec ce voyage métaphorique à l’intérieur
de nous-mêmes s’approchant du monde intérieur la découverte
de l’existence de l’autre et de l’altérité. Cette réunification
avec les mondes de la différence et de l’altérité, en passant
par la réunification des mondes intérieurs et extérieurs,
accompagne notre dernière réflexion pour considérer l’élan
à la transcendance de soi par une écriture étant aussi activité
de soutient pour se prendre soin de soi, finalisée à la réhabilitation
et l’affranchissement de la personne en souffrance.
Les courants mythologiques s’abreuvant aux profondeurs du
ça, de l’inconscient collectif, nous révèlent avec la figure
d’Hermès un discours du soi rapproché du mouvement de l’inversion
pour toucher le fond des choses. La descente dans l’intimité
des êtres poursuivant la relation avec l’autre, nécessite
d’assumer le risque de la descente dans le tragique humain.
L’etre en devenir soutenant le courage d’une conversion, d’une
transformation des consciences dans la rencontre avec l’autre
(Orazio Maria Valastro, 2009), étaye une conscience transformative
pouvant accueillir et reconnaître l’altérité par le dévoilement
d’une humanité étant elle-même altérité. L’écriture de soi,
envisagée comme un centre orienté vers l’avenir nous permet
d’observer un discours du sujet ne reproduisant pas l’élimination
du discours de l’autre. L’autonomie du sujet dans la création
auto poïétique de soi elle n’est pas oubli de l’autre, elle
est instauration d’un autre rapport entre le discours de l’autre
et le discours du sujet (Corneluis Castoriadis, 1975, p. 143).
Avec la figure d’Hermès le sujet est pénétré par le discours
de l’autre, participant à une vérité qui le dépasse dans l’inscription
de la vie et du monde dans l’écriture de soi en souffrance.
Notes
1] Orazio Maria Valastro,
«Schématismes figuratifs dans les écritures de soi», École
Doctorale Espaces, temps et civilisations, IRSA CRI (Institut
de Recherche Sociologiques et Anthropologiques Centre de Recherches
sur l’Imaginaire), Département de Sociologie, Université Paul
Valéry-Montpellier III, 28 mai 2009.
2] Orazio Maria Valastro,
«Désirs d’instituances, désirs de reliances», Socialité Postmoderne,
CEAQ Centre d'Etude sur l’Actuel et le Quotidien, Université
Paris Descartes Sorbonne, 19-20 juin 2008, Paris.
3] Michel Maffesoli, Savoir
gérer le mal, CEAQ (Centre d’Etudes sur l’Actuel et le Quotidien),
Sorbonne, Paris Disponible sur: www.ceaq-sorbonne.org.
4] Patrick Tacussel, «Métanoïa:
la conversion postmoderne des valeurs», Socialité Postmoderne,
CEAQ Centre d'Etude sur l’Actuel et le Quotidien, Université
Paris Descartes Sorbonne, 19-20 juin 2008, Paris.
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