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M@gm@ vol.5 n.3 Luglio-Settembre 2007
LA CLINIQUE PARAPSYCHOLOGIQUE
Evrard Renaud
evrardrenaud@yahoo.fr
Psychologue clinicien; Après des études classiques à
l'Université Louis Pasteur de Strasbourg, il oriente ses recherches vers la
clinique des expériences exceptionnelles; Membre du Groupe Etudiants de
l'Institut Métapsychique International depuis 2004, et étudiant affilié à la
Parapsychological Association depuis 2007, il a participé à la création du
Service d'Orientation et de Soutien des Personnes Sensibles aux Expériences
Exceptionnelles (SOS-PSEE).
I.
Les centres de clinique parapsychologique
Définie simplement, la parapsychologie clinique est la discipline qui adopte une approche clinique avec les personnes qui pensent vivre des phénomènes parapsychologiques. Il s’agit souvent de cliniciens qui intègrent les données des recherches parapsychologiques dans leurs réflexions, et qui mènent souvent des recherches de diagnostic différentiel par rapport à la population hétérogène qui vient les consulter. Souvent, ils ne se présentent pas comme «parapsychologues» et il n’y a rien de «parapsychologique» dans leur mode opératoire thérapeutique. Mais ce signifiant suffit à lui seul à attirer tous les fantasmes, de la fascination au rejet.
Une telle pratique se retrouve généralement aux alentours
de centres de recherche en parapsychologie, et elle se formalise
dans le monde entier depuis une vingtaine d’années. Ainsi,
il existe pas moins de deux centres de consultation parapsychologique
à Freiburg, une ville allemande réputée pour être un «locus
occultus» (Sellner, 1986) où se multiplie les offres psychothérapiques
les plus variées: le Service de consultation parapsychologique
dirigé par Walter von Lucadou, reconnu d’utilité publique
et financé par le gouvernement allemand depuis 1991 [1],
et le département de conseil et d’information de l’Institut
pour les zones frontières de la psychologie et l’hygiène mentale
(IGPP), produit d’une recherche universitaire (1995-2000)
menée par la psychiatre Martina Belz-Merk et le psychologue
Eberhard Bauer [2]. Ces
deux services sont proposés gratuitement au public. Aux Pays-Bas,
un Service de consultation parapsychologique officie depuis
20 ans sous la direction de Wim Kramer, aux abords de l’ancienne
chaire de parapsychologie expérimentale de l’Université d’Utrecht.
Même chose en Ecosse autour de la chaire de Parapsychologie
de l’Université d’Edimbourgh financée par un legs d’Arthur
Koestler. Il en existe également sur le continent américain,
en particulier à Buenos Aires, en Argentine, avec l’activité
de l’Institut de Psychologie Paranormale dirigé par Alejandro
Parra. Ce tour d’horizon nous ramène également en France où
l’Institut Métapsychique International, fondation reconnue
d’utilité publique depuis 1919, structure sa tradition d’accueil
et de soutien avec l’ouverture en juin 2007 d’un Service d’Orientation
et de Soutien des Personnes Sensibles aux Expériences Exceptionnelles.
Le fait qu’une clinique soit rattachée à la recherche parapsychologique pourrait étonner. La représentation courante de la parapsychologie ne fait pas la distinction entre le praticien du paranormal, la personne qui pense avoir des pouvoirs «psi» et le chercheur diplômé qui est affilié à la Parapsychological Association, regroupement de trois cents scientifiques reconnu par l’American Association for Advancement of Science (AAAS) depuis 1969. Lorsque nous utiliserons le terme de «parapsychologues», nous nous réfèrerons uniquement à ces derniers. Les résultats obtenus par ceux-ci restent mal connus, car ils sont souvent publiés dans des revues académiques anglophones et restent donc disponibles uniquement pour des spécialistes ou pour un public faisant un effort de curiosité.
En s’appuyant sur ces recherches, les praticiens de la parapsychologie clinique ne cherchent pas à importer une preuve de la réalité des phénomènes paranormaux pour en convaincre les patients, pas plus qu’ils ne font appel aux patients pour tester des théories parapsychologiques ou pour développer de supposées facultés psi. La parapsychologie leur apporte une meilleure connaissance des distinctions à faire entre les phénomènes qui ne sont qu’apparemment paranormaux et les véritables anomalies, des méthodologies d’enquête, des modèles théoriques posant des limites aux phénomènes, mais aussi une bienveillance à l’égard d’expériences spontanées qui ne correspondent pas aux modèles actuellement en place.
L’apport de la psychologie clinique se situe principalement au niveau des méthodes d’entretien visant à l’intégration des traumatismes et à la régulation des émotions, à l’exploration des conflits intra- et interpsychiques ayant pu être sources de ces expériences, à la déontologie et aux tests psychotechniques permettant d’affiner le diagnostic et le traitement. Le croisement de la parapsychologie et de la clinique s’inscrit dans une visée de «dépathologisation» et de «démythologisation» de ces expériences (Mischo J., 1996), dans l’optique d’une prise en charge adaptée aux problèmes particuliers des personnes vivant des expériences exceptionnelles. Les principaux soucis identifiés étant en effet que ces expériences sont parfois vécues négativement, et que la personne qui les vit subit fréquemment une «seconde victimisation» dans ses tentatives pour en parler à ses proches ou à des praticiens compétents. Les cadres nosologiques classiques ont tendance à surévaluer la nocivité de ces expériences, les prenant comme des symptômes de troubles psychotiques, reproduisant en cela l’attitude de la société vis-à-vis d’une étrangeté cohabitant mal avec une tradition de rationalisme. D’autres fois, ces expériences réactivent un réseau de croyances non élucidées qui conduisent à fréquenter le «milieu du paranormal». En somme, les personnes vivant des expériences exceptionnelles ont souvent l’impression d’avoir à choisir entre le psychiatre qui médicamentera leur folie et les praticiens du paranormal qui pourront souvent apporter des explications plus valorisantes narcissiquement, mais avec des risques de dérives sectaires, d’arnaques ou d’aggravation de la souffrance psychique.
Se posant en tant qu’alternative, la parapsychologie clinique s’ouvre à une contre-culture rémanente dans nos sociétés post-modernes, tout en appliquant les données scientifiques actuelles. A sa façon, elle participe à une subversion du modèle occidental qui, bien qu’apparemment supérieur aux autres sur de nombreux points, est le seul à n’avoir pas su proposer un interface culturel acceptant les phénomènes dits paranormaux.
II. Eléments socio-historiques
Si on se demande pourquoi on entend si peu parler des avancées de la parapsychologie, certains se demandent à l’inverse pourquoi cette question fait encore retour. Un jugement scientifique définitif n’a-t-il pas été posé depuis longtemps sur les phénomènes étudiés par les parapsychologues? Ne peut-on pas décréter qu’il n’y a pas de maisons hantées, pas de télépathie, pas de psychokinèse, que les guérisons spirituelles doivent beaucoup au placebo et les OVNIs à la science-fiction?
En réalité, toutes ces questions sont toujours au centre des
réflexions de nombreux chercheurs. Mais depuis les controverses
autour du magnétisme animal et de la lucidité obtenue en état
de « somnambulisme artificiel » au XVIIIe et XIXe siècles,
ces questions sont rejetées aux portes de la science et n’ont
donc de cesse de se glisser par la fenêtre. A travers une
histoire habilement retracée par le philosophe et sociologue
Bertrand Méheust [3], on
voit comment deux siècles d’opposition entre scientifiques
ont contribué à fonder des sciences marginales comme la parapsychologie.
La question de la place de la parapsychologie n’est pourtant
pas résolue par le seul fait de la classer aujourd’hui dans
les pseudosciences [4].
Elle s’imbrique dans le paysage scientifique international,
et des vulgarisations plus ou moins contrôlées de ses recherches
trouvent leurs publics [5].
Admise ou mise au ban de la science, elle se trame toujours
dans un imaginaire occidental dont elle constitue la part
négative, celle du païen animiste.
Pour le clinicien, les phénomènes parapsychologiques reprennent
toute leur vivacité en psychopathologie. Une règle pourrait
presque être édictée: lorsqu’une idée est marginalisée en
science, elle refait surface dans la clinique, soit par le
biais du mimétisme des demandes hystériques, soit en venant
alimenter les délires psychotiques. Nous illustrerons ces
deux destins de l’idée marginale. Mais prenons tout d’abord
un exemple : celui de la «psychose collective des soucoupes
volantes» décrite par Georges Heuyer, psychiatre à l'Infirmerie
spéciale de la Préfecture de Police de Paris, lors d’une communication
à l’Académie de Médecine en 1954 [6].
«Venue on ne sait d’où, vers 1953, d’une illusion ou d’une
interprétation fausse, développée par les moyens immenses
de diffusion que fournissent la presse et la T.S.F., elle
se développa dans le monde entier, suscitant des témoignages
burlesques et abracadabrants ; entraînant chez les simples
d’esprit la conviction d’un espionnage et peut-être bientôt
de l’agression des Martiens, elle fut la cause de peurs irraisonnées.
Un chasseur tira sur son voisin qu’il prenait pour un envahisseur
interplanétaire. A cette occasion, devant mes élèves, je m’étonnais
de ne pas avoir encore vu de malade délirant sur les nouvelles
apparitions. Deux jours après, entrait dans le service un
garçon de 15 ans, schizophrène, qui délirait sur les soucoupes
volantes et les Martiens. Il les avait vus, il les dessinait,
il les représentait avec de la pâte à modeler : le Martien
destructeur était un monstre effrayant qui lançait des rayons
verts sortant des yeux et de la poitrine» [7].
Heuyer fait le lien entre des idées marginales diffusées dans la culture et les idées délirantes adoptées par ses malades. Le scandale des soucoupes volantes provient alors d’une tension entre deux corpus, celui défendu par la science officielle et celui constitué par des enquêteurs qui formeront rapidement une organisation scientifique frontalière, l’ufologie. Mais ce scandale, en laissant place au rêve au sein d’un univers scientifique cloîtré, constitue le point d’accroche par lequel des souffrances psychiques vont se modeler.
Ce fait n’est pas nouveau pour les ethnopsychiatres qui ont
pu le constater dans les pratiques de sorcellerie d’autres
cultures. En ces lieux, mythes et croyances dans le pouvoir
du sorcier jouent un rôle dans le fonctionnement psychosocial
en permettant de recourir au déplacement des désordres psychiques
du segment idiosyncrasique au segment ethnique de l’inconscient.
L’ethnopsychiatrie de G. Devereux [8]
nous apprend également que: «L’individu traumatisé peut chercher
à échapper à ses difficultés par un usage abusif de matériaux
culturels qui, non déformés, ne se prêtent pas à une utilisation
symptomatique ou encore en isolant certains traits culturels
irrationnels qui peuvent servir à des fins symptomatiques
sans distorsion préalable.»
Cet abus de culture passe par une névrose expérientielle [9]:
l’ensorcelé ne sera pas fou parce qu’il partage les croyances
de son milieu, il le sera parce que dans son cas particulier,
et seulement dans son cas, cette croyance se transforme, pour
ses propres raisons psychodynamiques, en une expérience subjective
encore que culturellement structurée, restituant la croyance
partagée sur le mode hallucinatoire. On arrive à ce symptôme
par une mutation, un surinvestissement d’une croyance courante
qui la transforme en expérience subjective, ce qui permet
à ce sujet d’être antisocial d’une manière socialement approuvée
et même prestigieuse; et lui permet également «de se débarrasser
de nombre de problèmes subjectifs divers au moyen d’un seul
et unique complexe de symptômes» [10].
Parfois, le désordre se met en place parce qu’il est utile
: l’ensorcelé peut être un «fou par procuration», au nom et
pour le compte des «autres», dans la mesure où sa folie leur
permet de conserver un semblant d’équilibre psychologique.
La sorcellerie, comme les phénomènes parapsychologiques, font
partie de ces traits culturels reflétant l’auto-désaveu de
la société [11]: ils peuvent
donc être utilisés comme symptômes sans qu’il soit nécessaire
de leur faire subir une distorsion préalable, et c’est pourquoi
l’on peut trouver des patterns de déroulement d’une crise
de sorcellerie [12] comme
d’une expérience paranormale (tel le «poltergeist» de l’adolescent
perturbé dans la littérature parapsychologique [13]).
L’imprégnation du culturel sur le psychopathologique devrait
également fonctionner chez nous. Mais pour se rendre compte
de la place du parapsychologique dans notre culture, un certain
aveuglement a demeuré dans les démarches anthropologiques
du XXe siècle. Il a fallu attendre les études «ethnométapsychiques»
de l’italien Ernesto de Martino pour qu’un lien explicite
soit fait entre la magie des cultures primitives et certaines
traditions de nos sociétés, par exemple en Italie du Sud [14].
De Martino mit en évidence que les phénomènes parapsychologiques
n’avaient jamais quitté notre espace culturel: ils s’y fondaient
seulement, se mélangeant aux sociétés et à leurs marges. D’une
certaine façon, ils participaient à la fabrication du psychisme
[15] de chaque époque,
matérialisant localement des faisceaux de croyances. Mais
si les phénomènes parapsychologiques ont trouvé des moyens
de fonctionner en synergie dans les autres cultures, c’est
sur le mode d’un clivage qu’ils viennent refléter notre société
techno-scientifique actuelle. D’un côté, il y a un rationalisme
apparent et une méfiance des institutions envers le domaine
parapsychologique, et de l’autre des statistiques qui révèlent
l’énorme proportion de personnes croyant aux phénomènes paranormaux
(en particulier dans les milieux universitaires!) et de personnes
vivant au moins une fois dans leur vie une expérience exceptionnelle
(deux personnes sur trois selon l’étude de Bauer & Schetsche,
2003).
Les traces que les phénomènes paranormaux ont laissées dans nos sociétés expliquent un peu plus la position de la clinique parapsychologique: elle est sur la ligne de faille entre l’imaginaire et le scientifique, à une place intermédiaire, tentant d’échapper aux dérives de la crédulité comme aux excès du scepticisme. Elle limite les chocs entre les ontologies en se focalisant sur une visée thérapeutique, tout en reposant la question d’un réel plastique, culturellement structuré. Examinons maintenant deux exemples de clinique parapsychologique.
III. Exemples cliniques
Robert est un homme de 53 ans qui envoie un courrier à l’Institut Métapsychique International de Paris pour qu’on examine les phénomènes qu’il vit. Pour lui, cela n’a rien de paranormal puisqu’il le vit au quotidien. Il fustige donc cette démarche scientifique qui a déjà refusé à deux reprises de le soumettre à des tests. Quelle bêtise alors que Robert est capable à volonté d’obtenir des réponses lucides ou prémonitoires à n’importe quelle question simplement en consultant un dictionnaire! Cela lui a pris une première fois par jeu : il s’est posé mentalement une question, a ouvert le dictionnaire au hasard, et a posé son doigt sur un mot. La réponse lui sembla à la fois étonnante et cohérente. A la question: «Qu’est-ce qu’est Dieu?», la réponse fut «daimon», c’est-à-dire à la fois «dieu» et «démon» en grec. «Qu’est-ce qu’un médium? – Un volcan». A ce petit jeu, on finit forcément par tomber sur des associations absurdes, mais Robert arrive toujours à apprécier les métaphores que le dictionnaire lui donne : si un médium est un volcan, c’est parce qu’il fait jaillir du monde souterrain des messages brûlants.
Progressivement, Robert en arrive à penser qu’il s’agit d’un phénomène paranormal scientifiquement inexplicable, puis, très vite, qu’il communique directement avec Dieu. Robert se forge alors une conception de Dieu qui supplante toutes les autres, et qui supplante même son athéisme initial. Dieu édicte un ensemble de règles dans la communication, comme le fait qu’il est interdit de demander plusieurs fois la même chose ou de poser des questions immorales. Robert souhaite maintenant «éduquer» les autres personnes à sa communication divine.
Nous aurons deux échanges téléphoniques à bâtons rompus. Cela commence par une question de vocabulaire pour laquelle Robert montre des traits psychotiques: il est nécessaire pour lui que le langage fonctionne comme un code, partagé entre tous les interlocuteurs, à commencer par la définition de paranormal qui ne lui convient pas. Il montre un rapport au langage propre à la psychose en suggérant une rupture de la chaîne signifiante, entraînant de surcroît une dissolution du lien de la signification intentionnelle à l’appareil signifiant qui se manifeste par une saisissante relation d’extériorité du sujet au signifiant, représentée ici par le recours au dictionnaire divinatoire.
Devant le flux de coïncidences rapportées par Robert, je lui accordai que le phénomène était réel et «interpellatif», même s’il pouvait s’expliquer de plusieurs manières. Il est fréquent dans la clinique parapsychologique d’essayer dans un premier temps de relancer la réflexion du patient, en sollicitant sa propre rationalité face à un éventail d’hypothèses normales et paranormales. Ainsi, je comparais sa pratique avec une mancie, c’est-à-dire une pratique divinatoire, et plus particulièrement avec les pratiques du spiritisme comme le Oui-ja, l’écriture automatique ou le déplacement de verre en groupe. Dans ces séances spirites, l’automatisme psychologique se mêle aux effets de groupe (dilution de la responsabilité, résistance à l’idée d’être soi-même l’auteur des phénomènes, étudiées par le psychologue Ken Batcheldor, 1979), et à de possibles effets paranormaux. Les spirites ont obtenus par ces moyens des messages plus ou moins cohérents, parfois coïncidant avec des faits inconnus des participants. Ils ont aussi édicté un ensemble de règles structurant la communication avec les différents esprits de l’Au-delà. Mais mon analogie déplut fortement à Robert qui se raillait de ces pratiques désuètes, complexes et terriblement lentes, alors que le dictionnaire lui semblait le canal le plus direct pour communiquer avec Dieu.
Effectivement, le recours au dictionnaire peut être caractérisé
comme une pratique divinatoire, mais son apparition spontanée,
hors de tout contexte social, la différencie des autres. Comme
de nombreux auteurs l’ont mis en avant, certaines pratiques
occultes peuvent constituer des dangers pour la santé mentale
selon la manière dont elles sont pratiquées [16].
Le danger n’est pas systématique, et il n’y a pas de raison
a priori de s’affoler, par exemple, d’un groupe d’adolescents
utilisant ponctuellement une planche de Oui-ja. Mais dans
le cas de Robert, on peut voir comment des coïncidences significatives
et une pratique isolée du tissu social et mythico-rituel a
conduit à un délire mégalomaniaque à thème mystique. Néanmoins,
si ce n’est la revendication qu’il adresse aux scientifiques,
Robert ne semble pas extrêmement nocif pour autrui et pour
lui-même. Le dictionnaire assure une médiation entre lui et
Dieu, qu’il appelle «le paradoxe», car malgré cette communication,
il reste un être humain normal et apaisé. En termes de psychanalyse
lacanienne, le montage réalisé par Robert est une forme de
suppléance à la constitution de la psychose, un moyen de parer
à la jouissance du grand Autre, ou tout du moins de la temporiser
[17], en consultant le
code fixé du dictionnaire (d’ailleurs, toujours le même malgré
les nouvelles éditions) quand survient l’angoissante question:
«Que me veut l’autre?». Au final, devant mon refus de mener
des expériences avec lui, Robert a d’abord consulté le dictionnaire,
a rappelé, puis, comme je lui redonnais les raisons de mon
refus, il n’a plus souhaité faire la démonstration de son
expérience à des parapsychologues. Malgré l’échec dans la
réorientation de Robert vers une psychothérapie, j’ai pu lui
accordé une écoute débarrassée de préjugés, tentant de déplacer
le problème de la réalité des phénomènes – qui ne me semblaient
pas impossibles – au problème d’une personnalité conflictuelle
souffrant peut-être de troubles psychiques déclenchés par
le contexte isolé et interpellatif de son expérience.
Dans le cadre d’une recherche clinique, j’ai rencontré à deux
reprises Samantha qui disait vivre dans une maison hantée
[18]. Samantha est une
femme de plus de trente ans, mère de trois enfants bien adaptée
socialement. Elle ne revendique aucun phénomène qui lui soit
directement échu. Mais, depuis ses 7 ans, elle vit des événements
paranormaux. D’abord, ce fut des sensations de présence et
des bruits étranges s’étant présentés fréquemment, et même
entendus par d’autres membres de sa famille : pas dans l’escalier,
vacarme au grenier. Dans l’épisode du grenier, son père tenait
le rôle courageux de celui qui montait voir, et qui revenait
bredouille, les phénomènes se reproduisant dès qu’il était
redescendu.
A 12 ans, de sa chambre, elle entend une porte grincer, puis la porte de l’armoire de la chambre de ses parents qui grince également. Elle se lève et trouve le contenu de l’armoire complètement déversé sur le sol. Or, elle apprend que personne dans la maison n’est venu récemment dans cette chambre. Puis, plus rien de 12 à 17 ans, un grand passage à vide sur lequel elle ne met que peu de mots. De l’enfance agitée et révoltée qu’elle s’attribue (même si elle avouera avoir eu un rôle maternel précoce en s’occupant de son petit frère de deux ans et demi plus jeune), elle dit être passée à une adolescence très gentille, soumise à son environnement. A 17 ans, le choc: sans vraiment prévenir, elle arrête le lycée et s’installe avec son copain qui deviendra son mari. Les parents digèrent mal, les phénomènes de bruits recommencent dans son nouvel appartement. Elle parle également d’une apparition d’une ombre une nuit, ayant la silhouette d’un homme (plus tard elle précisera que la silhouette ressemblait énormément à celle de son mari, qui dormait à ce moment-là à côté d’elle), et de sensation de poids sur son lit. D’autres phénomènes la pousseront à se poser la question: «Qu’est-ce qu’ils veulent me dire?».
Les phénomènes suivirent Samantha dans les quatre maisons où elle habita (survenant surtout quand elle est seule). Samantha a maintenant la trentaine passée, et depuis deux ans et la naissance du troisième bébé, les phénomènes ont repris. Bruits en journée ou en pleine nuit («Ce sont des pigeons» explique-t-elle à ses enfants), et également caresses sur les joues (une nuit), apparition plus longue et plus intense d’un homme s’approchant d’elle et disparaissant «parce qu’elle avait peur»; réveil en pleine nuit et perception d’un visage sans traits qui souriait.
Dans le domaine des phénomènes «positifs», Samantha revendique une drôle de chance : au moins à deux reprises, alors qu’elle accusait de graves soucis financiers, elle passa devant des distributeurs qui lui donnèrent de l’argent sans être actionnés manuellement ! Elle n’a jamais tenté de pratiquer de guérison psi, ni de voyance, ni d’utiliser de quelque façon consciente des facultés qu’elle n’a pas la prétention de détenir. Ses expériences de type «poltergeist» sont les seules revendiquées par Samantha. Elles sont intervenues hors de toute prise de drogue ou de médicaments. Elle se dit d’ailleurs «plutôt normale», et met la distance avec les événements grâce à une thèse spirite forgée au contact d’un magnétiseur conseillé par une amie. Elle comprend le «fantôme» (mot employé une seule fois et avec des pincettes, plus souvent elle dit «il» ou «ça» très prudemment) comme un être très malheureux qui attend quelque chose d’elle.
Cela l’a poussé à mener des recherches historiques, accompagné par son mari incrédule. Leur appartement actuel serait construit sur un cimetière de pauvres du Moyen-Âge. Dans un de leur ancien logement, on raconte qu’une dame s’est suicidée. Cela semble être des éléments en faveur de son hypothèse «contact avec l’au-delà». Cette idée n’est pas vécue comme nocive en soi, malgré quelques inquiétudes quant aux intentions de l’entité par rapport à ses enfants. Samantha ne souhaite pas se débarrasser de son fantôme, parce qu’il vient prendre une place («C’est une partie de moi»), avec une demande la chargeant d’une fonction encore à découvrir. Elle craint de perdre tout le positif qui va avec, et révèle y faire parfois appel pour certaines choses. Je lui donne la formulation: «Comme une sorte d’ange gardien?», qu’elle accepte très bien mais qu’elle craignait visiblement d’utiliser.
Elle vit avec son fantôme une sorte de relation imaginaire passant par des discussions «dans sa tête» desquelles elle parle peu, récréant là une intimité merveilleuse similaire à ces cas de «compagnonnage imaginaire» que l’on rencontre avec les amis invisibles des enfants. Alors que nous retrouvons ici le même questionnement sur le désir de l’Autre, la réponse donnée ici diffère. Mélange d’inquiétude et de fascination érotisée, les phénomènes sont vécus avec une grande ambivalence.
A ma question: «Si vos enfants remarquaient les phénomènes, qu’allez-vous leur expliquer?», elle répondit qu’elle en discuterait ouvertement avec eux, leur expliquant les préceptes du spiritisme, mais en disant très sereinement que son expérience est finalement banale, que d’autres personnes lui ont rapporté les mêmes témoignages et qu’il fallait vivre avec. Elle envisage même qu’une filiation héréditaire est en place: sa fille de 13 ans «le verra aussi». C’est la seule à avoir perçu également des choses, même un homme dans le jardin qu’elle signala à son entourage mais que personne ne vit.
Nous trouvons dans cette histoire un profil exemplaire de «personne hantée»: loin d’impliquer un délire dissocié, il s’agit plutôt d’un mode de fonctionnement psychique comparé par W.v. Lucadou (1997) à du psychosomatique en circuit externe. Les phénomènes qu’elle énumère s’intègrent souvent très bien à son histoire en ce qu’ils viennent souligner ou surligner des passages importants et traumatiques, mais qui ne m’ont été restitués que de façon subliminale, comme si les phénomènes servaient aussi d’effaceurs de cette parole. De même qu’avec les patients psychosomatiques, la parole n’est pas ici la voie d’expression privilégiée pour les conflits psychiques. Mais nous n’assistons pas non plus à des déplacements somatiques: en fait, c’est l’environnement qui joue chez Samantha le rôle de porte-parole. A cela s’associe un discours d’énumération des phénomènes sans référence subjective ou contextuelle, ce que le clinicien perçoit comme un manque de réflexivité. La personne hantée fonctionne fréquemment sur ce mode de la dissociation, projetant sur l’entité la responsabilité des phénomènes et cherchant par tous les moyens à privilégier les thèses expliquant la hantise de façon externaliste. Que l’on adhère ou pas à la réalité des phénomènes, le travail va consister à renouer ceux-ci avec des éprouvés subjectifs et des significations en suspens. Le clinicien ne vas pas s’épandre en interprétations, mais va instruire une démarche visant à faire coexister les phénomènes, les conflits intrapsychiques et les influences de l’environnement, comme un ensemble dynamique créateur de signification.
Avec Samantha, trop peu d’éléments avaient été réunis pour
reconstituer l’histoire des événements. On peut seulement
constater que la hantise est devenue partie de sa vie, et
que son inscription dans une théorie spirite ne tournait pas
non plus à la conviction délirante, comme chez Robert. Nul
besoin dès lors de limer ses interprétations pour délimiter
son espace imaginaire. Elle fut seulement renvoyée vers des
ouvrages discutant du point de vue parapsychologique afin
qu’elle puisse avancer dans sa compréhension des événements.
D’un point de vue diagnostic, malgré la place du double qui
influence sa vie, il ne faut pas écarter l’hypothèse d’une
hystérie qui s’emparerait d’un modèle véhiculé par la culture
[19]. Ce modèle est à
la fois désavoué et encouragé par nos médias. Ne pouvons-nous
pas assimiler Samantha et Allison Dubois, l’héroïne de la
série Médium, mère de famille normale et accessoirement en
contact avec un autre monde? L’expérience investie par Samantha
lui permet d’être antisociale d’une manière socialement approuvée
et même prestigieuse. Ces événements pimentent sa vie et renforcent
son narcissisme. Comme l’indique Devereux, c’est une forme
de névrose qui permet au sujet de se débarrasser de nombre
de problèmes subjectifs au moyen d’un seul et unique complexe
de symptômes, puisé dans des matériaux culturels.
IV. Perspectives
La clinique parapsychologique peut être vue comme une spécialisation de la psychologie, concurrençant quelque peu les envolées de la psychologie transpersonnelle. Mais son souci de neutralité et son institutionnalisation en cours lui donnent une carrure différente. Qu’on ne se leurre pas sur la part de construction de cette entreprise: avant que les parapsychologues s’en mêlent, la population des personnes vivant des expériences exceptionnelles n’existait pas à proprement parler. Ces cliniciens participent donc à sa nouvelle visibilité, construisant sous nos yeux les profils de ceux qu’on appelle – déjà dans le cadre des Expériences de Mort Imminente – des expérienceurs. Ce sont aussi ces cliniciens qui lancent les études sociales sur différentes catégories de population qu’on amalgame trop souvent:
Il y a d’une part les croyants au paranormal, dont la croyance est évaluée par un test psychologique et est rapprochée – selon les courants – d’un traumatisme infantile (Irwin 1993), d’un trouble cognitif (Brugger et al. 1993; Lange & Houran 1998) ou d’un désordre dû à l’influence de champs magnétiques sur le cerveau (Persinger).
- Il y a ensuite les adeptes de telle ou telle pratique paranormale, que décrivent des enquêtes sociologiques.
- Il y a les personnes qui vivent des expériences exceptionnelles et qui consultent des parapsychologues cliniciens.
- Bauer et Schetsche (2003) ont évalué que deux personnes
sur trois disent avoir vécu au moins une fois dans leur vie
une expérience perçue comme «magique» ou «surnaturelle», confirmant
en cela les sondages européens (Palmer 1979; Haraldsson 1985;
Greeley, 1991). Il y a donc une grande part de la population
que ces expériences ne perturbent pas au point de chercher
de l’aide, ou qui ne tombe pas sur un parapsychologue clinicien,
mais entre soit dans le circuit médico-psychologique traditionnel,
soit dans ce que Tobie Nathan renomme le «paganisme thérapeutique»
[20].
Nous passerons sur les études sur la croyance au paranormal
et sur les données sur les adeptes de pratiques occultes.
En effet, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ces
travaux n’aident pas vraiment à comprendre comment travailler
avec les personnes vivant des expériences exceptionnelles.
Les données obtenues par le système de documentation DOKU
mis au point par l’équipe de cliniciens-chercheurs de l’IGPP
montrent en effet que les gens qui consultent n’ont pas vraiment
un profil prédéfini: cela va de l’avocat au plombier, de l’évangéliste
à l’athée, du médecin à son patient, etc. Dans la conclusion
du rapport final de leur recherche [21],
l’équipe de l’IGPP dirigée par la psychiatre Martina Bela-Merk
infirme l’assimilation des personnes vivant des expériences
exceptionnelles avec la description des personnes ayant un
système de croyance paranormale. Sur plus de mille clients
conseillés, les données recueillies par le système de documentation
DOKU ne vérifient pas les hypothèses de la marginalité sociale
(avancées par Bainbridge 1978 ; Wuthnow 1976), du déficit
cognitif (proposée par Alcock 1981), de l’image du monde ésotérico-spirituel
et de l’hypothèse psychopathologique (toutes deux testées
par Zusne et Jones, 1982) des personnes vivant des expériences
exceptionnelles.
C’est une perspective importante que de posséder enfin une
documentation de base, respectant les standards du domaine
psychothérapique, qui permet d’enregistrer systématiquement
les données sociodémographiques, anamnestiques et spécifiques
à la phénoménologie des personnes vivant des expériences exceptionnelles.
Il est dorénavant possible d’évaluer statistiquement tout
un panel d’idées plus ou moins reçues sur ces expériences.
Le système DOKU a été modifié et optimisé de nombreuses fois,
mais il peut constituer dorénavant l’outil essentiel de recherche
en clinique parapsychologique, applicable dans plusieurs pays
lors de chaque consultation avec l’accord des personnes concernées
[22].
Selon les premières données de l’IGPP, les personnes vivant des expériences exceptionnelles ont un besoin de consultation élevé, 66% ayant été troublées par leur expérience. Si 70% des personnes ont d’abord pris d’autres avis, 64% admettent qu’ils cherchaient une offre comme celle de l’IGPP. Une autre statistique importante est le taux d’association entre expérience exceptionnelle et désordre psychique: les cliniciens de l’IGPP ne constatent des désordres psychiques que dans 50% des cas, et avec une grande variabilité suivant la phénoménologie rapportée. Cela justifie leur souci d’éviter toute pathologisation prématurée et injustifiée. Selon Walter von Lucadou, deux premiers éléments diagnostics caractérisent les personnes vivant des expériences exceptionnelles: 1) celles-ci se font du souci pour leur santé psychique et ne croient pas que tous les autres sont fous, contrairement à des psychotiques pris dans une conviction délirante; 2) ces personnes ne réagissent pas à un traitement médicamenteux, d’après les résultats obtenus par Vernon Neppe (1993). Les études futures en clinique différentielle permettront de mieux comprendre les mécanismes qui font qu’une expérience exceptionnelle peut devenir un poids ou un enrichissement.
Du 31 mai au 2 juin a eu lieu à Naarden, aux Pays-Bas, le premier symposium international de parapsychologie clinique, organisé par Wim Kramer & Eberhard Bauer, réunissant vingt praticiens de 9 pays différents. Ils se sont rendus compte des nombreux principes thérapeutiques communs découverts dans leurs pratiques indépendantes. Le parapsychologue clinicien doit faire preuve d’ouverture envers les expériences exceptionnelles, il doit avoir une connaissance experte des phénomènes rapportés, être sérieux dans sa démarcation avec des pratiques charlatanesques, assurer un soutien psychologique également à l’environnement. Ces points communs incitent ces chercheurs à publier les actes du symposium sous la forme d’un manuel du «parapsychologue clinicien», et à militer pour la reconnaissance d’une nouvelle voie professionnelle, conçue comme une spécialisation incluant une formation à la parapsychologie accessible aux praticiens de la santé mentale diplômés. C’est déjà ce que met en place l’IGPP depuis 2003 avec des séminaires de formation professionnelle dispensés deux fois par an et reconnus par l’Ordre des psychologues allemand. La perspective d’une professionnalisation internationale est-elle réalisable?
Il est vrai que, s’ils sont plusieurs à s’intéresser à la
clinique parapsychologique, les diversités des écoles psychothérapeutiques
ne poussent pas encore à l’unité. Les conseillers de l’IGPP
adoptent une approche plutôt comportementaliste (inspiré par
les travaux de K.Grawe, 1988), avec une ouverture sur le transpersonnel
comme chez N. Kohls (2004). L’argentin Alejandro Parra opte
pour une optique humaniste théorisée par Carl Rogers, avec
en plus des séances de groupe de 2h hebdomadaires pendant
20 semaines. Ces groupes réunissent des personnes partageant
les mêmes problématiques et facilite le traitement de la part
socio-culturelle du trouble (Gómez Montanelli, D.E., & Parra.
A., 2004). Les américains adoptent des approches très variées,
soit pleinement transpersonnelle comme chez Rhéa White ou
Stanislas Grof, ou intensément scientifique et descriptive
comme dans l’anthologie publiée par l’American Psychological
Association en 2000, Varieties of Anomalous Experience. Djohar
Si Ahmed, docteur en psychologie, membre du comité directeur
de l’Institut Métapsychique International, seule française
invitée au symposium, défend quant à elle une approche psychanalytique
avec des ouvertures vers d’autres formes thérapeutiques (hypnose,
respiration holotropique, thérapies en groupe, P.N.L.) [23]
. La voie semble encore ouverte à une appropriation du domaine
par tel ou tel courant, même si cet état de fait montre également
que la question de la clinique parapsychologique déborde toute tentative
réductionniste.
NOTES
1] www.parapsychologische-beratungsstelle.de,
service rattaché à la WGFP (Société Scientifique pour la Promotion
de la Parapsychologie).
2] www.igpp.de/english/counsel/info.htm.
3] Méheust, B. (1999), Somnambulisme
et médiumnité, Paris: Les Empêcheurs de penser en rond, 2
tomes.
4] Mousseau M.-C. (2000),
Science, recherche sur le paranormal et croyances irrationnelles:
quel est le lien?, Thèse soutenue à l’Université de Dublin,
publiée dans m@gm@ vol.3 n.2, avril/juin 2005.
5] La référence étant actuellement
le livre de Dean Radin, La conscience invisible, publié aux
Presses du Châtelet en 2000, et aux éditions «J’ai Lu» en
2006.
6] Heuyer G., Note sur les
psychoses collectives, Bull. de l’Acad. Nat. Méd., n°s 29
et 30, 1954, p.487.
7] Heuyer G., Psychoses collectives
et suicides collectifs, Paris: PUF, 1973, p.40.
8] Je tente dans le passage
suivant de lier une partie des idées de l’ouvrage de Devereux
G., Essai d’ethnopsychiatrie générale, N.R.F., Gallimard,
Paris, 1970, et je cite la page 13.
9] Comme pour le chaman,
Devereux G., op.cit. p.25.
10] Devereux G.,
op.cit., p.52.
11] «Ces matériaux étant
foncièrement irrationnels, ils s’articulent aisément avec
des modes de penser et de sentir qui relèvent du processus
primaire (Freud) et de la pensée pré-logique (Lévy-Bruhl)»,
G. Devreux, op.cit., p.32.
12] Cf. Favret-Saada J.,
Les mots, la mort, les sorts, Paris : Gallimard, 1977.
13] Evrard R., Approches
psychologiques de la personne hantée, mémoire de maîtrise
à l’Université Louis Pasteur de Strasbourg, 2005, non publié.
14] De Martino E., Italie
du Sud et Magie, et: Le monde magique (postface de S. Mancini),
Paris: Les Empêcheurs de Penser en Rond, 1999.
15] L’héritière de la pensée
démartinienne, Siliva Mancini, a récemment dirigé un ouvrage
portant ce titre: La fabrication du psychisme, Paris : La
Découverte, 2006.
16] Desoille H. (1929),
«La pratique des sciences occultes peut-elle conduire au déséquilibre
mental?», Revue métapsychique, Juil-Août 1929. Bender, H.
Mediumistische Psychosen. Ein Beitrag zur Pathologie spiritistischer
Praktiken, Zeitschrift für Parapsychologie und Grenzgebiete
der Psychologie, 2, 173-201, 1958.
17] Maleval J.-C., La forclusion
du Nom-du-Père, Paris: Seuil, coll. «Champ freudien», 2000,
p.20.
18] J’ai déjà présenté ce
cas dans mon mémoire: Evrard R., 2005, op.cit., 72-76.
19] On peut noter que l’hypothèse
d’une névrose a pu être vérifié chez plusieurs médiums, cf.
Spriet, G. (2006).
20] Par paganisme, Tobie
Nathan entend: «cette espèce de polythéisme thérapeutique
spontané de tous les patients du monde, qui n’hésitent jamais
à enjamber les prétendues oppositions métaphysiques entre
«naturel» et «surnaturel», entre «rationnel» et «irrationnel»
et s’engagent successivement, parfois même concurremment,
dans une démarche auprès d’un psychiatre, d’un psychothérapeute,
mais aussi d’une voyante, d’un guérisseur, d’une église charismatique
», in Nathan T., Nous ne sommes pas seuls au monde, Paris:
Seuil/Les Empêcheurs de Penser en Rond, 2001, p.35.
21] Belz-Merk M. (2002).
Beratung und Hilfe für Menschen mit Außergewöhnlichen Erfahrungen,
Rapport final, IGPP.
22] Un premier panel de
858 cas est examiné dans Belz-Merk M. & Fach W., Beratung
und Hilfe für Menschen mit Außergewöhnlichen Erfahrungen,
Psychother Psychosom Med Psychol, mai 2005, 55 (5): 256-65.
23] Une thèse en cours à
l’Université Lyon 2, menée par l’allocataire de recherche
Thomas Rabeyron, déploie un abord psychanalytique de ces questions
tout en s’ouvrant à leur dimension cognitive. Rabeyron, T.
(2006).
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